Le monde devrait compter 8 milliards d’humains d’ici novembre de cette année
Selon les Nations unies, le monde devrait compter 8 milliards d’habitants d’ici au 15 novembre de cette année. Et l’Inde deviendra le pays le plus peuplé de la planète en 2023.
Ce sont là quelques-unes des dernières projections publiées par l’ONU dans son rapport “World Population Prospects” (lien plus bas), qui souligne également le déclin rapide de la croissance de la population mondiale, désormais à son rythme le plus lent depuis 1950, qui se poursuivra dans la seconde moitié du siècle.
Selon John Wilmoth, directeur de la division de la population du département des affaires économiques et sociales des Nations unies :
L’effet cumulatif de la baisse de la fécondité, s’il se maintient sur plusieurs décennies, pourrait se traduire par un ralentissement plus important de la croissance démographique mondiale dans la seconde moitié du siècle.
Les Nations unies prévoient que la population mondiale pourrait atteindre 8,5 milliards d’habitants d’ici à la fin de la décennie, 9,7 milliards d’ici à 2050 et un pic de 10,4 milliards d’ici à la fin du siècle. Cela représente une réduction d’environ 300 millions de personnes en 2100 par rapport à ses estimations d’il y a 3 ans.
Ce chiffre reste supérieur aux autres projections de ces dernières années, qui suggèrent que la population mondiale pourrait atteindre son maximum avant la fin du siècle.
Une recherche de l’Université de Washington, aux États-Unis, publiée en 2020, prévoyait que la population mondiale atteindrait un pic d’environ 9,73 milliards en 2064, observant que l’augmentation de l’éducation des femmes et l’accès à la contraception verraient une baisse de la fécondité et de la croissance démographique.
Ce rapport faisait suite à celui du Centre commun de recherche de la Commission européenne en 2018 qui prévoyait un pic de 9,8 milliards d’habitants entre 2070 et 2080, mais suggérait également qu’un développement social rapide et l’accès à l’éducation conformément aux objectifs de développement durable pourraient entraîner un pic de 8,9 milliards d’habitants d’ici 2060.
La raison de ces différentes projections tient aux hypothèses que les chercheurs formulent en cours de route.
Pour le professeur associé Gour Dasvarma, de l’université Flinders (Australie), au niveau le plus élémentaire, une projection démographique tient compte des tendances des taux de natalité et de mortalité, il ajoute :
Les projections sont réalisées en extrapolant les tendances passées, les tendances sur le long terme en matière de fécondité, de mortalité et de migration pour la population d’un pays. Pour la population mondiale, la migration n’a pas d’importance. Les projections sont révisées au fur et à mesure que de nouvelles données sont disponibles.
Les dernières prévisions de l’ONU indiquent que la population mondiale atteindra un pic de 10,4 milliards d’habitants en 2100, puis commencera à décliner.
À ce moment-là, les tendances indiquent que la fécondité dans la plupart des pays du monde aura baissé à un niveau suffisamment bas, que le vieillissement de la population s’installera et que la soi-disant dynamique de la croissance démographique ralentira.
Quelles sont les tendances démographiques dans le monde ?
Les nations passent par des cycles de croissance, de stabilité et de déclin démographique au fur et à mesure du développement de leurs économies. À partir de périodes de stabilité avec des taux de natalité et de mortalité élevés, les populations augmentent à mesure que la mortalité diminue.
Au fil du temps, les taux de fécondité commencent à baisser, entraînant une stabilisation des chiffres de la population. Ce n’est que lorsque les taux de mortalité dépassent les taux de natalité que les populations commencent à diminuer naturellement. Pour des nations comme celles d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Australie et de Nouvelle-Zélande, cette transition démographique s’est achevée entre l’ère préindustrielle et le milieu du 20e siècle, soit une période d’environ 200 ans.
A partir du rapport : taille de la population mondiale et taux de croissance annuel : estimations, 1950-2022, et scénario moyen avec intervalles de prédiction à 95 %, 2022-2050. (UN)
Toujours selon Dasvarma :
Mais après 1950, certains pays en développement comme la Chine, d’autres parties de l’Asie du Sud-Est et aussi l’Amérique latine l’ont réalisée en 70 ans grâce à l’augmentation des contraceptifs et à la baisse plus rapide de la fécondité.
Avec les projections d’augmentation de l’espérance de vie, les nations du Sud continueront à voir leur population faire de même.
Bien que plus de la moitié de la population mondiale vive en Asie de l’Est et du Sud-Est (29 % de la population mondiale), en Asie centrale et en Asie du Sud (26 %), l’ONU prévoit que ces régions, ainsi que l’Amérique latine, les Caraïbes, l’Europe et l’Amérique du Nord, commenceront à décliner avant la fin du siècle.
En revanche, les pays d’Afrique subsaharienne devraient continuer à croître jusqu’en 2100, tandis qu’au cours du prochain quart de siècle, plus de la moitié de l’augmentation de la population mondiale proviendra de 8 pays seulement. Il s’agit de l’Inde, qui dépassera la Chine pour devenir la nation la plus peuplée du monde l’année prochaine, de la République démocratique du Congo, de l’Égypte, de l’Éthiopie, du Nigeria, du Pakistan, des Philippines et de la Tanzanie.
A partir du rapport : estimations de la population, 1950-2022, et projections avec un intervalle de prévision de 95 %, 2022-2050,par région. (UN)
Les deux tiers de la population mondiale vivent désormais dans des régions où la fécondité est tombée en dessous de 2,1 naissances. À long terme, cela équivaut à une croissance démographique nulle : un enfant pour remplacer chaque parent dans les nations à faible mortalité.
La COVID-19 a également eu un impact sur les données démographiques, avec une baisse de l’espérance de vie mondiale (aujourd’hui 71, contre 72,9 avant la pandémie) et une diminution à court terme des grossesses et des naissances.
Le rapport publié (PDF) sur le site des Nations unies : World Population Prospects 2022.