Les voyages dans l’espace semblent provoquer une mutation spécifique dans le sang des astronautes
De nouvelles recherches menées par un professeur de l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai (États-Unis) indiquent que les génomes des 14 astronautes qui ont effectué des missions à bord de la navette spatiale américaine entre 1998 et 2001 présentent les mêmes mutations génétiques. Celles-ci étaient marquées par une forte proportion de cellules sanguines provenant d’une seule cellule mère, un phénomène appelé hématopoïèse clonale (Clonal hematopoiesis).
Image d’entête : l’astronaute de la NASA Steven L. Smith, assurant la maintenance du télescope spatial Hubble lors de la 22e mission de la navette spatiale Discovery en 1997. (NASA)
Ces mutations, explique l’équipe, sont de portée réduite et ne constituent probablement pas une menace sérieuse pour la santé à long terme des astronautes. Malgré cela, la recherche souligne l’importance d’un dépistage régulier de la santé des personnes voyageant dans l’espace, en particulier celles qui partent pour de longs voyages, y compris la surveillance des changements dans leur ADN.
Les mutations du type de celles identifiées dans cette étude peuvent être causées par l’exposition aux rayons ultraviolets (UV), explique l’équipe, ainsi que par d’autres formes de rayonnement. Elles sont généralement observées chez les patients qui suivent une radiothérapie ou une chimiothérapie contre le cancer.
Dans ce cas particulier, le suspect le plus probable est le rayonnement ambiant présent dans l’espace, ajoute l’équipe.
Selon l’auteur principal, David Goukassian, professeur de médecine à l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai :
Les astronautes travaillent dans un environnement extrême où de nombreux facteurs peuvent entraîner des mutations somatiques, le plus important étant le rayonnement spatial, ce qui signifie qu’il existe un risque que ces mutations se transforment en hématopoïèse clonale.
L’année dernière, la NASA a proposé de modifier les quantités de rayonnements auxquelles elle considère que les astronautes peuvent être exposés sans danger, afin de mieux protéger leur santé. Il s’agit de permettre aux astronautes plus âgés d’être exposés à un niveau de rayonnement relativement plus faible que les plus jeunes, et d’éliminer les différentes limites pour les hommes et les femmes.
Les échantillons de sang utilisés dans cette étude ont été obtenus auprès de 12 hommes et de 2 femmes astronautes, et ils ont été prélevés dix jours avant le vol et le jour de l’atterrissage. Ils ont ensuite été conservés par cryogénie pendant environ deux décennies.
Selon Goukassian :
Bien que l’hématopoïèse clonale que nous avons observée était de taille relativement réduite, le fait que nous ayons observé ces mutations fut surprenant étant donné l’âge relativement jeune et la santé de ces astronautes. La présence de ces mutations ne signifie pas nécessairement que les astronautes vont développer une maladie cardiovasculaire ou un cancer, mais il existe un risque que, avec le temps, cela se produise en raison d’une exposition continue et prolongée à l’environnement extrême que constitue l’espace lointain.
L’âge joue un rôle ici, car ce type de mutation ressemble à celui qui se produit spontanément chez les personnes âgées. Cela dit, l’âge médian des astronautes de cette étude n’était que de 42 ans.
Sur la base de ces résultats, Goukassian et son équipe recommandent à la NASA de procéder à un dépistage régulier de ce type de mutations chez les astronautes. Pour commencer, cela permettrait de mieux protéger leur santé, mais à long terme, ces mesures permettraient également de disposer de davantage de données et de mieux comprendre les risques que présentent les vols spatiaux pour la biologie humaine.
L’étude publiée dans Nature Communications Biology : Retrospective analysis of somatic mutations and clonal hematopoiesis in astronauts et présentée sur le site de l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai : Researchers Find Spaceflight May Be Associated With DNA Mutations and Increased Risk of Developing Heart Disease and Cancer.
Bravo! Très bons articles. Cela me redonne envie de lire la presse dont au fil du temps la qualité des écrits ne se prêtaient plus à la lecture. Fautes de syntaxe et de frappes mon contraint de renoncer à lire la presse, si ce n’est que les actualités et faits importants après les gros titres.
Merci!
Je procèderai a un versement incessamment. (Je ne suis pas riche).
Bonjour et merci pour ce gentil commentaire ! Cela vaut autant, si ce n’est plus, qu’un don matériel.