Les acides contenus dans nos odeurs corporelles rendent certains humains plus attirants pour les moustiques
Nous avons tous cet ami (ou peut-être que c’est vous). Ils peuvent passer toute la nuit assis à côté d’une mare stagnante sans subir une seule piqûre, alors que tous les autres ont l’air d’avoir été des cobayes pour une nouvelle marque de micro-aiguilles…
Image d’entête : un moustique Aedes aegypti femelle pique un chercheur de l’Université Rockefeller. (Alex Wild/ Université Rockefeller)
Pourquoi les moustiques trouvent-ils certaines personnes si délicieuses et en évitent d’autres ? Non, il ne s’agit pas de votre groupe sanguin ou du fait que vous ayez mangé de l’ail ou des vitamines B la veille, malgré la prévalence de cette idée fausse.
Selon une collaboration de recherche dirigée par l’université Rockefeller aux États-Unis, la réponse semble résider dans les quantités plus élevées d’acides carboxyliques sécrétés par la peau des individus particulièrement appétissants.
L’étude a démontré que non seulement certains individus étaient plus attrayants pour les moustiques que d’autres, mais que les acides carboxyliques (dont les acides acétique et formique que l’on trouve respectivement dans le vinaigre et les fourmis sont des exemples courants) étaient directement liés aux récepteurs des moustiques.
Des échantillons d’odeur de peau ont été prélevés sur les participants au moyen de bas en nylon portés sur les avant-bras. Les moustiques ont ensuite pu choisir entre deux échantillons présentés, les chercheurs notant l’échantillon le plus attrayant des deux et la proportion d’insectes attirés. Ces échantillons d’odeurs de peau ont ensuite été présentés à des moustiques ayant subi différentes altérations génétiques destinées à entraver la capacité des moustiques à détecter certaines odeurs.
Les chercheurs ont constaté que, de manière générale, les humains très attirants présentaient des niveaux plus élevés de plusieurs acides carboxyliques sur leur peau par rapport à leurs homologues moins séduisants.
Dans une série de huit échantillons, les chercheurs ont constaté qu’un échantillon était quatre fois plus attirant pour les moustiques que l’échantillon suivant le plus attirant et 100 fois plus que l’échantillon le moins attirant. Qui plus est, ce comportement est resté stable pendant plusieurs mois de tests.
Aucun facteur spécifique n’était commun aux échantillons humains les moins attirants, ce qui suggère qu’aucun composé ne rendait les individus moins appétissants pour les moustiques.
On ne sait pas encore exactement quels composés carboxyliques sont impliqués, ni pourquoi le microbiote de la peau de certains individus produit davantage de ces composés.
Résumé graphique de l’étude. (De Obaldia et col./ Cell)
De précédentes études ont mis en évidence d’autres indices permettant aux moustiques de chasser l’humain, tels que le dioxyde de carbone expiré et la chaleur corporelle…
…mais ceux-ci indiquaient simplement un animal à sang chaud. Certains moustiques, tels que l’Aedes aegypti, porteur de maladies, sont spécialisés dans les humains et utilisent donc l’odeur pour déterminer si l’animal est humain ou non.
Comme le notent les auteurs de cette étude :
Comprendre pourquoi certains humains sont plus attirants que d’autres permet de déterminer quelles sont les odeurs cutanées les plus importantes pour le moustique et pourrait permettre de développer des répulsifs plus efficaces.
L’étude publiée dans Cell : Differential mosquito attraction to humans is associated with skin-derived carboxylic acid levels et présentée sur le site de l’Université Rockefeller : Why some people are mosquito magnets.
Petite faute d’orthographe dans le titre d’article 🙂
Merci Alain, corrigée… !