Premières preuves matérielles montrant que les guerriers vikings ont amené leurs chevaux et leurs chiens en Angleterre
Nous aimons voyager avec nos animaux de compagnie quand nous le pouvons, y compris les Vikings. Selon une nouvelle étude, lorsqu’ils ont traversé la mer du Nord depuis la Scandinavie pour atteindre la Grande-Bretagne au 9e siècle de notre ère, ils ont emmené leurs chiens et leurs chevaux avec eux. Des archéologues ont fait cette découverte en examinant les restes d’un cimetière viking au Royaume-Uni.
Image d’entête : fouilles à Heath Wood dans le Derbyshire, le seul site de crémation viking de grande envergure connu dans les îles britanniques. (Julian D. Richards, Université d’York)
Les chercheurs de l’université de Durham (Royaume-Uni) et de la Vrije Universiteit Brussel (Belgique) ont trouvé des preuves de la présence d’un adulte humain et de plusieurs animaux qui venaient presque certainement de Scandinavie et qui sont morts peu après leur arrivée en Grande-Bretagne. Cela suggère que les Vikings ne se contentaient pas de voler des animaux à leur arrivée en Grande-Bretagne, comme le décrivent les récits de l’époque.
Cette découverte permet de mieux comprendre ce qui était la principale source utilisée par les chercheurs, à savoir la Chronique anglo-saxonne, un compte rendu annuel des événements compilé vers 890 après J.-C. et rédigé en vieil anglais. L’armée viking, qui comprenait des guerriers venus de différents endroits, mais surtout de Scandinavie, a envahi la Grande-Bretagne en 865 apr. J.-C.
Selon l’auteur principal de l’étude (lien plus bas), Tessi Löffelmann :
Notre principale source, la Chronique anglo-saxonne, indique que les Vikings ont pris des chevaux aux habitants de l’East Anglia lorsqu’ils sont arrivés, mais ce n’est pas tout, et ils ont très probablement transporté des animaux avec des personnes sur des bateaux.
Alors que les restes du cimetière avaient été incinérés, plusieurs fragments d’os ont subsisté, lesquels ont été utilisés par les chercheurs pour l’étude. Ils ont analysé les os du fémur et du crâne qu’ils ont attribués à deux adultes, un enfant et trois animaux, probablement un cheval, un chien et un cochon. La crémation était une pratique courante en Scandinavie.
Les chercheurs ont ensuite analysé les fragments d’os pour déterminer la présence de strontium, un élément naturel présent dans le monde entier qui fournit une empreinte géographique des mouvements humains et ceux des animaux. Alors que les os d’un adulte et d’un enfant provenaient de la région, ceux d’un autre adulte et de tous les animaux étaient originaires de Scandinavie, d’après les ratios de strontium.
Le fait que l’adulte et les animaux aient été inclus dans le même feu de crémation suggère que l’adulte était une personne importante qui a amené son cheval et son chien au Royaume-Uni et que les animaux ont été sacrifiés à la mort de la personne. Il est également possible que l’os de porc ait été de la nourriture conservée provenant de son foyer plutôt qu’un porc vivant qui a été transporté.
Selon Julian Richards, qui a codirigé les fouilles :
Il s’agit de la première démonstration scientifique que les guerriers vikings transportaient des chevaux en Angleterre deux cents ans plus tôt. Cela démontre combien les chefs vikings appréciaient leurs chevaux et leurs chiens personnels qu’ils faisaient venir de Scandinavie, et que les animaux étaient sacrifiés pour être enterrés avec leurs propriétaires.
Lors de précédentes études menées au cimetière, la datation au carbone a permis d’établir que la crémation avait eu lieu entre le VIIIe et le Xe siècle, mais l’origine des personnes et des animaux incinérés demeurait incertaine. La région présente un intérêt particulier pour les chercheurs car la Grande Armée viking a passé ses hivers à Repton, qui est proche du cimetière, en 873 apr. J.-C.
L’étude publiée dans PLOS ONE : Sr analyses from only known Scandinavian cremation cemetery in Britain illuminate early Viking journey with horse and dog across the North Sea et présentée sur le site de l’Université Durham : Evidence suggests Vikings brought animals to Britain.