Le plus ancien génome humain découvert en Espagne révèle l’histoire des chasseurs-cueilleurs en Europe
L‘Europe était recouverte d’épaisses couches de glace à l’époque du dernier maximum glaciaire, il y a environ 20 000 ans. À cette époque, le niveau des mers était inférieur de plus de cent mètres à celui d’aujourd’hui.
Image d’entête : reconstitution d’un chasseur-cueilleur associé à la culture gravettienne (il y a 32 000-24 000 ans), inspiré des découvertes archéologiques du site d’Arene Candide (Italie). (Tom Bjoerklund/ Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology)
Pour se protéger des températures glaciales de l’Europe occidentale, les hommes des cavernes occupaient donc des abris sous roche et des grottes. Sur un site près de Grenade, en Espagne, des archéologues ont découvert des restes représentant le plus ancien génome humain recensé dans la région.
Ce génome vieux de 23 000 ans provenant de la Cueva del Malalmuerzo est le plus ancien découvert dans la région andalouse et l’un des plus anciens répertoriés. Les chercheurs de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive ont relié ces restes génétiques à ceux d’un spécimen belge de 35 000 ans découvert en 2016.
Fouilles dans la Cueva de Malalmuerzo. (Pedro Cantalejo)
Cependant, bien qu’ils soient séparés d’une douzaine de kilomètres de l’Afrique du Nord par le détroit de Gibraltar, les chercheurs ont constaté qu’il n’y avait aucun lien avec les lignées trouvées dans le Maroc actuel.
Alors que des fragments de matériel génétique sont souvent récupérés sur des restes humains, un génome est l’ensemble complet de l’ADN d’un organisme, un peu comme si on trouvait une boîte de blocs de construction avec des instructions, plutôt que des briques en vrac.
Le matériel génétique nécessite des conditions très spécifiques pour être conservé pendant des périodes aussi longues. Des températures chaudes et des sécheresses comme celles que l’on rencontre à la surface des régions du sud de l’Espagne et du nord de l’Afrique ne sont pas idéales, mais les grottes constituent une autre réalité.
Heureusement, lors de ces fouilles, l’ADN était intact et il a permis de rattacher le spécimen à un groupe spécifique d’humains qui ont colonisé la péninsule ibérique à la fin de la dernière période glaciaire.
Dent humaine retrouvée dans la Cueva de Malalmuerzo. (Pedro Cantalejo)
Selon le chercheur Wolfgang Haak :
Avec Malalmuerzo, nous avons réussi à trouver le bon endroit et la bonne période pour suivre la trace d’un groupe humain du Paléolithique jusqu’à l’un des refuges proposés pour la période glaciaire. Il est remarquable de trouver un héritage génétique aussi durable dans la péninsule ibérique, d’autant plus que cette ascendance pré-glaciaire avait disparu depuis longtemps dans d’autres régions d’Europe.
Le plus ancien génome connu provient d’un crâne féminin trouvé en Tchéquie, identifié à partir d’un crâne vieux de 45 000 ans.
Les deux études publiées dans Nature :
… et présentées sur le site du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology : Ice Age Survivors et de l’Université de Tübingen.