Une région de l’Antarctique a perdu des milliers de milliards de tonnes de glace
Selon une nouvelle étude, la baie de la mer d’Amundsen, l’une des régions de l’Antarctique occidental, a perdu plus de 3 000 milliards de tonnes de glace en 25 ans. Selon les chercheurs de l’université de Leeds, au Royaume-Uni, c’est la région de l’Antarctique qui a changé le plus rapidement et qui contribue le plus à l’élévation du niveau de la mer due à l’inlandsis antarctique.
Image d’entête : iceberg flottant dans la baie de la mer d’Amundsen. (Université de Leeds)
Situé dans l’Antarctique occidental, le bassin de la mer d’Amundsen a été découvert pour la première fois en 1929 par un capitaine qui l’a baptisé du nom de Roald Amundsen, un explorateur norvégien. La région compte 20 glaciers qui jouent un rôle important dans le niveau des océans. La glace contient tellement d’eau que sa fonte ferait monter le niveau des océans d’un mètre.
Carte de la zone de la mer d’Amundsen en Antarctique. (Wikimedia)
Une équipe de chercheurs a estimé le « bilan de matière » de la région. Il s’agit de l’équilibre entre la neige et la glace gagnées par les chutes de neige et la quantité perdue par le vêlage, le processus par lequel les icebergs se détachent des glaciers et finissent dans l’océan. Si le vêlage est plus rapide que le renouvellement de la neige, la région perd globalement de la masse.
Selon Benjamin Davison, auteur principal de l’étude :
Les scientifiques surveillent ce qui se passe dans la baie de la mer d’Amundsen en raison du rôle crucial qu’elle joue dans l’élévation du niveau de la mer. Si le niveau des océans devait s’élever de manière significative dans les années à venir, certaines communautés à travers le monde connaîtraient des inondations extrêmes.
L’étude a révélé que la zone étudiée en Antarctique a subi une perte nette de 3 331 milliards de tonnes de glace entre 1996 et 2021, ce qui a entraîné une élévation du niveau de la mer de 9 millimètres sur l’ensemble du globe. Pour comprendre l’ampleur de ce phénomène, si cette quantité de glace était empilée à Nice, elle atteindrait une hauteur de 61 kilomètres, soit 188 tours Eiffel placées les unes au-dessus des autres.
À l’aide de modèles climatiques, les chercheurs ont constaté que la baie de la mer d’Amundsen a connu à la fois des périodes de fortes chutes de neige et des périodes de sécheresse. Entre 2009 et 2013, la région a connu une longue période de faibles chutes de neige, ce qui a entraîné un rétrécissement de la calotte glaciaire. En revanche, en 2019 et 2020, les chutes de neige furent abondantes, ce qui réduisit la contribution de la région à l’élévation du niveau de la mer.
A partir de l’étude : (a) Vitesse de la glace 2017-2021 sur l’embouchure de la mer d’Amundsen, dérivée du suivi de l’intensité des images du radar à synthèse d’ouverture Sentinel-1a et -1b. (b) Changement de la vitesse de la glace calculé comme la différence entre la vitesse moyenne 2021 de Sentinel-1 et les mosaïques annuelles 2005-2008. (B. Davison et col./ Nature Communications)
Selon Davison, les changements de température et de circulation océaniques semblent être à l’origine des modifications sur le long terme de la masse de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental. Il a déclaré que l’équipe avait été très surprise de constater à quel point les périodes de faibles ou de fortes chutes de neige pouvaient affecter la calotte glaciaire sur des périodes de 2 à 5 ans. Il a ajouté que des recherches supplémentaires étaient encore nécessaires pour comprendre ces tendances.
Les chercheurs indiquent que la perte de glace dans la baie de la mer d’Amundsen s’est également accompagnée d’une réduction du glacier de l’île des Pins. En se retirant, l’un de ses glaciers tributaires s’est détaché du glacier principal et la fonte de la glace s’est rapidement accélérée. Les chercheurs ont baptisé le glacier affluent Piglet Glacier afin qu’il puisse être facilement identifié dans le cadre de futures études.
Selon Anna Hogg, l’un des auteurs de l’étude :
En plus d’apporter un nouvel éclairage sur le rôle de la variabilité des chutes de neige extrêmes sur les changements de masse de la calotte glaciaire, cette recherche fournit également de nouvelles estimations sur la vitesse à laquelle cette région importante de l’Antarctique contribue à l’élévation du niveau de la mer. Le glacier Piglet a accéléré sa vitesse de glace de 40 %, alors que le glacier PIG, plus grand, s’est retiré.
L’étude publiée dans Nature Communications : Sea level rise from West Antarctic mass loss significantly modified by large snowfall anomalies et présentée sur le site de l’Université de Leeds : Billions of tonnes of ice lost from Antarctic Ice sheet.