Un contraceptif en une seule injection, pourrait enfin réduire la surpopulation des chats errants
Dans les coins tranquilles de nos villes et de nos campagnes, une crise silencieuse est en cours. Les chats errants, qui passent souvent inaperçus dans l’agitation de la vie humaine, se multiplient en nombre. Il y a des centaines de millions de chats errants sur la planète, dont beaucoup vivent dans des conditions épouvantables. Atteints de maladies, luttant pour se nourrir et contre les difficultés de la vie quotidienne de la rue, de nombreuses populations de chats errants sont également confrontées à la surpopulation.
Et les contraceptifs félins font leur entrée. La stérilisation des chats errants est une solution prometteuse qui peut révolutionner la façon dont nous gérons nos amis félins. Mais les attraper, effectuer la procédure et les relâcher demande beaucoup de temps et de travail.
C’est là qu’intervient une nouvelle solution. Des chercheurs ont mis au point un contraceptif unique, sous forme d’injection, qui pourrait aider à gérer les populations de chats errants de manière humaine.
Des chercheurs américains ont mis au point une thérapie génique contraceptive non invasive à dose unique qui pourrait permettre de contrôler les populations de chats errants dans le monde entier.
Vous ne le croirez peut-être pas, mais il y a 480 millions de chats errants dans le monde. En fait, 80 % des chats domestiques sont errants. Ils errent librement, vivent dans des conditions insalubres, sont maltraités et se font souvent renverser par des véhicules.
Les chats errants sont également des perturbateurs qui tuent de petits animaux en grand nombre sur leur territoire d’errance. Par exemple, un rapport du Conseil des espèces envahissantes (Invasive Species Council) révèle que la population de chats indigènes en Australie a engendré l’extinction de 27 espèces animales. En outre, de nombreux chats errants peuvent être porteurs de maladies et d’infections. Il est donc important de contrôler leur nombre.
Ces populations de chats font l’objet d’euthanasies ou de programmes de piégeage, de stérilisation et de restitution (c’est-à-dire de stérilisation chirurgicale), mais ces approches ont une efficacité limitée. De nombreux chats en liberté ont une vie écourtée et traumatisante qui a des effets négatifs sur les oiseaux et autres espèces sauvages.
En d’autres termes, les méthodes conventionnelles de contrôle des populations de chats errants ne suffisent plus. C’est pourquoi les scientifiques ont cherché une nouvelle solution efficace et facile à mettre en œuvre qui pourrait répondre aux préoccupations éthiques, économiques et environnementales associées aux chats errants.
Rien qu’aux États-Unis, près de 80 millions de chats errants n’ont pas de propriétaire. Les pays de l’Union européenne comptent plus de 100 millions d’animaux errants, dont un grand nombre de chats. À l’heure actuelle, il n’existe pas de contraceptifs permanents non chirurgicaux utilisables chez les chats errants.
Les chercheurs ont utilisé un vecteur viral de thérapie génique (virus adéno-associé ou AAV) pour administrer une hormone ovarienne naturelle appelée hormone de régression müllérienne ou HRM. Cette hormone régule la croissance et la maturation des follicules dans les ovaires félins, ce qui est nécessaire à l’ovulation.
Le vecteur est injecté dans un muscle, qui absorbe alors le gène et commence à sécréter de l’HRM. Le taux élevé d’HRM dans le sang inhibe alors l’ovulation (la libération d’un ovule par l’ovaire). S’il n’y a pas d’ovule, il n’y aura pas de fécondation et la chatte ne pourra pas tomber enceinte.
L’injection de thérapie génique empêche la gestation chez les chattes. (Phillipe Godin, Marie-Charlotte Meinsohn/ BioRender)
L’étude a été menée sur 9 chattes adultes, qui ont été observées pendant 2 ans après leur traitement. Six d’entre elles ont reçu la thérapie génique proprement dite, tandis que les trois autres ont servi de témoins. Le traitement à dose unique a permis d’éviter la grossesse chez les 6 chattes. De plus, aucune n’a souffert d’effets secondaires. Les chercheurs ont démontré l’efficacité du traitement pendant 2 ans, mais ils n’ont pas encore démontré la contraception à vie avec une seule injection, leur objectif avec ce traitement.
Interrogés sur la date à laquelle le contraceptif serait disponible, les chercheurs précisent :
Des études en cours examinent la sécurité et l’efficacité de cette approche chez les chatons femelles. Nos données préliminaires suggèrent qu’il est tout aussi efficace chez les chatons femelles. Nous sommes actuellement en pourparlers avec la FDA pour poursuivre les essais cliniques, mais il est difficile d’estimer le calendrier. Il faudra probablement des années avant que ce traitement ne soit disponible dans les cliniques vétérinaires.
Les chercheurs travaillent également à la modification du vecteur et du transgène afin de rendre le traitement plus efficace et d’en réduire le coût. Il est à espérer qu’une solution à dose unique sûre, économique et efficace sera bientôt disponible pour limiter la population de chats errants sur la planète.
L’étude publiée dans Nature Communications : Durable contraception in the female domestic cat using viral-vectored delivery of a feline anti-Müllerian hormone transgene.