Des simulations suggèrent qu’il existe un risque substantiel que d’anciens microbes "zombies" émergent de la fonte des glaces
Des chercheurs de l’université d’Helsinki (Finlande) utilisant une simulation informatique suggèrent qu’il existe un « risque substantiel » que d’anciens microbes « zombies » émergent de la fonte du pergélisol.
Image d’entête : Pergélisol exposé. (Roger MacLeod / Natural Resources Canada)
Selon le résumé de leur étude (lien plus bas) :
L’idée que d’anciens agents pathogènes piégés dans la glace ou cachés dans des laboratoires éloignés puissent se libérer, généralement avec des conséquences catastrophiques pour les êtres humains, a été une source d’inspiration fructueuse pour des générations de romanciers et de scénaristes de science-fiction. Le débat scientifique sur le sujet a été dominé par des spéculations en raison des difficultés à collecter des données appropriées ou à concevoir des expériences permettant d’élaborer et de tester des hypothèses.
Pour la première fois, nous explorons en profondeur le risque écologique que représentent ces agents pathogènes « voyageant dans le temps » pour les communautés écologiques modernes.
Dans les profondeurs du pergélisol se cachent des virus et des bactéries que l’humain n’a jamais rencontrés auparavant. Mais avec le changement climatique qui fait fondre la glace à un rythme sans précédent, ces microbes sont peu à peu révélés. Faut-il s’inquiéter ? L’équipe internationale de chercheurs a créé une simulation utilisant une version numérique de ces « agents pathogènes voyageant dans le temps » afin de comprendre comment tout cela pourrait se dérouler.
Les scientifiques ont utilisé un programme appelé Avida, qui est une « simulation de vie artificielle » composée de micro-organismes numériques. Bien que cela semble un peu éloigné des microbes tels que les virus géants du pergélisol déjà découverts, les scientifiques réalisent régulièrement ce type d’expériences « in sillico » lorsqu’ils n’ont pas facilement accès aux tests dans le monde réel.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Cette lacune dans les connaissances est principalement due à la difficulté de collecter des données pertinentes ou de mettre en place des expériences adéquates impliquant plusieurs espèces. Dans ce contexte, les simulations de vie artificielle, où des communautés entières d’organismes simples peuvent être étudiées à la fois à l’échelle écologique et évolutive, offrent un outil puissant pour contourner ces difficultés et obtenir des informations jusqu’ici inexplorées.
Les chercheurs ont montré dans ces simulations que les pathogènes électroniques pouvaient souvent survivre et continuer à évoluer. Un petit nombre d’entre eux, environ 3 %, étaient capables d’envahir efficacement et même de devenir dominants. Dans environ 1 % des cas, ces « envahisseurs » ont soit augmenté, soit diminué considérablement la « richesse » de la population de microbes électroniques.
Il s’agit d’un faible pourcentage, mais l’équipe suggère qu’étant donné que de nombreux virus et bactéries potentiels pourraient être ravivés par la fonte continue des calottes glaciaires, il s’agit toujours d’un « risque substantiel ».
Ils écrivent :
Étant donné l’abondance des anciens micro-organismes régulièrement libérés dans les communautés modernes, une probabilité aussi faible d’épidémies présente toujours des risques substantiels. Nos résultats suggèrent donc que les menaces imprévisibles jusqu’ici confinées à la science-fiction et à la conjecture pourraient en fait être de puissants moteurs de changement écologique.
Bien qu’elles soient confinées à l’ordinateur d’un chercheur, ce type d’études permet aux scientifiques d’évaluer les risques dans ces environnements en fusion.
L’étude publiée dans PLOS Computational Biology : Time-travelling pathogens and their risk to ecological communities.