De l’espace, les manchots empereurs apparaissent plus résistants face à la disparition de la glace
L‘avenir à court et moyen terme des manchots empereurs pourrait être plus favorable qu’on ne le pensait.
L’avenir des plus grands manchots du monde (Aptenodytes forsteri) suscite de vives inquiétudes depuis l’échec catastrophique de la reproduction de plusieurs colonies de manchots de l’Antarctique occidental en 2022 et la formation d’une faible quantité de glace de mer autour du continent, ce qui est sans précédent.
Gif d’entête : un exemples de recensement des colonies de manchots à partir de l’espace, issue d’une précédente étude. Ici, Une colonie de manchots près de Ninnis Bank en Antarctique a été repérée par la mission Copernicus Sentinel-2 le 26 août 2019. Bien que les manchots soient trop petits pour être visibles sur les images satellites, les taches géantes sur la glace provenant des déjections des manchots, connues sous le nom de guano, sont faciles à identifier. Ces taches brunâtres ont permis aux scientifiques de localiser et de suivre les populations de manchots sur l’ensemble du continent. (ESA)
L’étude publiée fin aout 2023 décrivant l’échec de la reproduction de plusieurs colonies en 2022 :
Par rapport à 2022, le précédent record le plus bas, une zone de glace de deux fois la taille de la France ne s’est pas accumulée sur le littoral de l’Antarctique cette année. La glace de mer qui s’est formée est maintenant en recul. Le niveau des glaces de mer devrait se dégrader au cours des prochaines décennies si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas fortement réduites.
L’Union internationale pour la conservation de la nature prévoit la disparition de 80 % des manchots empereurs d’ici la fin du siècle. Toutefois, des scientifiques marins français affirment que l’espèce pourrait résister à une disparition soudaine de la glace de mer, du moins à court terme.
Manchots empereurs sur la glace de l’antarctique. (Stephanie Jenouvrier/ Woods Hole Oceanographic Institution)
En analysant des images satellite très détaillées du continent, l’équipe de recherche a constaté que les manchots empereurs occupaient toute une série d’habitats, ce qui, selon elle, constitue un « changement radical » qui remet en question la perception des lieux de vie de l’espèce. Cela pourrait entraîner une plus grande dispersion des colonies de manchots lorsque les plates-formes de glace changent.
Selon Sara Labrousse, écologiste marine de l’université de la Sorbonne, qui a dirigé l’étude publiée cette semaine (lien plus bas) :
Notre étude suggère fortement qu’à court et moyen terme, les populations reproductrices et les habitats identifiés devraient être considérés comme des unités distinctes pour la gestion et les projections démographiques.
Sara Labrousse explique cependant que ce scénario n’est qu’un sursis pour les manchots empereurs, et que l’absence de réduction des émissions de gaz à effet de serre maintiendra l’espèce sur une trajectoire menant aux pires scénarios d’ici la fin du siècle.
L’étude publiée dans Science Advances : Where to live? Landfast sea ice shapes emperor penguin habitat around Antarctica.