La Lune continue de rétrécir et c’est une mauvaise nouvelle pour les projets de la coloniser
De puissants séismes lunaires enregistrés par les sismomètres des missions Apollo il y a plus d’un demi-siècle ont été associés à des lignes de faille et à des glissements de terrain près du pôle sud de la Lune.
Image d’entête : mosaïque d’images obtenue par la sonde LRO de l’amas de cicatrices lobées du cratère Wiechert dans la région du pôle sud de la Lune (flèches pointant vers la gauche). Un escarpement traverse un petit cratère (flèche pointant vers la droite). (NASA/ LRO/ LROC/ASU/ Smithsonian Institution)
Ces résultats, détaillés dans une nouvelle étude publiée cette semaine (lien plus bas), suggèrent que le satellite solitaire de la Terre continue de se rétrécir, un processus qui entraîne la formation de plis et de fissures à sa surface. Cela pourrait avoir des conséquences potentiellement graves pour les astronautes qui osent s’aventurer sur la surface de la Lune et y établir des avant-postes permanents dans les années et les décennies à venir, notamment pour les missions Artemis de la NASA.
En 2010, une analyse des données obtenues par la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA a suggéré que la Lune rétrécissait comme un raisin sec. Les scientifiques ont conclu à l’époque que ce processus était probablement le résultat d’un refroidissement de l’intérieur de la Lune, laissant derrière lui des milliers de falaises à la surface.
En 2019, des chercheurs ont découvert que la Lune est encore aujourd’hui secouée par des tremblements de lune et que, par conséquent, sa circonférence a diminué de plus de 45 m au cours des quelques centaines de millions d’années écoulées.
Aujourd’hui, les scientifiques ont analysé les données sismiques de l’ère des missions Apollo pour étudier le pôle sud de la Lune, une région très cratérisée et rocheuse qui présente un grand intérêt pour les scientifiques et les futurs explorateurs de l’espace.
Selon Thomas Watters, auteur principal de l’étude et scientifique principal du National Air and Space Museum (Smithsonian Institution/ États-Unis) :
Notre modélisation suggère que des séismes lunaires peu profonds, capables de produire de fortes secousses au sol dans la région polaire sud, peuvent résulter de glissements sur des failles existantes ou de la formation de nouvelles failles de poussée.
Ce type de mouvement pourrait avoir des implications considérables pour les futures tentatives d’atterrissage d’astronautes humains dans la région.
Les escarpements lobés se forment lorsque la croûte lunaire est repoussée par la contraction de la Lune. Les matériaux proches de la surface se brisent alors pour former une faille de poussée (Thrust fault). La faille de poussée entraîne les matériaux crustaux vers le haut et parfois par-dessus les matériaux crustaux adjacents. Les glissements sur les failles existantes ou la formation de nouvelles failles de chevauchement déclenchent des séismes lunaires peu profonds qui peuvent provoquer de fortes secousses sismiques à des dizaines de kilomètres de l’escarpement. (Université d’État de l’Arizona/ Smithsonian/ NASA)
Selon Watters :
La distribution mondiale des jeunes failles de poussée, leur potentiel d’activité et le potentiel de formation de nouvelles failles de poussée à partir de la contraction globale en cours devraient être pris en compte lors de la planification de l’emplacement et de la stabilité des avant-postes permanents sur la Lune.
Les scientifiques estiment que les tremblements de terre lunaires provoqués par les mouvements intérieurs pourraient être suffisamment puissants pour endommager les structures construites par l’humain, y compris les habitats. C’est une mauvaise nouvelle, car ces séismes peuvent durer des heures, contrairement aux tremblements de terre que nous connaissons chez nous.
Sites d’atterrissage de la mission Artemis près du pôle sud de la Lune. Les cases bleues indiquent les points d’atterrissage sélectionnés, tandis que les petites marques rouges indiquent les cicatrices causées par les tremblements de lune. (NASA/ LRO/ LROC/ASU/ Smithsonian Institution)
Selon Nicholas Schmerr, coauteur et professeur agrégé de géologie à l’université du Maryland (États-Unis) :
On peut considérer la surface de la lune comme du gravier et de la poussière secs et broyés. Au cours de milliards d’années, la surface a été frappée par des astéroïdes et des comètes, et les fragments angulaires qui en résultent sont constamment éjectés par les impacts. En conséquence, les matériaux de surface remodelés peuvent être de la taille d’un micron à celle d’un bloc, mais ils sont tous très peu consolidés. Les sédiments lâches rendent possibles les secousses et les glissements de terrain.
Heureusement, grâce à la disponibilité d’informations détaillées sur l’activité sismique de la Lune, qui remontent à la fin des années 1960, il sera bientôt possible d’avoir une idée plus précise de l’endroit où installer des colonies. Cette question est d’autant plus pertinente que la NASA espère ramener des humains à la surface de la Lune pour la première fois depuis Apollo 17, il y a plus de 50 ans.
Toujours selon Schmerr :
À mesure que nous nous rapprochons de la date de lancement de la mission en équipage Artemis, il est important de veiller à ce que nos astronautes, nos équipements et nos infrastructures soient aussi sûrs que possible. Ce travail nous aide à nous préparer à ce qui nous attend sur la Lune, qu’il s’agisse de concevoir des structures capables de mieux résister à l’activité sismique lunaire ou de protéger les gens des zones vraiment dangereuses.
L’étude publiée dans la revue The Planetary Science Journal : Tectonics and Seismicity of the Lunar South Polar Region et présentée sur le site de la NASA : Shrinking Moon Causing Moonquakes and Faults Near Lunar South Pole.