Un vaccin en spray prévient les infections urinaires jusqu’à 9 ans chez plus de la moitié des patients testés
Une nouvelle recherche a montré qu’un vaccin en spray oral contre les infections urinaires récurrentes empêchait la réapparition de la maladie pendant une période allant jusqu’à 9 ans chez plus de la moitié des participants à l’étude. Il s’agit d’une méthode sûre et efficace de prévention des infections urinaires et d’une alternative au traitement antibiotique.
Image d’entête : la bactérie E. Coli, souvent en cause dans les infections urinaires, au microscope avec une résolution inférieure à 5 nanomètres, soit environ 1/10 000 de l’épaisseur d’un cheveu humain, révélant la surface irrégulière de la membrane externe. (Benn et col./ PNAS/ UCL)
Les infections urinaires sont douloureuses… littéralement, brûlante. D’autres symptômes, tels qu’une forte envie d’uriner qui ne disparaît pas, des mictions fréquentes sont déjà assez pénibles, mais ils sont aggravés lorsque l’infection réapparaît des mois plus tard… et continue de réapparaître.
Les infections urinaires récurrentes, définies comme trois infections urinaires ou plus en 12 mois, surviennent dans 20 à 30 % des cas. Les femmes sont plus touchées que les hommes en raison de leur anatomie. 80 à 85 % des infections sont causées plus particulièrement par la bactérie Escherichia coli. Klebsiella pneumoniae, Proteus vulgaris et Enterococcus faecalis en sont également responsables. C’est pourquoi les antibiotiques sont souvent le traitement de première intention. Cependant, avec l’augmentation de la résistance aux antibiotiques, il est urgent de trouver une alternative efficace. C’est là qu’intervient MV140, un nouveau vaccin destiné à traiter les infections urinaires récurrentes chez les femmes et les hommes.
Vendu sous le nom d’Uromune, le vaccin est fabriqué à partir de versions inactivées des quatre microbes susmentionnés, stimulant le système immunitaire pour générer une protection de longue durée contre les infections urinaires. Mieux encore, il ne s’agit pas d’une injection, mais d’un spray aromatisé à l’ananas qui est administré sous la langue chaque jour pendant 3 mois. Une étude récente menée par des cliniciens du Royal Berkshire Hospital au Royaume-Uni a démontré qu’il peut être efficace pendant 9 ans.
Selon Bob Yang, urologue consultant au Royal Berkshire NHS Foundation Trust, qui a codirigé l’étude :
Avant d’être vaccinées, toutes nos participantes souffraient d’infections urinaires récurrentes qui, pour de nombreuses femmes, peuvent être difficiles à traiter. Neuf ans après avoir reçu ce nouveau vaccin contre les infections urinaires, près de la moitié des participantes n’avaient toujours pas contracté d’infection. Dans l’ensemble, ce vaccin est sûr à long terme et nos participants ont déclaré avoir moins d’infections urinaires et moins graves. Beaucoup de ceux qui ont contracté une infection urinaire nous ont dit qu’il suffisait de boire beaucoup d’eau pour la traiter.
L’étude actuelle fait suite au premier essai d’utilisation d’Uromune pour traiter les femmes souffrant d’infections urinaires récurrentes, dont les résultats ont été publiés dans une étude en 2017. Dans cette étude, sur les 75 femmes qui ont terminé le traitement, 78 % n’ont pas eu d’infections urinaires ultérieures au cours de la période de suivi de 12 mois. Neuf ans plus tard, une étude de suivi portant sur 72 femmes et 17 hommes a examiné l’efficacité du traitement sur le long terme. Quarante-huit participants (54 %) n’ont pas eu d’infections urinaires au cours de la période de suivi de 9 ans. La durée moyenne de l’absence d’infection urinaire était de 56,7 mois pour les femmes et de 44,3 mois pour les hommes, soit plus de 4,5 ans et plus de 3,5 ans, respectivement. Environ 40 % des participants ont déclaré avoir reçu de nouvelles doses de vaccin un ou deux ans après le traitement initial.
Selon Yang :
Il s’agit d’un vaccin très facile à administrer et qui pourrait être donné par les médecins généralistes dans le cadre d’un traitement de 3 mois. Beaucoup de nos participants nous ont dit que le vaccin avait restauré leur qualité de vie. Bien que nous devions encore examiner l’effet de ce vaccin dans différents groupes de patients, ces données de suivi suggèrent qu’il pourrait changer la donne en matière de prévention des infections urinaires s’il était proposé à grande échelle, réduisant ainsi le besoin de traitements antibiotiques.
Uromune est disponible dans le cadre de programmes d’accès spéciaux dans 26 pays, dont de nombreux pays européens. Une revue de cinq études portant sur l’efficacité du MV140/Uromune, réalisée en 2023, a montré que ce médicament permettait de prévenir ou de réduire le risque d’infections urinaires chez les femmes, de diminuer l’utilisation d’antibiotiques et de réduire les dépenses de santé de 50 % par patient et par an.
Les résultats ont été présentés lors du 39e congrès annuel de l’Association européenne d’urologie (EAU) qui s’est tenu à Paris au début du mois d’avril. Les chercheurs s’attendent à ce que les résultats complets de l’étude soient publiés dans une revue à comité de lecture d’ici la fin de l’année.