Une nouvelle vue sur la potentiellement habitable lune de Saturne, Encelade
Voici une nouvelle image (en entête, clic pour agrandir) qui pourrait bien être l’une des dernières obtenues par la sonde Cassini de la lune de Saturne Encelade. Elle a été prise en lumière verte avec la caméra à angle étroit de la sonde, le 27 novembre 2016. La vue a été acquise à une distance d’environ 130 000 km d’Encelade.
Profitons-en pour faire un petit condensé des découvertes qui ont amené à estimer qu’une vie pourrait barboter à l’intérieur de ce corps glacé.
Au cours de sa longue mission dans le système saturnien, la sonde spatiale Cassini nous a rapporté pléthore de données et d’images spectaculaires de Saturne, de ses anneaux et de ses lunes. Parmi elles, Encelade de 500 km de diamètre et 6e plus grande lune de Saturne qui, à première vue, apparait semblable à d’autres lunes glacées dans notre système solaire.
(NASA-JPL-Caltech-Space Science Institute)
Comme la lune réfléchie presque 100 % des rayons du Soleil, il y fait extrêmement froid à sa surface, dans les – 201°C, mais Cassini nous a montré qu’Encelade pourrait renfermer, sous sa croute glacée, de la vie extraterrestre. Elle semble héberger un océan, du moins dans sa région polaire sud et il pourrait avoir une profondeur de 10 km.
En 2005, Cassini a d’abord repéré des panaches de vapeur (geysers) d’eau gelée émergeant de la région polaire sud. Appelés cryovolcans, d’autres études ont déterminé qu’ils sont la source probable de l’anneau E de Saturne.
C’est la mer de la lune Encelade qui s’échappe de ses 101 geysers en éruptions. (NASA-JPL-Caltech-Space Science Institute)
L’existence de ces panaches a conduit les scientifiques à soupçonner que leur source était un océan sous la croute glacée d’Encelade.
Des études plus poussées ont montré d’une part que c’était de l’eau salée et d’autre part que les panaches contenaient également des composés organiques simples, entretenant l’idée qu’Encelade pourrait abriter la vie.
D’autres preuves d’un océan global de sous-surface sont apparues en 2014 et en 2015. Cassini et le Deep Space Network ont fourni des mesures gravitométriques montrant que l’océan est là. De plus, une légère oscillation dans l’orbite d’Encelade autour de Saturne tend à prouver qu’il devrait y avoir une masse de liquide séparant le noyau et la croute. Ces mesures ont montré qu’il existe probablement un océan régional, sinon global, d’environ 10 km de profondeur. Les mesures ont également montré que l’océan est sous une couche de glace de 30 à 40 km d’épaisseur.
(NASA/JPL-Caltech)
Les geysers ne sont pas la seule preuve d’un océan de sous-surface sur Encelade. La région polaire sud présente une surface lisse, contrairement au reste de la lune qui est marquée avec des cratères. Quelque chose doit avoir lissé cette surface, puisqu’il est presque impossible que la région polaire sud soit exempte de cratères d’impact.
(NASA-JPL-Caltech-Space Science Institute)
En 2005, Cassini a détecté une région chaude dans le sud, beaucoup plus chaude que ce que ne pourrait apporter le rayonnement solaire qui, comme votre Guru l’indiquait plus haut, est presque à 100 % réfléchi par la surface glacée. La seule conclusion est qu’Encelade a une source de chaleur interne qui créerait suffisamment d’activité géologique pour effacer les cratères d’impact, mais il reste à la définir… cette chaleur pourrait provenir du frottement/ des frictions engendrées par des forces rotationnelles et orbitales, l’effet est appelé réchauffement par effet de marée. Dans le cas d’Encelade, ces forces provoquent des frottements qui se dissipent en chaleur. Cette chaleur maintient l’océan de sous-surface sous forme liquide, mais n’empêche pas la surface de se solidifier. Pour l’instant ce n’est qu’une piste et plusieurs processus pourraient intervenir dans le réchauffement de l’intérieur d’Encelade.
Ainsi, cette lune présente deux conditions qui permettraient à la vie de subsister : de l’eau liquide et de la chaleur. Il faut quand même noter que certains chercheurs (rabat-joies) doutent sérieusement qu’Encelade puisse héberger une vie extraterrestre.
Malheureusement Cassini n’en saura pas plus… elle arrive au terme de sa mission, tout en photographiant les jolies lunes de Saturne. Elle réalise actuellement des rase-mottes des anneaux de Saturne et devrait faire une plongée kamikaze dans l’atmosphère de Saturne en avril, terminant son périple de 13 ans dans le système saturnien.
Alors, pour pouvoir confirmer qu’Encelade héberge la vie, il faudra compter sur de futures missions qui sont actuellement seulement imaginées, comme de survoler les geysers pour les échantillonner et les ramener sur Terre ou d’atterrir sur la surface glacée pour la percée, une mission qui s’avère beaucoup moins probable que la première…
La dernière image d’Encelade sur le site du Jet Propulsion Laboratory de la NASA : Potentially Hospitable Enceladus.