Les principales phéromones humaines, que l’on peut retrouver dans certains parfums aphrodisiaques, n’en seraient pas
Lorsque nous évoquons l’instinct animal, les phéromones, ces substances chimiques qui affectent leur comportement, ne sont pas très loin.
Depuis des décennies, le débat fait rage quant à savoir si les humains pourraient également libérer et être sensible à leurs propres phéromones. Mais une nouvelle étude vient de fournir des preuves que les deux principales candidates au titre de “phéromones sexuelles humaines” n’en seraient pas.
Jusqu’à présent, les chercheurs pointaient du doigt deux composées qui auraient pu faire office de phéromones humaines : l’androstadiénone (AND), que l’on retrouve dans la sueur et le sperme des hommes et l’estratetraenol (EST), que l’on retrouve dans l’urine des femmes.
Mais alors, qu’en général, la science est restée sur la question de savoir s’il s’agit de véritables phéromones humaines, cela n’a pas empêché les médias et les parfumeurs de récupérer l’idée à leur bénéfice, ce qui a amené de nombreuses personnes à croire que, en tant qu’espèce, nous répondons aux signaux subtils des phéromones.
Dans une nouvelle étude en double aveugle (explications plus bas), des chercheurs de l’université d’Australie-Occidentale ont testé l’effet sur 94 humains en bonne santé et ont constaté que ces phéromones n’avaient aucun effet mesurable sur leur comportement.
Selon le responsable de la recherche, Leigh Simmons :
Une grande partie de la recherche actuellement en cours se concentre sur des études qui font référence à l’AND et à l’EST comme étant des phéromones chez les humains, en raison de la fascination de l’homme sur la façon dont nous pouvons améliorer notre attractivité pour le sexe opposé. Cela contribue à une perception biaisée du public sur la question de savoir si les humains ont des phéromones.
Dans cette nouvelle étude, l’équipe a recruté 43 hommes et 51 femmes et leur a demandé de remplir deux tâches à l’aide d’ordinateur deux fois, sur deux jours distincts.
Tous les participants étaient hétérosexuels et de race blanche et n’avaient aucune idée qu’ils participaient à une expérience sur les phéromones. Les examinateurs n’ont pas non plus effectué le test, ce qui en fait une étude en double aveugle, évitant ainsi toute influence.
Lors du premier test, on a demandé aux participants d’indiquer le sexe (masculin ou féminin) de cinq visages au caractère sexuel neutre (des images d’hommes et de femme fusionnées dans un logiciel). Le deuxième test a demandé aux participants de regarder des visages du sexe opposé et d’évaluer leur attractivité.
Ils ont répété ces tests sur deux jours distincts. Le premier jour, ils ont été exposés à un parfum de contrôle à travers une boule de coton scotchée sous leur nez et le deuxième jour, ils ont été exposés à l’AND ou à l’EST.
L’hypothèse était que si les produits chimiques auxquels ils étaient exposés au deuxième jour étaient vraiment des phéromones, alors les femmes volontaires qui avaient été exposées à la soi-disant phéromone sexuelle AND seraient plus susceptibles d’évaluer les visages neutres comme étant de sexe masculin et les hommes présentés dans la deuxième tâche comme plus attrayant. Les hommes exposés à l’EST devraient rendre des jugements similaires en ce qui concerne les images féminines.
Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Les résultats ont montré que l’exposition à l’AND ou à l’EST n’a pas du tout affecté les résultats, ce qui suggère que ces deux produits chimiques n’influent pas sur la façon dont les participants ont évalué l’attractivité du sexe opposé.
Bien sûr, il ne s’agit que d’une étude et elle ne suffit pas à rejeter toutes les précédentes recherches et les données sur les AND et les EST. Mais elle montre que la recherche sur ces deux substances chimiques n’est pas aussi claire que ce qu’il a été laissé croire au public.
Simmons admet qu’il croit encore que les humains ont des phéromones, mais que ce n’est pas l’une de ces deux substances chimiques.
Mais il y a encore beaucoup de chercheurs qui pensent (et qui ont promu l’idée) que l’AND et l’EST sont des phéromones, faisant valoir que l’effet serait plus subtil que ce à quoi nous nous attendons aujourd’hui.
Simmons espère que de futures études se pencheront sur d’autres possibilités, tout en continuant à enquêter sur ces deux options.
Cela montre la nécessité de mener davantage d’études dans ce domaine qui soient transparentes et objectives sur la façon dont ce menées les recherches, pour nous aider à fournir des résultats plus concluants et de savoir s’il y a effectivement des phéromones chez les humains.
L’étude publiée dans la revue Royal Society Open Science : Putative sex-specific human pheromones do not affect gender perception, attractiveness ratings or unfaithfulness judgements of opposite sex faces.
Lorsque j’étais étudiant, un prof d’anatomie nous expliquait que notre organe de Jacobson (récepteur des phéromones, encore présent chez l’animal) était trop atrophié et ne fonctionnait plus chez l’Homme.
Du coup on ne pouvait plus être influencés par ce genre de substance 🙂
Cher GuruMed auteurs et lecteurs,
Je suis second auteur de cet article et Française 😉
Je tenais tout d’abord à vous remercier de votre intérêt , je souhaiterais également vous apporter quelques importantes précisions sur la « double aveugle » nature de cette recherche.
Par double aveugle nous entendons que ni les participants, ni l’expérimentateur ne connaissent la vraie nature du traitement administré (AND ou EST), limitant ainsi les biais dues aux attentes émises par nos hypothèses ou celles des participants. L’analyse statistique du jeu de données a elle aussi été effectuée à l’aide d’un code pour les mêmes raisons d’objectivité.
Cordialement, Sophie SCHLATTER
Merci beaucoup pour ces précisions ! Et le s de « auteurs » est inutile. 🙂