L’espoir d’une vie sur l’exoplanète la plus proche de la Terre sans doute anéantie par les super éruptions stellaires de son étoile
Selon une nouvelle étude, l’exoplanète la plus proche de la Terre pourrait être durement touchée par des rayons ultraviolets, réduisant nos espoirs de pouvoir y trouver la vie.
Image d’entête : représentation artistique d’une puissante éruption de l’étoile naine rouge Proxima Centauri. (Roberto Molar Candanosa/ Carnegie Institution for Science, NASA/ SDO, NASA/JPL)
Désignée Proxima b, cette planète de masse terrestre découverte en 2016 tourne autour de la petite étoile Proxima Centauri, une naine rouge qui se trouve à 4,2 années-lumière de la Terre.
L’article du Guru au moment de sa découverte :
Et Proxima b orbite dans la « zone habitable » de son étoile, à la bonne distance, là où l’eau liquide pourrait théoriquement exister à la surface de ce monde.
La zone habitable (en vert) de l’exoplanète Proxima b en orbite autour de son étoile Proxima centauri (ESO/M. Kornmesser/G. Coleman)
Mais l’habitabilité ne se limite pas seulement au fait d’être dans la zone habitable, comme l’indique cette nouvelle étude. Une équipe de chercheurs analysant les observations de l’Evryscope, un réseau de petits télescopes de l’Observatoire interaméricain du Cerro Tololo dans les Andes chiliennes, rapporte que Proxima Centauri a émis une puissante super éruption stellaire dont la lumière a atteint le voisinage de la Terre en mars 2016.
L’explosion était 10 fois plus puissante que toute autre éruption de Proxima Centauri précédemment observée, et elle a brièvement augmenté la luminosité de l’étoile d’un facteur 68, selon les membres de l’équipe de l’étude. Ainsi, suite à l’éruption, des observateurs sur Terre sous un ciel nocturne auraient pu voir l’étoile à l’œil nu, ce qui est assez rare pour une naine rouge comme Proxima Centauri.
L’Evryscope a également repéré 23 autres éruptions moins puissantes de Proxima Centauri au cours des deux dernières années. Sur la base de ces observations, les chercheurs ont calculé que la naine rouge produit probablement des supers éruptions stellaires au moins 5 fois par an.
Une telle activité a probablement un effet profond sur Proxima b et son atmosphère. Les travaux de modélisation informatique de l’équipe ont suggéré que les éruptions répétées de Proxima Centauri réduiraient les concentrations d’ozone bloquant les UV, dans une atmosphère semblable à la Terre, de 90 % en seulement 5 ans et qu’elles enlèveraient complètement la substance de l’air en quelques centaines de milliers d’années. Cela ne veut pas dire que Proxima b a, ou n’a jamais eu, une atmosphère semblable à celle de la Terre. Rien n’est connu au sujet de l’air supposé de l’exoplanète.
Représentation de Proxima Centauri b, en orbite autour d’une naine rouge, qui tourne elle-même autour de l’étoile binaire Alpha Centauri. (ESO/ M. Kornmesser)
Selon les chercheurs dans leur nouvelle étude :
La lumière UV générée par la super éruption stellaire de mars 2016 a donc atteint la surface avec environ 100 fois l’intensité nécessaire pour tuer de simples micro-organismes résistants aux UV, suggérant que la vie aurait du mal à survivre dans les zones de Proxima b exposées à ces éruptions.
Ces nouveaux résultats renforcent le sentiment grandissant des astronomes et des astrobiologistes que les rayonnements pourraient constituer un obstacle majeur à l’établissement et à l’évolution de la vie sur Proxima b et sur d’autres planètes entourant des naines rouges. De précédentes études, par exemple, ont suggéré que ces éruptions pourraient dépouiller complètement les atmosphères de ces mondes au fil du temps, laissant leurs surfaces nues et exposées.
De tels dangers ne sont pas aussi élevés pour les mondes habitables autour des étoiles semblables au soleil, qui ont tendance à ne pas être aussi actifs. De plus, comme ces dernières sont plus chaudes que les naines rouges, leurs zones habitables sont plus éloignées, ce qui signifie que les mondes ayant le potentiel d’héberger la vie ne sont pas martelés aussi durement par des éruptions stellaires.
Néanmoins, selon Ward Howard, l’auteur principal de la nouvelle étude, nous ne devrions pas considérer les systèmes à naines rouges comme des demeures impossibles pour la vie. L’astronome cite notamment le manque de connaissances détaillées sur ces systèmes planétaires, ainsi que la résistance et la ténacité des organismes « extrêmophiles » ici sur Terre, qui ont surpris les chercheurs à maintes reprises.
L’étude en prépublication sur Arxiv : The first naked-eye superflare detected from Proxima Centauri.