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Qui a dépecé ce rhinocéros il y a 709 000 ans alors que l’humain n’en était pas encore un ?

3 Mai 2018 | 0 commentaires

Homini rhinoceros Philippines 18

Il y a plus de 700 000 ans, dans ce qui est aujourd’hui l’extrémité nord des Philippines, un ou plusieurs Hominini (les êtres humains et leurs ancêtres) ont dépecé un rhinocéros, ouvrant méthodiquement ses os pour accéder à la moelle nutritive qui s’y trouve, selon une nouvelle étude.

Image d’entête : un os d’animal traverse une ancienne argile sur le site de Kalinga à Luçon, aux Philippines. (Thomas Ingicco/ CNRS/ Mission Marche aux Philippines)

Il n’y a qu’un seul problème : la découverte est plus de dix fois plus vieille que tous les fossiles humains récupérés sur ces îles, et notre espèce n’avait même pas évolué aussi vite. C’était peut-être un hominini archaïque, un Homo erectus ou d’autres espèces aujourd’hui disparues. Mais il y a aussi un problème avec cette idée. Selon nos connaissances paléoanthropologiques, seule notre espèce, l’Homo sapiens, avait la capacité cognitive de construire des embarcations. Et pour atteindre l’île où le rhinocéros a été trouvé, vous avez besoin d’un bateau.

Qui a donc sucé la moelle des os du pauvre rhinocéros mort ?

Un seul os de pied d’environ 67 000 ans est actuellement le plus ancien fossile humain trouvé aux Philippines. Depuis plus d’un demi-siècle, cependant, certains paléoanthropologues ont émis l’hypothèse que des homininis ont atteint l’archipel beaucoup plus tôt. Le camp a révélé des outils en pierre et des restes d’animaux excavés séparément au milieu du 20e siècle, mais les détracteurs ont noté qu’il n’y avait pas d’association directe entre les outils et les os, et les trouvailles n’ont pas été rigoureusement datées.

À de nombreuses reprises au cours de notre histoire récente, la chute du niveau de la mer a exposé les surfaces terrestres maintenant sous l’eau, reliant des îles et même des continents les uns aux autres. Appelé pont terrestre, celui de Béringie est peut-être le plus célèbre, rejoignant ce qui est maintenant l’Alaska avec la Russie à plusieurs périodes dans le temps. Les ponts terrestres faisaient partie de la vaste étendue géographique entre la Chine, l’Asie du Sud-Est et l’Australie.

Ils ont permis aux animaux, ainsi qu’aux humains et d’autres membres de notre famille d’hominidés, de s’étendre dans des endroits qui sont maintenant des nations insulaires, comme l’Indonésie.  Mais bien que l’archipel philippin possédait autrefois plus de terres, plusieurs de ses îles n’ont jamais été rattachées au continent. Et c’est là que commence l’intrigue actuelle.

Des chercheurs du CNRS (Muséum national d’Histoire naturelle/ Université de Perpignan) travaillant sur un site dans la partie nord de l’île de Luçon rapportent la découverte de 57 outils en pierre trouvés avec plus de 400 os d’animaux, comprenant les restes presque complets d’un rhinocéros (Rhinoceros philippinensis, une sous-espèce mal connue).

En utilisant la méthode de datation par résonance électronique de spin sur de l’émail dentaire, l’équipe a établi que le rhinocéros avait environ 709 000 ans. Treize de ses os, selon les auteurs de l’étude, présentaient des signes de dépeçage, avec des coupures et des « marques de percussion » sur les deux humérus (os des membres antérieurs), ce qui est typique de l’écrasement d’un os pour accéder à la moelle. Hélas, aucun des os trouvés n’appartenait à un hominidé, qui aurait pu non seulement nous révéler l’identité du boucher, mais aussi confirmer que le dépeçage a eu lieu.

A partir de l’étude, les restes fossilisé du rhinocéros comportant des marques de coupes et de percussions. (Ignicco et col./ CNRS/ Nature)

Rhinocéros philippinensis 700000-18

.

Il y a eu à peu près la même problématique, il y a environ un an, suite à des révélations qui ont engendré une polémique, selon lesquelles un hominidé s’était occupé d’une carcasse de mastodonte dans ce qui est maintenant le sud de la Californie, il y a 130 000 ans, plus de 110 000 ans avant l’arrivée des humains sur le continent. Le scepticisme à l’égard de la découverte californienne se poursuit, la dernière fois en février dans un article publié dans Nature, et il est peu probable que cette revendication soit prise au sérieux, à moins qu’un fossile d’hominidé n’apparaisse.

La découverte récente de Kalinga est, à bien des égards, tout aussi perturbante, même si les outils du site semblent manifestement façonner par un hominininoïde que ceux du site californien.

Si nous acceptons que Kalinga fût en effet un site de dépeçage, où qu’au moins un hominini ait transformé la carcasse d’au moins un animal. Alors la question devient : quel hominini ?

Il n’y a aucune preuve que l’H. sapiens soit proche des 700 000 ans et plus. Bien que les chercheurs repoussent la date de l’émergence de notre espèce, même la modélisation génétique la plus avancée place la naissance de notre espèce à 600 000 ans environ. De plus, les plus anciens fossiles classés comme appartenant à l’H. sapiens, de Jebel Irhoud au Maroc, ont environ 300 000 ans, et même les appeler H. sapiens a suscité des controverses.

La découverte des fossiles des plus anciens homo sapiens remet en question le calendrier de notre évolution

Bien que sa face semble étonnamment moderne, la forme plus basse et plus allongée du cerveau de l’hominidé de Jebel Irhoud suggère que ces individus avaient un cervelet plus petit, dépourvut des capacités cognitives avancées des humains modernes. En fait, seuls des humains anatomiquement modernes comme vous et moi peuvent se vanter d’avoir un cerveau aussi gros avec un cervelet surdimensionné qui nous distingue des autres hominidés.

Parce que le cervelet est lié, entre autres, à la créativité et à la motricité fine, le fait que les Néanderthaliens et d’autres homininis disposaient de versions plus petites est l’une des raisons pour lesquelles bon nombre de chercheurs pensent que seul l’H. sapiens étaient capable de processus complexes… des processus tels que la construction d’un bateau et la traversée d’un point A à un point B. Il est ainsi raisonnable d’exclure l’H. sapiens à Kalinga, ainsi que les Néandertaliens et les Dénisoviens, qui eux aussi n’avaient pas encore évolué.

Ainsi, cela ne laisse que d’anciens/ archaïques hominidés, comme l’Homo erectus ou un autre membre encore inconnu de notre arbre généalogique, capable de naviguer en eau libre jusqu’à Luzon. Nous ne saurons donc pas avec certitude qui a profité d’une collation de moelle de rhinocéros il y a 709 000 ans tant que nous n’aurons pas trouvé leurs os fossilisés.

L’étude publiée dans Nature : Earliest known hominin activity in the Philippines by 709 thousand years ago.

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