Cela ne devrait surprendre personne que l’on vient de trouver des résidus de plastiques dans les selles humaines
L‘une des nombreuses raisons de s’inquiéter du problème monumental de la pollution plastique est l’incertitude entourant ses effets lorsqu’elle est consommée par les organismes, y compris les humains. Les scientifiques ont déjà soupçonné qu’il peut pénétrer dans notre ventre par la consommation de fruits de mer, et une étude récente a confirmé sa présence dans 93 % de l’eau embouteillée et même, encore plus récemment, chez les moustiques. Cette nouvelle étude ne fera rien pour dissiper ces craintes, décrivant pour la première fois la présence de divers microplastiques dans des échantillons de selles humaines à travers le monde.
Image d’entête : un morceau de microplastique rectangulaire bleu visible sur le doigt de Julie Masura, chercheuse au programme de sciences environnementales de l’université de Washington-Tacoma et qui n’a pas participé à cette étude. (Ted S. Warren)
La recherche a été menée par des scientifiques de l’université de médecine de Vienne en collaboration avec l’Agence autrichienne pour l’environnement, qui a travaillé avec un groupe de 8 participants venus de Finlande, d’Italie, du Japon, de Pologne, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de Russie et d’Autriche.
Pour ce faire, les sujets devaient tenir un journal de leur alimentation pendant une semaine, puis faire analyser leurs selles par la suite. Six d’entre eux consommaient du poisson de mer à cette époque, et aucun n’était végétarien, tandis que tous consommaient des aliments emballés dans du plastique et buvaient dans des bouteilles en plastique.
Les scientifiques indiquent que des microplastiques ont été retrouvés dans chaque échantillon de selles, avec jusqu’à 9 types de plastique différents identifiés dans chacun. Le polypropylène (PP) et le Polytéréphtalate d’éthylène (PET) étaient les plus courants et les fragments avaient une taille comprise entre 50 et 500 micromètres. En moyenne, ils ont trouvé 20 particules par 10 g de selles.
Selon le responsable de cette recherche, le Dr Philipp Schwabl :
Il s’agit de la première étude de ce genre et elle confirme ce que nous soupçonnons depuis longtemps, à savoir que les plastiques finissent par atteindre l’intestin humain.
Ce que cela signifie pour nous, et en particulier pour les patients atteints de maladies gastro-intestinales, est particulièrement préoccupant. Bien que les concentrations plasmatiques les plus élevées dans les études animales aient été trouvées dans l’intestin, les plus petites particules microplastiques sont capables de pénétrer dans la circulation sanguine, le système lymphatique et peuvent même atteindre le foie. Maintenant que nous avons les premières preuves de microplastiques à l’intérieur des humains, nous avons besoin de plus de recherche pour comprendre ce que cela signifie pour la santé humaine.
Schwabl a présenté ses travaux de recherche lors de la 26e Semaine européenne de la gastroentérologie (United European Gastroenterology conference) à Vienne cette semaine.