Découverte du premier hybride béluga-narval reconnu à ce jour
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Un crâne longtemps soupçonné d’appartenir à un rare hybride de l’arctique a vu sa biologie inhabituelle confirmée par une analyse ADN.
Image d’entête : représentation de ce à quoi l’hybride pouvait ressembler, avec insertion du crâne. (Markus Bühler)
Des scientifiques danois et canadiens ont rapporté les premières preuves connues d’une hybridation potentielle entre le béluga (Delphinapterus leucas) et le narval (Monodon monoceros).
A gauche, béluga (Delphinapterus leucas) et à droite, narval (Monodon monoceros). (Wikipédia)
La technologie moderne leur a permis d’analyser les gènes d’un crâne de cétacé trouvé dans l’ouest du Groenland en 1990 et conservé depuis lors au Musée d’histoire naturelle du Danemark.
Après avoir comparé l’ADN extrait des dents du crâne avec l’ADN des génomes de 8 bélugas et de 8 narvals vivants de la même région, ils ont déterminé qu’il s’agissait d’une descendance de première génération d’un narval mâle et d’une femelle, et d’environ 54 % de bélugas.
Selon les scientifiques dans leur étude :
Notre découverte d’hybridation entre les bélugas et les narvals est inattendue, car une analyse génomique récente a montré que le flux génétique entre les deux espèces a cessé il y a 1,25-1,65 million d’années.
Cependant, l’hybridation entre espèces de cétacés est relativement courante ; il existe au moins 16 cas d’hybridation entre espèces de cétacés sauvages ou en captivité.
Crâne de (a) béluga, (b) l’hybride analysé dans l’étude, et (c) narval. (Mikkel Høegh Post/ Musée d’histoire naturelle du Danemark)
La recherche a été menée par Mikkel Skovrind et Eline Lorenzen de l’université de Copenhague au Danemark.
Avec leurs collègues, ils ont utilisé le rapport entre le nombre de chromosomes X et le nombre de chromosomes non sexuels, une méthode courante pour déterminer le sexe d’un individu, pour déduire que l’hybride était un mâle.
L’analyse du génome mitochondrial, hérité exclusivement de lignées maternelles, suggère que la mère de l’hybride était un narval.
Les auteurs ont également analysé les isotopes du carbone et de l’azote contenus dans le collagène osseux extrait du crâne et ils l’ont comparé à un panel de référence de 18 crânes de narval et 18 crânes de béluga. La concentration d’isotopes du carbone dans les échantillons était plus élevée que dans les autres crânes, ce qui suggère que le régime alimentaire de l’hybride était différent de celui des deux espèces “mères”.
Les chercheurs en déduisent que l’animal se nourrissait plus près du fond de la mer, dans la zone benthique, que le narval ou le béluga.
Les bélugas, aussi appelés baleines blanches, et les narvals, qui ne possèdent qu’une seule grande corne, sont les seuls représentants de la famille des Monodontidae. Avec la baleine boréale (Balaena mysticetus), ce sont les trois seules des 89 espèces de cétacés qui subsistent dans les eaux arctiques toute l’année.
Les bélugas et les narvals font la même taille, ils atteignent entre 3,5 et 5,5 mètres de longueur, et ils ont des habitudes migratoires et d’accouplement semblables, mais il existe aussi des différences importantes, notamment dans l’apparence, dans la sélection des proies et dans les capacités de plongée.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Hybridization between two high Arctic cetaceans confirmed by genomic analysis et présentée sur le site de l’université de Copenhague : Danish researchers confirm that narwhals and belugas can interbreed.