Mieux vaut des radiations qu’une présence humaine : les animaux semblent paisiblement prospérer sur le site nucléaire de Fukushima Daiichi
Selon le début d’une nouvelle étude de l’université de Géorgie (États-Unis) :
L’utilisation anthropique (par l’humain) des terres a profondément affecté une grande partie de la surface terrestre, contribuant à l’extinction généralisée d’espèces, à la perte de biodiversité et à des effets en cascade sur les écosystèmes. Ces effets du changement d’utilisation des terres devraient s’aggraver à mesure que la population humaine continue de croître.
Ça a l’air plutôt sinistre, non ? Et ça l’est, mais les auteurs continuent en soulignant que certains écosystèmes ont montré une remarquable résilience/ résistance lorsqu’ils ont été libérés de ces pressions anthropiques.
C’est généralement le résultat du travail de préservation/ conservation, mais parfois le monde réagit de la façon la plus paradoxale. Comme l’ont constaté les chercheurs de l’université de Géorgie, près d’une décennie après l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi, le 11 mars 2011, les populations d’animaux sauvages sont abondantes dans les zones dépourvues de vie humaine.
Image d’entête, à partir de l’étude : macaques sur le site de Fukushima et ci-dessous, un sanglier. (Université de Géorgie)
Et nous avons déjà vu ça, Tchernobyl est devenu un » refuge accidentel de la faune » qui grouille d’animaux. Il y a même des visites de la faune sauvage là-bas maintenant.
James Beasley, biologiste de la faune à l’université de Géorgie, dit que les gens s’interrogent depuis des années sur la situation de la faune après des accidents nucléaires comme ceux de Tchernobyl et de Fukushima, et les recherches de son équipe visent à répondre à certains de ces mystères.
Selon Beasley, professeur agrégé au Savannah River Ecology Laboratory et à la Warnell School of Forestry and Natural Resources :
Nos résultats représentent la première preuve que de nombreuses espèces sauvages sont maintenant abondantes dans la zone d’évacuation de Fukushima, malgré la présence d’une contamination radiologique.
L’équipe, qui comprenait également Thomas Hinton, professeur à l’Institut de la radioactivité environnementale de l’Université de Fukushima (Japon), a utilisé les données photographiques de 106 sites de caméra provenant de trois zones : zones interdites aux humains, zones restreintes aux humains et zones habitées par les humains.
Ils ont inclus des animaux pour lesquels ils ont observé au moins 80 individus, et la ménagerie comprend toutes sortes d’animaux, du sanglier, du chien viverrin, du lièvre du japon et du macaque au raton laveur, à la Civette palmiste à masque, au blaireau japonais, au saros et au renard roux.
Un saros sur le site de Fukushima. (Université de Géorgie)
Les espèces qui sont souvent en conflit avec l’homme, en particulier le sanglier, ont surtout été observées par caméra dans des zones ou des régions qui ont été évacuées. Plus de 26 000 images de sangliers ont été prises dans la zone inhabitée, contre quelque 13 000 dans la zone restreinte et 7 000 dans la zone habitée.
Toujours selon Beasley :
Cela suggère que ces espèces ont augmenté en abondance suite à l’évacuation des populations. Parmi les autres animaux qui affluent dans les zones inhabitées ou restreintes, citons les ratons laveurs, la martre japonaise et les singes japonais.
Bien sûr, la question du moment est la suivante : Comment vont ces animaux ? Hélas, cette étude n’avait pas pour but de traiter de la santé et des radiations, mais plutôt de contrôler la taille des populations de ces animaux.
Cette recherche apporte une contribution importante parce qu’elle examine les impacts radiologiques sur les populations d’animaux sauvages, alors que la plupart des études précédentes ont cherché à déterminer les effets sur des animaux individuels.
Il est difficile de dire ce que l’avenir réserve aux animaux qui vivent dans ces oasis ravagées, mais peut-il être pire que de disparaître à cause de l’utilisation anthropique des terres ?
L’étude publiée dans The Journal of Frontiers in Ecology and the Environment : Rewilding of Fukushima’s human evacuation zone et présentée sur le site de l’université de Géorgie : Study shows animal life thriving around Fukushima.