Une thérapie génique permet d’inverser la perte de mémoire chez des souris atteintes de la maladie d’Alzheimer
En Australie, des scientifiques ont fait une percée remarquable dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer, en démontrant ce qu’ils décrivent comme la première approche basée sur la thérapie génique pour traiter les formes avancées de la maladie. Grâce à des expériences sur des souris, l’équipe a pu montrer comment l’activation d’une enzyme clé dans le cerveau peut prévenir le type de perte de mémoire associé aux formes avancées de la maladie d’Alzheimer, et même l’inverser.
Image d’entête : extrait issue d’une simulation présentant comment la maladie d’Alzheimer se propage dans le cerveau sur une période de 30 ans. (Université Stanford)
La recherche a été menée à l’université Macquarie (Australie), où des chercheurs sur la démence et les frères Lars et Arne Ittner étudiaient le rôle d’une enzyme dans le cerveau appelée p38gamma. Lors de précédentes recherches, les frères Ittner avaient montré qu’en activant cette enzyme chez des souris atteintes de démence avancée, ils pouvaient modifier une protéine qui empêche le développement des symptômes de la maladie d’Alzheimer.
En s’appuyant sur ces résultats, les scientifiques ont mené des expériences sur des souris atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé pour voir non seulement comment le déclin cognitif pourrait être ralenti, mais aussi comment la fonction de cette enzyme protectrice pourrait être rétablie à des niveaux normaux pour un bénéfice encore plus grand.
Selon Lars Ittner :
L’activité enzymatique naturellement protectrice dans le cerveau est malheureusement perdue au fur et à mesure que l’on progresse dans la maladie d’Alzheimer, donc plus on perd de la mémoire, plus on perd aussi cet effet protecteur naturel.
Les chercheurs ont découvert qu’en introduisant du matériel génétique, ils pouvaient activer l’enzyme p38gamma d’une manière qui non seulement stoppait le déclin de la mémoire chez les souris, mais améliorait activement leur mémoire malgré la nature avancée de leur maladie.
Toujours selon Lars Ittner :
Nous avons été complètement surpris. Ils ont en fait retrouvé leur fonction de mémorisation et leur capacité d’apprentissage. Ainsi, deux mois après que nous ayons traité les souris à un âge très avancé, celles-ci se sont soudainement comportées comme leurs congénères normaux. Nous étions vraiment ravis. Il n’existe aucune thérapie comparable et aucune autre thérapie génique non plus.
Bien que passionnant, il y a beaucoup à faire avant que ce type de thérapie n’entre en usage clinique. Des travaux sont en cours pour déterminer la meilleure voie vers les essais cliniques, l’équipe envisageant une commercialisation par la suite, peut-être dans 5 à 10 ans. Et le potentiel de la technique pourrait ne pas s’arrêter à la maladie d’Alzheimer, l’équipe espérant qu’elle pourrait s’avérer utile dans le traitement d’autres maladies liées à la démence, comme la démence fronto-temporale, qui touche généralement des personnes entre 40 et 65 ans.
Selon Arne Ittner :
Le cerveau est une boîte noire et certains jours, nous avons la chance d’avoir un aperçu de son fonctionnement et nous apprenons que nous pouvons interférer avec le mécanisme de cette boîte noire. Nous avons maintenant une compréhension détaillée des mécanismes impliqués jusqu’aux acides aminés, ce qui est tout à fait inédit.
L’étude sera publiée dans la revue Acta Neuropathologica en septembre et la recherche est présentée sur le site de l’université Macquarie : New hope as dementia therapy reverses memory loss.