Les preuves d’une 9e planète en bordure de notre système solaire ne seraient qu’une illusion
Le Guru revient demain (19.02), peut-être même ce soir, pour faire notamment un point atterrissage de l’astromobile Perseverance sur Mars, une étape qui se déroulera ce soir à partir de 21h00. Le Live de la NASA disponible ici.
Depuis des années, une équipe d’astronomes soutient une théorie controversée selon laquelle une neuvième planète tournerait autour du Soleil sur une orbite située au-delà de Neptune.
Image d’entête : représentation de la 9e planète. (Caltech/R. Hurt (IPAC))
Leur preuve : des amas/ regroupements d’objets transneptuniens extrêmes (OTNE) semblent orbiter ensemble, autour de ce qu’ils supposent être un objet massif tapi au fin fond de notre système stellaire.
L’orbite des 6 objets transneptuniens de la ceinture de Kuiper et celle supposée de la 9e planète (Caltech/R. Hurt (IPAC)
Depuis 2016, Mike Brown et Konstantin Batygin du California Institute of Technology (Caltech/ Etats_Unis) ont soutenu que le comportement erratique d’un amas inhabituel d’OTNE en orbite autour du Soleil sur des orbites extrêmement inclinées et allongées pourrait s’expliquer par les forces gravitationnelles d’une hypothétique 9e planète, un corps céleste d’environ dix fois la masse de la Terre.
Votre Guru l’a déjà largement évoqué dans ses articles (du plus ancien au plus récent) :
- Une neuvième planète dans notre système solaire pour oublier la perte de Pluton (2016)
- Une nouvelle preuve de la présence d’une 9e planète dans notre système solaire
- Si elle existe, à quoi ressemblerait la 9e planète de notre système solaire ? (+MAJ 11.04)
- Et si l’hypothétique Planète 9 était une exoplanète subtilisée par notre système solaire ?
- L’hypothétique 9e planète pourrait avoir fait pencher l’ensemble du système solaire et nous pourrions bientôt l’apercevoir
- La 9e planète du système solaire serait la super-Terre qui lui manque
- Et si l’hypothétique 9e planète de notre système solaire n’était qu’un amas de roche
- Une alternative à la 9e planète pour expliquer les étranges orbites d’objets éloignés aux confins de notre système solaire
- Des astronomes fournissent de nouveaux détails sur la nature et l’emplacement supposés d’une 9e planète dans notre système solaire
- Et si l’hypothétique Planète 9 était un trou noir ?
- Le Soleil était-il accompagné d’une jumelle… qui aurait capturé l’hypothétique planète 9 ? (2020)
Mais beaucoup d’autres scientifiques pensent différemment. Tout récemment, une équipe d’astronomes dirigée par Kevin Napier de l’Université du Michigan a cherché à savoir si ce que Brown et Batygin ont observé était simplement dû à un biais de sélection. En d’autres termes, ils ont vu les OTNE se comporter de manière particulière en fonction de l’endroit où ils regardaient, n’observant qu’un petit sous-ensemble d’OTNE sans tenir compte de la population plus large.
Pour compliquer les choses, les OTNE sont toujours entourés de mystère. Par nature, ils sont extrêmement difficiles à observer puisqu’ils sont très éloignés. La meilleure façon de les repérer est lorsqu’ils passent à proximité du système solaire intérieur au cours de leurs orbites inhabituelles, mais même dans ce cas, il est difficile de les distinguer devant la Voie lactée, relativement lumineuse.
Ce que nous savons, c’est qu’ils sont nombreux dans notre système stellaire. En mars 2020, les chercheurs ont utilisé les données du Dark Energy Survey, une étude infrarouge qui étudie l’expansion de l’univers, pour cataloguer plus de 300 « planètes mineures » au-delà de l’orbite de Neptune (ci-dessous).
Pour lancer la tâche ardue de tester la théorie du regroupement/ agrégation (clustering) des OTNE de Batygin, l’équipe de Napier a utilisé trois relevés différents qui font appel à une variété de télescopes différents pour observer 14 OTNE également distants.
Comme l’explique leur étude publiée cette semaine (lien plus bas), l’équipe a conclu que les données des trois études ne présentaient pas suffisamment de preuves pour un regroupement, l’argument fondamental utilisé par Brown et Batygin pour élaborer leur théorie de la Planète Neuf.
En fait, l’analyse de Napier et de son équipe n’a pas exclu la possibilité que les OTNE soient uniformément distribués dans tout notre système solaire, ce qui aurait effectivement fait une brèche dans la théorie de la planète neuf.
Selon Napier :
Cette agrégation est une conséquence de l’endroit où nous regardons et du moment où nous regardons. Il n’y a pas besoin d’un autre modèle pour faire correspondre les données.
Batygin a défendu sa position en soulignant que l’analyse de Napier ne pouvait pas « distinguer entre une distribution groupée et une distribution uniforme ».
Les recherches de Napier et de son équipe ne sont pas une réponse définitive à la question de savoir si la planète 9 existe ou non, surtout si l’on considère la taille de l’échantillon de seulement 14 OTNE. L’équipe espère que l’Observatoire Vera-C.-Rubin, un télescope qui devrait entrer en service en 2023, pourrait apporter des données sur le mouvement erratique des objets transneptuniens extrêmes.
Et peut-être pourrons-nous alors dire de façon plus concluante s’il y a une neuvième planète en orbite autour de notre Soleil.
Le document à paraître et qui attend d’être revu par les pairs a été prépublié sur arXiv : No Evidence for Orbital Clustering in the Extreme Trans-Neptunian Objects. Mike Brown a depuis publié une objection à l’étude des chercheurs, ici : Is Planet Nine finally dead?