Mission EnVision : l’Agence spatiale européenne convoite également Vénus
Il n’y a pas que les deux prochaines missions des Etats-Unis avec la NASA qui convoitent Vénus. L’Agence Spatiale Européenne (ESA) a choisi EnVision comme prochain orbiteur pour la “jumelle maléfique de la Terre”. Cette sonde robotique destinée à l’espace lointain, dont le lancement au sommet d’une fusée Ariane 6 est prévu entre 2031 et 2033, effectuera une étude complète de Vénus afin de comprendre pourquoi les deux planètes sont si différentes.
Image d’entête : Représentation artistique de la mission EnVision de l’ESA sur Vénus. (ESA/ VR2Planets/ DamiaBouic)
L’une des grandes surprises de l’ère spatiale fut la découverte, par les premières sondes du programme Mariner de la NASA, que Vénus et la Terre, qui semblent si ressemblantes, sont en fait radicalement différentes. Une spéculation courante dans la première moitié du 20e siècle était que, parce que Vénus est un peu plus petite que la Terre et se trouve à l’intérieur de ce que nous appelons aujourd’hui la zone habitable, la bande du système solaire où l’eau à l’état liquide peut subsister, elle était très probablement habitable. Certains, parmi les plus imaginatifs, ont même émis l’hypothèse que Vénus était couverte de marécages tropicaux habités par des dinosaures vénusiens…
Vénus par la sonde Venus Express. (ESA)
Au lieu de cela, les sondes ont révélé un monde sec avec une atmosphère de dioxyde de carbone 90 fois plus dense que celle de la Terre, des pluies d’acide sulfurique et une température de surface suffisamment chaude pour faire fondre le plomb. La question est : pourquoi ? Quels sont les facteurs qui ont permis à la Terre de devenir un monde humide et habitable, alors que Vénus est devenue si toxique ?
Cinquième mission de classe moyenne de l’ESA dans le cadre de son programme Cosmic Vision, Envision travaillera avec les prochaines sondes pour Vénus de la NASA et le Deep Space Network de l’agence américaine pour étudier la planète, de son noyau à sa haute atmosphère, afin de dresser un profil complet de Vénus et de son évolution, et de répondre à des questions telles que : Vénus est-elle encore géologiquement active, avec des volcans en activité ?
Représentation de la mission EnVision. (ESA/ NASA / JAXA / ISAS / DARTS / Damia Bouic / VR2Planets)
Pour cette étude, Envision transportera le radar à synthèse d’ouverture (VenSAR) de la NASA pour cartographier la surface, ainsi que les spectromètres VenSpec-M, VenSpec-H et VenSpec-U de diverses organisations spatiales européennes, qui étudieront les gaz à l’état de traces dans l’atmosphère et à la surface qui pourraient être liés à une activité volcanique. En outre, la France fournira le radar de sondage de subsurface (SRS) pour sonder l’intérieur de la croûte de la planète, et la France et l’Allemagne mèneront une expérience de radioscience pour sonder la structure de Vénus et son champ gravitationnel.
Représentation artistique de la sonde EnVision déployant ses intruments. (ESA)
EnVision entre maintenant dans la phase de « définition », au cours de laquelle la conception de base et les instruments du satellite seront sélectionnés avant le début de la fabrication officielle. Après le lancement, la sonde mettra 15 mois pour atteindre Vénus et 16 mois supplémentaires pour se placer sur son orbite circulaire finale de 92 minutes à une altitude comprise entre 220 et 540 km, grâce à une série de manœuvres d’aérofreinage. SelonGünther Hasinger, directeur scientifique de l’ESA :
EnVision bénéficie d’une collaboration avec la NASA, combinant l’excellence de l’expertise européenne et américaine en matière de science et de technologie de Vénus, pour créer cette mission ambitieuse. EnVision renforce encore le rôle de l’Europe dans l’exploration scientifique du système solaire. Notre flotte de missions en pleine expansion nous donnera, ainsi qu’aux générations futures, les meilleurs aperçus jamais obtenus sur le fonctionnement de notre voisinage planétaire, ce qui est particulièrement pertinent à une époque où nous découvrons de plus en plus de systèmes d’exoplanètes uniques.
Sur le site de l’ESA : ESA selects revolutionary Venus mission EnVision et le site dédié à la mission EnVision.