Un cimetière du Jurassique contenant les plus anciennes preuves attestant de l’existence de troupeaux de dinosaures
Des chercheurs des Etats-Unis (MIT), d’Argentine et d’Afrique du Sud ont publié cette semaine une étude sur l’activité d’un groupe de dinosaures. Cette recherche révèle qu’ils se déplaçaient en troupeaux et ce, bien plus tôt qu’on ne le pensait, dès 193 millions d’années.
Image d’entête : reconstruction artistique d’un nid de Mussaurus patagonicus. (Jorge Gonzalez)
Un seul site fossile contenant les restes de dizaines d’individus de différents groupes d’âge est la plus ancienne preuve que les dinosaures à long cou et à quatre pattes vivaient en troupeaux.
Une équipe dirigée par Diego Pol du Musée de paléontologie Egidio Feruglio a découvert les fossiles dans la formation Laguna Colorada en Patagonie, en Argentine. Ils appartiennent au Mussaurus patagonicus, un sauropode à long cou du Jurassique inférieur qui se tenait sur quatre pattes. Au cours des 15 dernières années, l’équipe a mené des recherches et des fouilles sur le site fossilifère, ce qui a permis de découvrir plus de 100 œufs et près de 80 squelettes de Mussaurus.
Les fossiles, dispersés dans une aire de reproduction apparente, couvrent l’ensemble du cycle de vie du dinosaure, depuis les embryons encore cachés dans les œufs jusqu’aux adultes en pleine croissance.
Des paléontologues argentins ont découvert une communauté de dinosaures en Patagonie, notamment un nid contenant des œufs de la taille de poule, comme celui présenté ici. En utilisant l’imagerie à rayons X, les scientifiques ont scanné les œufs pour découvrir des squelettes d’embryons préservés, qu’ils ont utilisés pour confirmer que les fossiles appartenaient au dinosaure phytophage Mussaurus patagonicus. (Roger Smith/ Vincent Fernandez)
Fait incroyable, les fossiles étaient regroupés par âge, signe que ces gigantesques herbivores vivaient en troupeaux. Datant d’environ 192 millions d’années, ces fossiles précèdent d’environ 40 millions d’années les précédentes preuves de ce comportement social complexe chez les dinosaures.
Le lieu de reproduction commun du Mussaurus était situé sur les bords d’un lac asséché. Le climat était chaud et des signes de sécheresse indiquent une cause possible de décès et expliquent pourquoi certains dinosaures ont été enterrés par la poussière soulevée par le vent.
La plupart des œufs ont été regroupés en grappes contenant entre 8 et 30 œufs et placés le long d’une série de fossés suggérant un lieu de reproduction commun. L’imagerie à rayons X a permis d’identifier les embryons comme appartenant au Mussaurus.
Nid avec des œufs fossilisés de Mussaurus patagonicus. (Diego Pol)
L’analyse des squelettes fossilisés a révélé la surprenante présence de groupes d’âge spécifiques, dont un groupe de 11 juvéniles (tous âgés de moins d’un an), un groupe de neuf adolescents et deux adultes. La découverte de groupes d’âges spécifiques est une preuve potentielle que les Mussaurus vivaient en troupeaux tout au long de leur vie et qu’ils préféraient fréquenter des congénères d’un âge similaire.
Reconstruction artistique de l’aire de reproduction du Mussaurus patagonicus. (Jorge Gonzalez)
Le Mussaurus était minuscule à sa naissance, le squelette entier tient dans la paume de la main, mais les adultes pesaient 1,5 tonne, soit à peu près le poids d’un hippopotame. Selon les chercheurs, les modèles de mouvements quotidiens, la vitesse et la recherche quotidienne de nourriture étaient probablement très différents chez les nouveau-nés, les jeunes et les adultes. Il est courant que les animaux d’un groupe de même taille traînent ensemble et coordonnent leurs activités. C’est particulièrement le cas pour les jeunes qui sont petits, inexpérimentés et donc plus vulnérables aux attaques des prédateurs.
L’étude publiée cette semaine dans Scientific Reports : Earliest evidence of herd-living and age segregation amongst dinosaurs et présentée sur le site du Massachusetts Institute of Technology (MIT) : Dinosaurs may have lived in social herds as early as 193 million years ago.
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