Une vaste étude sur les chiens de compagnie montre que la race ne permet pas de prédire leur comportement
La façon dont nous associons certains traits de comportement à certaines races peut jouer un rôle déterminant dans nos relations avec les chiens. Une nouvelle et fascinante étude fournit des preuves irréfutables que tout n’est pas ce qu’il semble être quand il s’agit de tels stéréotypes, démontrant que les raisons génétiques des différents traits de comportement sont apparues des milliers d’années avant l’avènement des races de chiens modernes.
Si la divergence entre les chiens et les loups remonte à 15 000 ans, ce n’est qu’au XIXe siècle que les humains ont commencé à sélectionner leurs compagnons sur la base de certains traits physiques et esthétiques que nous associons aux races modernes. Ces traits sont toujours considérés comme des indicateurs fiables du tempérament et du comportement d’un chien, certaines races étant perçues comme faciles à dresser, affectueuses ou très actives, par exemple.
Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), de l’université Harvard et de la Chan Medical School de l’Université du Massachusetts (États-Unis) ont cherché à combler ce qu’ils considèrent comme une lacune dans la connaissance de cette relation, en soulignant le manque d’études génétiques reliant les comportements à l’ascendance. Pour ce faire, ils ont analysé les séquences génomiques de plus de 2 000 chiens et ont rapproché les données de 200 000 réponses à des enquêtes menées auprès de propriétaires sur le comportement et les caractéristiques physiques de leur animal, couvrant 78 races différentes.
Cette analyse a révélé que les traits comportementaux étaient influencés par une combinaison de facteurs environnementaux et de la génétique du chien, mais que la classification moderne des races ne joue qu’un rôle mineur. L’équipe a identifié 11 régions uniques dans le génome du chien qui étaient fortement liées au comportement, et elle a constaté qu’aucune d’entre elles n’était spécifiquement associée à une race moderne particulière. En fait, l’équipe a conclu que la contribution d’une race au comportement d’un chien était négligeable, de l’ordre de 9 %.
Selon la coauteure de l’étude, Elinor Karlsson de la Chan Medical School :
Si la génétique joue un rôle dans la personnalité de chaque chien, la race spécifique du chien n’est pas un bon prédicteur de ces traits. La personnalité et le comportement d’un chien sont façonnés par de nombreux gènes ainsi que par ses expériences de vie. Cela en fait des traits difficiles à sélectionner par l’élevage.
Certains comportements étaient plus fortement associés à d’autres facteurs que la race. Par exemple, l’âge était un meilleur indicateur de la probabilité qu’un chien joue avec ses jouets, tandis que le sexe du chien était un meilleur indicateur de la possibilité qu’il lève la patte pour uriner. Les scientifiques n’ont pas non plus été en mesure de trouver des comportements exclusifs à une race donnée. Les labradors, par exemple, ont le moins tendance à aboyer, mais 8 % des propriétaires ont tout de même signalé ce comportement.
Toujours selon Karlsson :
La majorité des comportements que nous considérons comme des caractéristiques de certaines races de chiens modernes sont très probablement le résultat de milliers d’années d’évolution, du loup au chien sauvage, puis au chien domestiqué, et enfin aux races modernes. Ces traits héréditaires sont antérieurs de plusieurs milliers d’années à notre concept de races de chiens modernes. Chaque race a hérité de la variation génétique portée par ces anciens chiens, mais pas toujours exactement aux mêmes fréquences. Aujourd’hui, ces différences se manifestent par des différences de personnalité et de comportement observées chez certains chiens d’une même race, mais pas chez tous.
Il est intéressant de noter que l’étude suggère également qu’il y a peu de différences dans certains comportements entre les chiens de race mixte et les chiens pure race. Si l’aptitude à l’obéissance, c’est-à-dire la façon dont ils réagissent aux ordres de l’humain, est plus susceptible d’être corrélée à la race, lorsqu’il s’agit de choses comme la sociabilité avec ce dernier et la probabilité qu’ils soient effrayés, la race n’entre pratiquement pas en ligne de compte.
Dans la plupart des cas, les races pures ne sont que subtilement différentes des autres chiens. Bien que l’amabilité soit le trait que nous associons généralement aux golden retrievers, nous avons constaté que les critères de définition d’un golden retriever, ce qui fait qu’un golden retriever est un golden retriever, sont ses caractéristiques physiques, la forme de ses oreilles, la couleur et la qualité de sa fourrure, sa taille ; et non le fait qu’il soit amical. Un golden retriever n’est que marginalement plus susceptible d’être plus amical qu’un chien de race mixte ou qu’un autre chien de race pure, tel qu’un teckel.
L’étude publiée dans Science : Ancestry-inclusive dog genomics challenges popular breed stereotypes et présentée sur le site du Broad Institute : Dog genetics suggest that behavior is more than just breed.