Les cafards évoluent et préfèrent le sexe au sucre, ce qui ne nous arrange pas
Il semble que nous ne soyons pas les seuls à essayer de réduire notre consommation de sucre. Selon une nouvelle étude, les cafards, en particulier la blatte germanique (Blattella germanica), l’un des insectes nuisibles les plus répandus dans le monde, évoluent vers un régime sans glucose, et ce n’est pas parce qu’ils essaient de perdre du poids, mais parce qu’ils apprennent à éviter les pesticides.
Image d’entête : les blattes femelles grignotent la version cafard du chocolat lors d’un rituel de préaccouplement. Ce rituel tourne parfois mal lorsque les femelles averses au glucose mélangent leur salive avec le cadeau du mâle. (Université d’État de Caroline du Nord)
Les pesticides sont fabriqués avec du glucose pour masquer leurs ingrédients toxiques moins sucrés. Mais aujourd’hui, les cafards semblent prendre l’avantage sur les tactiques de lutte antiparasitaire de l’humain en évoluant pour ne pas aimer le sucre. Cette découverte pourrait avoir de grandes répercussions sur la population de cafards dans le monde, ce qui est préoccupant en raison de leur capacité à propager des maladies parmi les humains.
Cette découverte a été faite par un groupe de chercheurs américains de l’université d’État de Caroline du Nord, qui étudient régulièrement les habitudes de reproduction et les adaptations évolutives des cafards. L’équipe de chercheurs en entomologie, dirigée par Ayako Wada-Katsumata, a trouvé des preuves de changements concernant les blattes germaniques et leurs habitudes d’accouplement.
L’étude révèle que les cafards s’écartaient considérablement du comportement d’accouplement précédemment observé. Les blattes de laboratoire femelles ne semblaient pas disposées à s’accoupler avec leurs homologues mâles amateurs de sucre, transmettant ainsi leur aversion pour le sucre aux générations suivantes. Bien que cela puisse laisser penser dans un premier temps à une chute de la population de cafards, les mâles ont trouvé un moyen de surmonter l’aversion des femelles pour le glucose pendant l’accouplement.
L’accouplement des cafards dure généralement environ 90 minutes. Les mâles se sont adaptés à l’aversion des femelles pour le sucre en raccourcissant leur rituel d’accouplement à quelques minutes, voire quelques secondes, juste le temps de terminer la fécondation. Les accouplements les plus réussis étaient ceux de mâles et de femelles qui avaient tous deux une aversion pour le glucose, tandis que les moins réussis étaient ceux de femelles qui n’aimaient pas le sucre avec des mâles qui l’aimaient. En somme, les cafards qui n’aiment pas le sucre semblent être en augmentation.
Les cafards sont des charognards omnivores et peuvent rester des jours sans manger. Lorsqu’ils ont faim, ils peuvent ingérer n’importe quoi, des cheveux aux formes de vie en décomposition. Mais ce qu’ils préfèrent, c’est la nourriture sucrée, c’est-à-dire ce qui contient du sucre, du moins jusqu’à récemment. Leur amour du sucre a conduit les responsables de la lutte antiparasitaire à tenter d’améliorer le goût des appâts au goût amer en enveloppant le poison d’agents édulcorants. Il s’avère que les cafards sont au courant.
Ils se sont adaptés et ont évolué en fonction de notre stratégie d’empoisonnement. Comment c’est arrivé ? Les cafards qui mangent des appâts sucrés empoisonnés meurent rapidement. Par conséquent, les cafards friands de sucre ont vu leur vie et leur capacité de reproduction écourtées. Finalement, les cafards averses au sucre sont devenus plus nombreux que ceux qui aiment les sucreries, et leurs gènes se sont rapidement répandus.
La progéniture de ces cafards averses au glucose est normale à tous égards, ont déclaré les chercheurs, qui prévoient que les futures générations de cafards présenteront cette variation génétique. On ne connaît pas encore le rapport entre les cafards qui ont une aversion pour le glucose et ceux qui en sont friands, mais si cette tendance se poursuit, la plupart pourraient finir par avoir une aversion pour le glucose à un moment donné dans le futur.
Les cafards sont des parasites qui se propagent dans les établissements humains et qui peuvent engendrer des problèmes de santé chez les humains. Les chercheurs pensent que cette nouvelle mutation peut, à terme, augmenter la population globale de cafards. Et elle nous oblige également à reconsidérer les techniques traditionnelles de lutte contre les nuisibles.
Nous savions déjà que les cafards sont très adaptables, et cette étude semble suivre cette tendance. Ils peuvent vivre sans tête pendant un mois et survivre à dix fois plus de radiations que les humains, pour ne citer que quelques faits. Aucune étude récente ne suggère que les populations de cafards ont augmenté en raison de cette nouvelle adaptation, mais les chercheurs ont appelé à d’autres études pour mieux comprendre cette nouvelle adaptation des cafards, et ce qui peut être fait pour la conquérir.
L’étude publiée dans Nature : Rapid evolution of an adaptive taste polymorphism disrupts courtship behavior et présentée sur le site de l’université d’État de Caroline du Nord : Sugar Aversion Hampers Cockroach Coupling.