Une étude portant sur de vrais jumeaux montre que l’exercice physique modifie le comportement de nos gènes
Notre santé est guidée non seulement par notre patrimoine génétique, mais aussi par nos choix de vie et notre exposition à notre milieu environnant. L’étude de l’épigénétique consiste à examiner les marqueurs spécifiques qui régulent l’expression des gènes.
Ce n’est pas parce qu’une personne a une prédisposition génétique à une certaine maladie, par exemple, qu’elle sera nécessairement malade. L’expression de certains gènes peut être augmentée ou diminuée par un assortiment de facteurs, et les scientifiques savent depuis un certain nombre d’années que l’exercice en particulier peut déclencher une variété de changements épigénétiques bénéfiques dans le corps humain.
En 2014, une fascinante étude s’est penchée sur la manière dont l’exercice physique affecte l’expression des gènes en demandant à une petite cohorte de volontaires de faire du vélo sur une jambe pendant trois mois. À la fin de la période d’étude, les chercheurs ont constaté des changements dans environ 4 000 gènes en étudiant le muscle squelettique de la jambe exercée par rapport à celle non exercée.
Mais une nouvelle étude (lien plus bas) menée par des chercheurs de l’université d’État de Washington (Etats-Unis) a exploré l’épigénétique de l’exercice d’une manière inédite, en examinant les différences d’expression génétique chez des jumeaux identiques.
Selon Michael Skinner, auteur correspondant de la nouvelle étude :
Si la génétique et la séquence d’ADN étaient le seul moteur de la biologie, alors les jumeaux devraient essentiellement avoir les mêmes maladies. Or, ce n’est pas le cas. Cela signifie donc qu’il doit y avoir un impact environnemental sur les jumeaux qui entraîne le développement de la maladie.
Les chercheurs ont recruté 70 paires de vrais jumeaux. Outre la mesure de leur indice de masse corporelle et l’étude de leurs habitudes en matière d’exercice physique, chaque participant devait porter un dispositif de suivi de la condition physique pendant une semaine afin de déterminer objectivement leur niveau d’activité physique.
Une paire de jumeaux était considérée comme « discordante » si l’un des jumeaux pratiquait plus de 150 minutes d’activité physique intense par semaine, tandis que l’autre en pratiquait moins de 150 minutes. Environ 40 % des paires de jumeaux ont été jugées discordantes sur cette mesure.
En examinant les variations épigénétiques entre ces paires de jumeaux identiques physiquement discordants, les chercheurs ont trouvé des marqueurs sur plus de 50 gènes. Les modifications de l’expression génétique induites par l’exercice ont été constatées dans des gènes précédemment associés à un risque moindre de syndrome métabolique.
Selon Skinner :
Ces résultats fournissent un mécanisme moléculaire pour le lien entre l’activité physique et les maladies métaboliques. L’exercice physique est connu pour réduire la susceptibilité à l’obésité, mais il semble maintenant que l’exercice, par le biais de l’épigénétique, affecte de nombreux types de cellules, dont beaucoup sont impliqués dans les maladies métaboliques.
Si cette étude n’est pas la première à s’intéresser aux effets épigénétiques de l’exercice, elle offre certainement de nouvelles perspectives en se concentrant sur les différences entre des jumeaux génétiquement identiques. En plus d’enrichir notre ensemble de connaissances sur les moyens physiologiques par lesquels l’exercice améliore notre santé, les résultats rappellent avec force que nos gènes ne sont pas nécessairement notre destin.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Epigenome-wide association study of physical activity and physiological parameters in discordant monozygotic twins et présentée sur le site de l’Université d’État de Washington : Twin study links exercise to beneficial epigenetic changes.