Des années après la catastrophe de Fukushima, de minuscules particules radioactives persistent à l’intérieur des bâtiments
Selon une étude publiée la semaine dernière (lien plus bas), des microparticules radioactives recouvraient encore les bâtiments situés à proximité de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi 5 ans après la catastrophe.
Image d’entête : la date du 11 mars, date de la catastrophe de 2011, est affichée sur un tableau blanc dans une salle de classe à Okuma, dans la préfecture de Fukushima qui est, depuis lors, restée tel quelle. (Yomiuri Shimbun)
Les chercheurs ont trouvé des microparticules riches en césium (CsMP pour Radioactive Cs-rich microparticles) dans la poussière d’une école primaire abandonnée à 2,8 kilomètres au sud-ouest de la centrale.
Les CsMP ont généralement une taille de 5 micromètres ou moins (<PM5) et constituent une menace pour la santé humaine en cas d’inhalation, car elles sont hautement radioactives. En outre, elles ne se dissolvent pas bien dans l’eau, ce qui signifie qu’elles sont susceptibles de persister dans l’environnement et dans l’organisme des personnes et des animaux.
Selon l’auteur principal, le professeur associé Satoshi Utsunomiya, chercheur à l’université de Kyushu, au Japon :
Compte tenu de leur petite taille, les particules pourraient pénétrer dans les parties les plus profondes des poumons, où elles pourraient être retenues.
Les chercheurs avaient déjà montré que la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, déclenchée par un tremblement de terre suivi d’un tsunami, avait libéré des CsMP. Ils en ont trouvé dans une vaste zone, y compris jusqu’au sud de Tokyo, à environ 300 km de distance.
S’ils ont montré que les CsMP étaient largement répandues dans la zone d’exclusion de Fukushima, ils n’ont pas encore démontré que ces particules pouvaient pénétrer à l’intérieur des habitations.
Selon Utsunomiya :
En entrant dans le bâtiment de l’école, nous avons tous été choqués par ce que nous avons vu. Cinq ans s’étaient écoulés au moment de l’échantillonnage en 2016, mais tout était resté comme au moment du tremblement de terre de 2011. C’est comme si le temps s’était arrêté.
Les chercheurs ont examiné des échantillons de poussière prélevés sur des sols situés près de l’entrée de l’école, au deuxième étage et dans la cour. Ils ont trouvé des CsMP dans les deux zones intérieures, avec des concentrations plus élevées près de la porte.
Résumé graphique de l’étude. (K. Fueda et col./ Chemosphere)
Pour Utsunomiya, bien que les effets exacts des CsMP sur la santé ne soient pas encore clairs :
Les CsMP peuvent représenter une menace ; comme le montrent nos travaux, les CsMP peuvent s’accumuler localement et former des foyers, même dans les environnements intérieurs.
Je pense qu’il est de notre devoir de mener des recherches scientifiques rigoureuses sur les événements tragiques de Fukushima, de trouver et de publier de nouvelles connaissances qui seront importantes pour la société et la prochaine génération. Peut-être qu’un jour le temps pourra recommencer à s’écouler pour les bâtiments abandonnés comme l’école, mais pour cela, d’importants efforts de nettoyage sont nécessaires, et si cela doit se faire, nous devons d’abord connaître les formes et l’étendue de la contamination dans ces bâtiments, de sorte que les travailleurs et les occupants potentiels puissent être protégés.
Dans le courant de l’année, le Japon rejettera dans l’océan Pacifique de l’eau radioactive traitée, c’est-à-dire des déchets nucléaires provenant de la centrale.
L’étude publiée dans la revue Chemosphere : Occurrence of radioactive cesium-rich micro-particles (CsMPs) in a school building located 2.8 km south-west of the Fukushima Daiichi Nuclear Power Plant.