Les restes d’une ancienne nourrice de la noblesse égyptienne embaumée avec des substances de grande valeur
Les ingrédients utilisés pour embaumer la noble égyptienne Senetnaÿ ont été identifiés pour la première fois et témoignent de son statut social élevé.
Image d’entête : vase canope en calcaire de la noble égyptienne Senetnaÿ (vers 1450 avant notre ère) exposée au Musée August Kestner à Hanovre. (Musée August Kestner/ Christian Tepper)
Senetnaÿ vivait il y a environ 3 500 ans. Elle a été la nourrice du pharaon Amenhotep II pendant sa petite enfance et portait le titre « d’ornement du roi ». Son mari, Sennefer, était maire de Thèbes, une ancienne ville égyptienne connue des habitants sous le nom de Ouaset, située à 800 km au sud de la Méditerranée, sur les rives du Nil.
Bien que ses restes aient été exhumés par l’archéologue britannique Howard Carter en 1900 de notre ère, ce n’est que maintenant que les scientifiques ont pu identifier l’origine et la complexité des baumes utilisés pour sa momification. Les résultats de l’étude menée par des chercheurs de l’Institut allemand Max Planck de géoanthropologie ont été récemment publiés dans une étude (lien plus bas).
A partir de l’étude : (a) vase canope en calcaire de la noble égyptienne Senetnaÿ , (b) Carte de la Vallée des Rois avec l’emplacement de la tombe KV 42, où ont été trouvées les jarres canopes. (B. Huber et col./ Scientific Reports)
Les substances trouvées dans six échantillons de baume provenant de deux jarres en calcaire utilisées pour conserver les poumons et le foie de Senetnaÿ ont été analysées par chromatographie en phase gazeuse et liquide avec spectrométrie de masse.
Les deux baumes contenaient de la cire d’abeille, des huiles végétales, des graisses animales, du bitume et des résines d’arbres appartenant à la même famille de conifères que les pins et les mélèzes. Des composés de coumarine et d’acide benzoïque sont également présents. La coumarine sent la vanille et se trouve dans de nombreuses plantes, dont la cannelle et le pois. L’acide benzoïque est présent dans les résines et les gommes obtenues à partir de plusieurs types d’arbres et d’arbustes.
Seules deux substances ont été retrouvées dans le bocal contenant les poumons de Senetnaÿ : le larixol, présent dans la résine de mélèze, et une autre résine odorante, soit de la résine dammar, présent dans les arbres diptérocarpes d’Inde et d’Asie du Sud-Est, soit une résine obtenue à partir d’arbres Pistacia de la famille des anacardiers.
A partir de l’étude : cette carte montre la répartition des sources potentielles de résine de conifère par rapport à la Vallée des Rois. On voit que le mélèze (qui appartient au genre Larix, de la famille des Pinaceae) ne se trouve nulle part près de l’Égypte. (B. Huber et col./ Scientific Reports)
Les jarres ont été trouvées dans l’une des tombes de la « Vallée des rois« . Ce célèbre site archéologique contient 63 tombes royales du Nouvel Empire égyptien (1550-1069 avant notre ère) et se trouve sur les rives du Nil, près de l’ancienne ville de Louxor. Parmi les pharaons célèbres qui y sont enterrés figurent Toutânkhamon, Séti Ier et Ramsès II. Senetnaÿ a vécu sous la XVIIIe dynastie, vers 1450 avant notre ère.
Selon les auteurs, la composition des baumes de momification est complexe par rapport à d’autres jarres canopes de la même époque. De nombreux ingrédients auraient été importés de l’extérieur de l’Égypte.
Selon les chercheurs de cette étude :
Il s’agit des baumes les plus riches et les plus complexes jamais identifiés pour cette période précoce et ils mettent en lumière des ingrédients de baumes pour lesquels il existe peu d’informations dans les sources textuelles égyptiennes. « Ils soulignent à la fois le statut exceptionnel de Senetnay et la myriade de relations commerciales des Égyptiens au IIe millénaire avant notre ère.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Biomolecular characterization of 3500-year-old ancient Egyptian mummification balms from the Valley of the Kings et présentée sur le site de l’Institut Max-Planck de science de l’histoire humaine : The Scent of the Afterlife Unbottled in New Study of Ancient Egyptian Mummification Balms.