L’océan souterrain de la lune de Jupiter, Europe, semble contenir le carbone nécessaire à la vie
L‘océan souterrain de la lune de Jupiter, Europe, est la source probable du dioxyde de carbone détecté à sa surface, ce qui constitue une avancée importante permettant de mieux comprendre le potentiel de cette lune à abriter la vie.
Cette découverte a été faite par des astronomes participant au programme du télescope spatial James Webb de la NASA.
Image d’entête : représentation de la surface gelée d’Europe, avec Jupiter dans le ciel. (John S. Howard/ NASA)
On sait depuis longtemps que sous la couche de glace protectrice d’Europe se trouvent un océan d’eau liquide et un fond marin rocheux, comme sur Terre.
Représentation de l’océan qui se cache sous la surface d’Europe, s’infiltrant à travers certaines de ses fissures en surface. (NASA)
Du dioxyde de carbone solide a déjà été identifié à la surface de la lune, mais jusqu’à présent, il était difficile de savoir quels autres éléments chimiques existaient dans son océan souterrain.
Selon le Dr Geronimo Villanueva, spécialiste des planètes au Goddard Space Flight Center de la NASA :
Sur Terre, la vie aime la diversité chimique, plus il y a de diversité, mieux c’est. Nous sommes des êtres vivants à base de carbone. Comprendre la chimie de l’océan d’Europe nous aidera à déterminer s’il est hostile à la vie telle que nous la connaissons ou s’il s’agit d’un endroit propice à la vie.
La lune de Jupiter, Europe, par la sonde Cassini. (NASA/ JPL-Caltech/ Institut SETI)
L’équipe de Villanueva a utilisé le télescope spatial James Webb pour analyser sa surface et elle a détecté du dioxyde de carbone dans une région appelée Tara Regio à l’aide du spectrographe dans le proche infrarouge. Avec une résolution de 320×320 kilomètres, cet imageur peut identifier l’emplacement de substances chimiques spécifiques à la surface d’Europe.
Tara Regio est la zone jaunâtre à gauche du centre, sur cette image de la surface d’Europe prise par le satellite Galileo de la NASA. C’est dans cette région géologiquement chaotique que les chercheurs ont identifié une abondance de chlorure de sodium. (NASA/ JPL/ Université de l’Arizona)
En observant la Tara Regio, le JWST a identifié des régions spécifiques de dioxyde de carbone solide dans une région où la glace de surface est altérée. Pour Villanueva, cela indique un lien entre l’océan de surface et l’océan souterrain.
Selon Samantha Trumbo, astronome à l’université Cornell (États-Unis) et premier auteur d’une précédente étude sur le chlorure de sodium (sel de table) détecté sur Europe :
Les observations précédentes du télescope spatial Hubble montrent que Tara Regio contient du sel d’origine océanique. Nous constatons à présent que le dioxyde de carbone y est également fortement concentré. Nous pensons que cela implique que le carbone a probablement son origine ultime dans l’océan interne.
Bien que l’identification de carbone solide et d’un lien potentiel avec l’océan d’Europe n’indique pas la présence de vie, la découverte de ce lien est une étape essentielle pour estimer le potentiel de la lune.
Selon Trumbo :
Ce n’est pas anodin. Le carbone est un élément biologiquement essentiel.
D’autres analyses rapprochées d’Europe sont prévues à la fin de la décennie : la mission Europa Clipper de la NASA sera lancée vers Jupiter l’année prochaine et la sonde spatiale JUICE de l’Agence spatiale européenne, qui a été lancée en avril, s’approchera d’Europe en 2030.
L’étude publiée dans Science : Endogenous CO2 ice mixture on the surface of Europa and no detection of plume activity et présentée sur le site du Space Telescope Science Institute : NASA’s Webb Finds Carbon Source on Surface of Jupiter’s Moon Europa.