La Terre héberge temporairement dans son orbite des “mini-lunes”
Tous les astéroïdes ne passent pas devant la Terre sans s’arrêter, certains, même si ce n’est que brièvement, peuvent être piégés dans l’orbite de notre planète avant de s’échapper dans les profondeurs de l’espace. Les astronomes disent qu’en étudiant ces » mini-lunes » temporaires, il est possible de résoudre d’importants mystères entourant les astéroïdes. Le défi, cependant, est de surveiller ces petits objets minuscules qui se déplacent rapidement.
Il y a 12 ans, les astronomes ont trouvé le premier et le seul satellite naturel connu autre que la lune. L’orbiteur temporairement capturé (TCO pour temporarily-captured orbiter) appelé 2006 RH120 ne mesurait que 2-3 mètres de diamètre et orbita la planète pendant 13 mois avant qu’il ne se libère de la gravité terrestre pour être immédiatement recapturée en orbite autour du soleil. Ce TCO est si petit que, au départ, la NASA pensait qu’il s’agissait du troisième étage du lanceur Saturn V de la mission Apollo 12, mais elle a ensuite constaté qu’il s’agissait en fait d’un astéroïde.
A partir de l’étude : trajectoire de la mini-Lune 2006 RH120 lors de sa capture dans le système Terre-Lune en 2006-2007. La Terre est représentée par le point jaune. (Paul Chodas/ NASA/ JPL)
Selon Robert Jedicke, auteur principal, de l’Institut d’astronomie de l’université d’Hawaii :
Ces astéroïdes sont transportés vers la Terre depuis la ceinture principale d’astéroïdes entre Mars et Jupiter via des interactions gravitationnelles avec le Soleil et les planètes de notre système solaire. Le défi consiste à trouver ces petits objets, malgré leur proximité.
Bien qu’il n’y ait pas eu d’autres observations de TCO depuis 2006, une équipe internationale d’astronomes a proposé qu’il devrait y avoir une population stable avec environ un objet capturé de 1 à 2 m de diamètre à tout moment, le nombre de météorites capturés augmentant de façon exponentielle pour les plus petites tailles ».
La découverte de ces mini-lunes pourrait aider les scientifiques à mieux comprendre comment se forment les astéroïdes ou la dynamique du système Terre-Lune. Certes, les météorites offrent quelques indices sur la composition des astéroïdes, mais l’interaction avec l’atmosphère détruit et altère leur matériau, ce qui laisse de nombreuses lacunes dans nos connaissances.
Selon Mikael Granvik, auteur de l’étude et scientifique planétaire pour l’université de technologie de Luleå en Suède et l’université d’Helsinki en Finlande :
Nous ne savons pas si les petits astéroïdes sont des blocs monolithiques de roche, des tas de sable fragile ou quelque chose entre les deux. Les mini-lunes qui passent beaucoup de temps en orbite autour de la Terre nous permettent d’étudier la densité de ces corps et les forces qui agissent en eux, et donc de résoudre ce mystère.
Le Large Synoptic Survey Telescope (LSST), qui est actuellement en construction au Chili, s’avérera d’une valeur inestimable pour détecter de nouvelles mini-lunes qui pourraient s’attarder autour de l’orbite terrestre. Si on n’en trouve pas, les scientifiques devront repenser les modèles qui décrivent leur abondance.
Une fois identifiés, les TCO peuvent devenir des candidats de choix pour des missions de récupération d’astéroïdes offrant de vastes possibilités qui vont au-delà de la science pure. Par exemple, de telles missions peuvent servir de “terrain d’essai” pour la déviation d’astéroïdes ou même l’exploitation minière d’astéroïdes, une industrie qui pourrait représenter plusieurs milliards d’euros. Par conséquent, les mini-lunes peuvent être considérées comme un tremplin sur la voie beaucoup plus ambitieuse de l’humanité qui consiste à sonder d’autres planètes et leurs lunes.
L’étude publiée dans Frontiers in Astronomy and Space Science : Earth’s Minimoons: Opportunities for Science and Technology.