Record toxique : 53,6 millions de tonnes de déchets électrique et électronique ont été générées l’année dernière
Du téléviseur à écran plat au téléphone portable, l’humain a généré 53,6 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques l’année dernière, soit près de deux millions de tonnes de plus que l’année précédente. Seuls 17 % des déchets ont été recyclés, le reste finissant dans des décharges, incinéré ou tout simplement non recensé.
Les biens électroniques et électriques sont progressivement devenus indispensables dans les sociétés modernes, ce qui facilite la vie à bien des égards. Mais ils peuvent aussi contenir des produits chimiques toxiques, et une production croissante de déchets nuit à l’environnement et à la santé humaine.
Les chiffres de l’année dernière, rapportés par le Global E-waste Monitor, un projet mené par l’Université des Nations unies, l’Union internationale des télécommunications et l’Association internationale des déchets solides, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé et le Programme des Nations unies pour l’environnement, équivalent à 7,3 kilogrammes de déchets électroniques pour chaque être humain sur Terre, bien que leur utilisation soit concentrée dans les pays riches.
Graphique tirée du rapport. (Global E-waste Monitor)
Les habitants des pays d’Europe du Nord ont produit le plus de déchets électroniques l’année dernière, soit 22,4 kilogrammes par personne. Cette quantité était deux fois moins importante que celle observée en Europe de l’Est. Les Australiens et les Néo-Zélandais sont également en tête avec 21,3 kg par personne, tandis qu’aux États-Unis et au Canada, ce chiffre est de 20,9 kg.
Selon Ruediger Kuehr, l’un des auteurs du rapport :
Nous sommes au début d’une sorte d’explosion due à l’augmentation de l’électrification que nous constatons partout. Cela commence avec les jouets, si vous regardez ce qui se passe autour de Noël, tout vient avec une batterie ou une prise. Et ça continue avec les téléphones portables et les téléviseurs.
Le rapport a également constaté que parmi le plastique et le silicium jetés, il y avait de grandes quantités de métaux précieux tels que du cuivre et de l’or, utilisés pour conduire l’électricité sur les circuits imprimés. Un sixième a été recyclé, mais le reste ne l’a pas été, ce qui représente 57 milliards de dollars (environ 50 milliards d’euros) en métaux.
La préoccupation est plus forte dans les pays à faibles et moyens revenus, où une partie des déchets électroniques est recyclée mais en utilisant des pratiques risquées, comme de brûler les circuits imprimés pour récupérer le cuivre. Ce faisant, on libère des métaux toxiques tels que le mercure et le plomb qui peuvent avoir de graves effets sur la santé des travailleurs et des enfants vivant à proximité.
Le rapport estime qu’environ 50 tonnes de mercure provenant des moniteurs, des ampoules à faible consommation d’énergie et d’autres déchets électroniques sont mises en décharge chaque année. Dans le même temps, les gaz rejetés par les réfrigérateurs et les appareils de climatisation jetés équivalaient à 98 millions de tonnes de dioxyde de carbone atmosphérique en 2019.
Selon Kees Baldé, de l’université des Nations unies, basée à Bonn (Allemagne), et auteur du rapport :
Les déchets électroniques constituent un très gros problème car leur quantité augmente très rapidement chaque année et le niveau de recyclage ne suit pas le rythme. Il est important de mettre un prix sur cette pollution. Pour le moment, il est tout simplement gratuit de polluer.
L’augmentation des déchets électroniques devrait se poursuivre sans relâche, en particulier dans les pays où les classes moyennes sont de plus en plus présentes. Les auteurs de l’étude, qui est produite par l’Université des Nations unies, l’Association internationale des déchets solides et d’autres, ont prédit que les e-déchets mondiaux pourraient atteindre 74 millions de tonnes métriques d’ici 2030.
En 2018, les Nations unies s’étaient fixé comme objectif d’augmenter le recyclage des “e-déchets” de 30 % d’ici 2023. Mais, dans l’état actuel des choses, les auteurs du rapport considèrent que cet objectif est irréaliste. Le nombre de pays ayant mis en place des politiques ou des lois nationales sur les déchets électroniques n’est passé que de 61 à 78 depuis 2014, sur un total de 193 États membres des Nations unies.
Le rapport sur le site du Global E-waste Monitor : Global E-waste Monitor 2020.