De quoi sont faits les vêtements d’Ötzi, l’hibernatus ?
La plus ancienne momie humaine naturelle connue en Europe, Ötzi, a mené une vie assez rude. Il est mort il y a environ 5300 ans, probablement touché par une flèche dans le dos et selon les experts qui ont examiné son corps, il souffrait d’une série de problèmes de santé, comme d’ulcères, de calculs biliaires, de vers parasites et peut-être même de la maladie de Lyme. Mais juste avant sa mort, Ötzi portait au moins une tenue chaude composée, entre autres, d’un chapeau en fourrure d’ours, de jambières en peau de chèvre et d’un manteau en peaux de mouton et de chèvre recouvrant ses 61 tatouages.
Ces nouveaux détails ont été révélés dans une étude réalisée par des chercheurs de l’Institute for Mummies and the Iceman de l’European Academy de Bozen/Bolzano (EURAC), en Italie. En utilisant de nouvelles techniques d’analyse d’ADN, ils ont recueilli et testé les données génétiques des vêtements d’Ötzi pour savoir à partir de quels animaux ils ont été confectionnés.
Les vêtements d’Ötzi conservés au Musée d’archéologie de Bolzano. De gauche à droite en partant du haut : une chaussure avec un intérieur en herbe et l’extérieur en cuir, le manteau en cuir, pagne de cuir, manteau d’herbe, chapeau de fourrure et des jambières en cuir. (Institute for Mummies and the Iceman)
Deux touristes allemands ont découvert la désormais célèbre momie en 1991 alors qu’ils effectuaient une randonnée dans les Alpes de l’Otzal (qui a inspiré son nom) qui chevauchent la frontière austro-italienne. Le corps bien préservé d’Ötzi a donné aux scientifiques pléthore d’informations, mais ses vêtements étaient trop endommagés pour les identifier en utilisant les habituelles techniques d’analyse ADN. Et tandis qu’une étude réalisée en 2008 a révélé que certains des poils sur les vêtements de la momie provenaient d’animaux domestiques, les experts ne savaient pas lesquels.
Selon le coauteur de l’étude, le microbiologiste Frank Maixner :
Il n’est parfois pas facile de descendre au niveau de l’espèce juste en se basant sur des poils ou tout simplement sur la base du type de cuir. Il était évident que nous devions utiliser l’ADN.
Rassembler des traces d’ancien ADN n’était pas si évident, car les chercheurs ont dû envisager la possibilité que le cuir avait été traité pendant la vie d’Ötzi. Les chercheurs peuvent aussi avoir contaminé ou endommagé le matériel génétique au fil du temps. Mais finalement, ils ont été en mesure d’identifier des marqueurs d’ADN dans neuf échantillons de cuir et de fourrure prélevés sur six pièces vestimentaires.
Ötzi a utilisé au moins cinq espèces différentes d’animaux pour confectionner ses vêtements. Les scientifiques avaient déjà conclu que la couche de peau a été fabriquée à partir de peau de mouton, mais ils savent maintenant qu’elle a été façonnée avec du mouton et de la chèvre. Le mouton utilisé est étroitement lié aux moutons domestiques européens modernes, tandis que la peau de chèvre provient d’un animal domestique, dont les descendants vivent encore en Europe centrale. Les chercheurs pensent que le manteau a probablement été façonné et réparé en utilisant toutes les peaux auxquelles il avait accès à l’époque.
En ce qui concerne les jambières, ce n’est pas du loup, ni du renard, ou du chien, comme les scientifiques l’avaient précédemment estimé, mais elles ont été cousues à partir de cuir de chèvre domestiquée. Ce cuir aurait pu être plus souple que d’autres matériaux, ce qui lui aurait permis de marcher avec une plus grande aisance. Les lacets de ses chaussures en cuir de vache ont été fabriqués à partir d’auroch, ou de boeuf sauvages.
Tous les vêtements d’Ötzi ne proviennent pas que d’animaux domestiques : la fourrure de son chapeau est celle d’un ours brun et la flèche du carquois d’Ötzi a été façonnée à partir de chevreuils.
Nous ne saurons probablement jamais si Ötzi a cousu ses vêtements lui-même ou comment il a obtenu tous ces matériaux. Mais en considérant que les scientifiques ont tout identifié, de son dernier repas à ses 19 parents vivants en Autriche, nous pouvons supposer qu’Ötzi continuera à révéler davantage de sa vie, dans le futur.
L’étude publiée dans Scientific Reports A whole mitochondria analysis of the Tyrolean Iceman’s leather provides insights into the animal sources of Copper Age clothing.