Un survol “trippant” dans l’infrarouge du pôle Nord tourbillonnant de Jupiter
En utilisant le terme “trippant”, le Guru a rajeuni de 20 ans…
La sonde Juno de la NASA continue de faire le tour de Jupiter et de transmettre de nouvelles photos couleur incroyables de cette géante gazeuse et les images qui capturent les pôles orageux de la planète dans la lumière infrarouge, invisible aux yeux de l’humain, aident à percer les mystères du fonctionnement interne de Jupiter.
Image d’entête : image dans l’infrarouge et tridimensionnelle du pôle Nord de Jupiter à partir des données recueillies par l’instrument JIRAM (Jovian Infrared Auroral Mapper) de la sonde Juno. (NASA/ JPL-Caltech/ SWRI/ ASI/ INAF/ JIRAM)
Le pôle Nord de Jupiter est dominé par un groupe de cyclones : un grand cyclone central, entouré de 8 petits cyclones, bien que sur cette planète, « plus petit » signifie que ces cyclones ont une taille de l’ordre des 4500 km…
La NASA a publié mercredi une nouvelle animation 3D qui a été réalisée à l’aide de photos infrarouges des pôles de Jupiter. Juno documente ces mystérieuses régions de l’énorme planète pour la première fois.
Selon Alberto Adriani, membre de l’équipe Juno de l’Institut d’astrophysique et de planétologie spatiale de Rome,concernant cette animation :
Avant Juno, on ne pouvait que deviner à quoi ressembleraient les pôles de Jupiter.
Les images à lumière visible prises par la JunoCam de la sonde montrent une configuration bizarrement symétrique de tempêtes anticycloniques ou rétrogrades. Cependant, les images infrarouges enregistrées par l’outil appelé Jovian Infrared Auroral Mapper, ou JIRAM, aident les chercheurs à scruter des dizaines de kilomètres de profondeur dans les pôles du géant gazeux. Les images publiées récemment révèlent la forme et la structure de cette collection de tempêtes.
Dans l’animation ci-dessous, vous êtes amené au-dessus du pôle Nord de Jupiter afin d’illustrer l’aspect tridimensionnel du cyclone central de la région et des 8 cyclones qui l’encerclent. Le film utilise des images dérivées de données recueillies par le Jovian Infrared Auroral Mapper (JIRAM)
Les images du pôle Nord de Jupiter révèlent des nuages plus froids et généralement plus élevés sont représentés en rouge, jusqu’à une température de -83°C. Les nuages les plus bas et les plus chauds vus par le capteur infrarouge du JIRAM sont jaunes, et ils montent jusqu’à -13 degrés Celsius.
L’animation fait un zoom avant à partir d’images dans la lumière visible de Jupiter pour montrer la reconstruction 3D, qui a été faite à partir d’images JIRAM prises lors du quatrième survol à grande vitesse de la planète de Juno, le 2 février 2017.
Selon la NASA, les relevés de température et la reconstruction 3D » donnent un aperçu du fonctionnement des puissants cyclones aux pôles de Jupiter « . Les mesures du champ gravitationnel de Juno permettent également aux chercheurs de mieux comprendre le fonctionnement interne de la géante gazeuse.
La mission Juno a fourni la première vue sur la “dynamo”, ou moteur, qui alimente le champ magnétique de Jupiter. Le nouveau portrait global révèle des irrégularités inattendues et des régions à la surprenante intensité de champ magnétique. Les zones rouges indiquent l’endroit où les lignes de champ magnétique émergent de la planète, tandis que les zones bleues indiquent l’endroit où elles reviennent.
Avec les relevés infrarouges et magnétiques, la sonde aide à percer le vieux mystère sur la façon dont la journée incroyablement rapide de 10 heures de Jupiter façonne les systèmes météorologiques dans les profondeurs de la planète.
Selon Tristan Guillot, un autre membre de l’équipe Juno à l’université de la Côte d’Azur en France :
Nous avons essentiellement résolu la question de la rotation de l’intérieur de Jupiter.
Les zones et les ceintures que nous voyons dans l’atmosphère tournant à différentes vitesses s’étendent jusqu’à environ 3060 km.
La mission principale de Juno doit se terminer après son 14e survol le 16 juillet 2018. La NASA est susceptible de prolonger la mission de 2 ou 3 ans, c’est actuellement à l’étude.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin : la NASA finira par détruire Juno en la guidant pour plonger dans les nuages épais de Jupiter. Ce faisant, l’agence spatiale s’assurera que la sonde ne puisse pas s’écraser sur la lune glacée de la planète, Europe.
Europe et une autre lune appelée Ganymède ont probablement des océans d’eau liquide et peut-être une vie extraterrestre sous leur surface. La NASA ne veut pas contaminer ces océans avec des bactéries terrestres collées à Juno.
À l’avenir, cependant, il pourrait envoyer une mission “super-stérile” sous la glace à la recherche d’extraterrestres.
Les scientifiques de Juno ont présenté ces animations lors de l’European Geosciences Union General Assembly à Vienne, en Autriche et décrites sur le site du JPL de la NASA : NASA’s Juno Mission Provides Infrared Tour of Jupiter’s North Pole.