De grosses molécules organiques s’échappent de la lune de Saturne, Encelade
Une nouvelle analyse des données de la sonde Cassini de la NASA indique la présence de grosses molécules organiques sur Encelade, une des lunes de Saturne, ce qui n’avait jamais été trouvé sur cette lune auparavant.
À l’aide de deux instruments à bord de la sonde aujourd’hui disparu, une équipe internationale de chercheurs a examiné les molécules qui sont éjectées avec les éruptions de panaches de vapeur d’eau s’écoulant sous la surface d’Encelade.
(NASA/JPL-Caltech)
Bien que des expériences similaires aient été réalisées par le passé, cette fois-ci, les chercheurs ont trouvé des molécules organiques beaucoup plus grosses, et donc plus complexes, que toutes celles trouvées auparavant.
L’équipe internationale a utilisé les données d’un spectromètre de masse à bord de Cassini, qui « goûte » la composition du panache, ainsi que le Cosmic Dust Analyzer (CDA), qui utilise les impacts des molécules contre un capteur pour déterminer leur masse. Environ 3 % des molécules échantillonnées approchaient les limites de la portée de détection du capteur à 200 unités de masse atomique, soit plus de 10 fois plus lourd que le méthane.
Bien que les chercheurs aient trouvé des molécules organiques ailleurs dans le système solaire, la taille de celles d’Encelade est surprenante. Combiné avec les autres caractéristiques intrigantes de la lune, un océan d’eau salée liquide, des geysers émanant de la surface et des indications d’évents hydrothermaux, Encelade continue de ressembler à l’endroit le plus attirant de notre système solaire pour rechercher une vie extraterrestre.
La lune Encelade photographiée par la sonde Cassini. (NASA/ JPL/ Caltech/ Space Science Institute)
La présence de grosses molécules organiques complexes est quelque chose que nous nous attendrions à voir si la vie était présente. Mais, c’est aussi loin d’être une preuve pour la présence d’une vie. En chimie, les composés organiques sont simplement des molécules que la vie utilise, généralement du carbone et souvent avec de grandes structures cycliques ou chaînes incorporant de l’oxygène, de l’azote et de l’hydrogène. Les molécules organiques peuvent aussi provenir de processus non organiques, et les chercheurs suggèrent que celles d’Encelade pourraient simplement avoir été incorporées dans la lune depuis sa formation, ou être le résultat de réactions dans le noyau rocheux de la planète, peut-être aidées par l’activité géothermique.
C’est la mer de la lune Encelade qui s’échappe de ses 101 geysers en éruptions. (NASA-JPL-Caltech-Space Science Institute)
Nous ne pouvons pas non plus exclure la possibilité d’une vie sur Encelade. Et les chercheurs notent que certaines des macromolécules qu’ils ont trouvées semblent similaires à certaines créées sur Terre par la décomposition de matière organique. Comme toujours, cependant, il existe des voies totalement abiotiques qui pourraient aussi bien créer ces molécules.
D’autres explorations d’Encelade devront malheureusement attendre. La sonde spatiale Cassini s’est écrasée intentionnellement sur Saturne l’année dernière et, malgré les efforts pour envoyer une mission de suivi à Encelade, aucune n’est actuellement prévue. Les données de Cassini sont tout ce que nous avons à utiliser pour le moment. Mais les chercheurs passent encore au peigne fin tout ce que la sonde a renvoyé, peut-être que de nouvelles découvertes sont encore à venir.
L’étude publiée dans Nature : Macromolecular organic compounds from the depths of Enceladus.