Le Nil a 30 millions d’années et il est le résultat des mouvements du manteau terrestre
Le Nil est exactement là où il se trouve en raison du mouvement dans le manteau des profondeurs de la Terre, selon de nouvelles preuves géologiques et géophysiques.
Image d’entête : le Nil, la mer Rouge et la mer Méditerranée en contrastent avec l’Égypte, l’Arabie saoudite, Israël et la Jordanie en juin 2019 depuis la Station spatiale internationale. (NASA/ Mark Garcia)
En fait, les chercheurs suggèrent que, sans le mouvement du manteau, le plus long fleuve du monde aurait probablement tourné vers l’ouest il y a longtemps, ce qui aurait changé le cours de l’histoire.
Dans leur étude, une équipe dirigée par Claudio Faccenna de l’université Roma Tre d’Italie et de l’université du Texas, aux États-Unis, suggère également que le Nil tel que nous le connaissons a environ 30 millions d’années, environ 6 fois plus vieux qu’on ne le pensait auparavant.
Selon Faccenna :
L’une des grandes questions au sujet du Nil est de savoir quand il a pris naissance et pourquoi il a persisté si longtemps. Notre solution est en fait passionnante.
Les rivières à longue durée de vie évoluent souvent au fil du temps, ce qui fait de leurs systèmes de drainage un véritable casse-tête.
Jusqu’à présent, affirment les chercheurs, il y a eu deux théories concurrentes pour l’évolution du Nil. Dans l’une d’entre elles, le débit fluvial de l’Éthiopie vers la Méditerranée est actif depuis les 30 derniers millions d’années. Dans l’autre, les canaux de drainage de l’époque menaient de l’Éthiopie vers l’ouest vers le bassin du Congo ou vers le nord-ouest vers le bassin de Syrte, et une connexion avec la Méditerranée n’a été établie que 5 à 8 millions d’années auparavant.
Le Nil est formé de trois grands cours d’eau : le Nil Bleu et l’Atbara, qui coulent des hautes terres de l’Ethiopie, et le Nil Blanc, qui commence au sud de l’équateur.
Le Nil, le plus long fleuve du monde, traverse le Caire, en Égypte. (Nina R)
Faccenna et ses collègues d’Italie, des États-Unis, du Canada et d’Israël ont retracé l’histoire géologique du Nil en étudiant les anciennes roches volcaniques des hautes terres éthiopiennes et en les reliant à d’énormes dépôts sédimentaires du fleuve enfouis sous le Delta du Nil.
Ils pensent que la trajectoire de drainage de la rivière a persisté en raison d’un mouvement semblable à celui d’une tapis roulant, ou « cellule de convection », dans le manteau terrestre, avec remontée et une élévation topographique sous le pays, associée à des plongées sous la mer Méditerranée orientale.
Du début à la fin, la pente douce maintient le Nil sur une trajectoire constante vers le nord, selon eux.
Ils ont vérifié leurs résultats à l’aide de simulations informatiques qui ont recréé 40 millions d’années d’activité tectonique des plaques de la Terre.
Celles-ci reproduisaient des changements dans le relief presque exactement tels que les scientifiques s’y attendaient, y compris de petits détails dans le paysage comme les rapides d’eau vive trouvés le long du Nil.
La capacité du modèle à affiner de si petits détails fut une surprise et un résultat de recherche important suggère le coauteur Petar Glisovic, maintenant à l’université du Québec, Canada :
Je pense que cette technique nous donne quelque chose que nous n’avions pas dans le passé.
L’équipe espère maintenant appliquer cette technique à d’autres grands fleuves, comme le Yangzi, en Chine, et le Congo, en Afrique.
L’étude publiée dans Nature Geoscience : Role of dynamic topography in sustaining the Nile River over 30 million years et présentée sur le site de l’université du Texas à Austin : Scientists Find Eternal Nile To Be More Ancient Than Previously Thought.