Depuis l’espace, la désintégration d’un immense iceberg du glacier de l’île du pin (Vidéo)
Des scientifiques l’attendaient et l’observaient depuis des mois et c’est finalement arrivé. Un iceberg de 300 kilomètres carrés s’est détaché du glacier de l’île du Pin, le plus grand glacier de l’Antarctique et aussi celui du continent qui fond le plus rapidement.
Image d’entête : cette image presque sans nuage, prise le 11 février par la mission Copernicus Sentinel-2, montre en détail les icebergs fraîchement brisés. (ESA)
Grâce aux images des satellites Sentinel (programme Copernicus) de l’Agence spatiale européenne (ESA), deux grandes fissures ont été détectées dans le glacier l’année dernière en 2019 et les scientifiques ont suivi de près la vitesse à laquelle elles se sont développées.
Celles-ci se sont rapidement étendues et ont finalement conduit à la fissuration de l’iceberg le 9 février. Il n’a fallu qu’une journée pour qu’il se divise en petits morceaux et l’un d’entre eux était suffisamment grand pour être nommé B-49 et suivi par le Centre national des glaces des États-Unis.
(NASA/ ESA)
Une animation publiée par l’ESA a utilisé 57 images radar captées entre février 2019 et février 2020 (la dernière le 10 février) et montre à quelle vitesse les fissures émergentes se sont développées et ont conduit à cet événement.
Selon Mark Drinkwater, scientifique principal et spécialiste de la cryosphère à l’Agence spatiale européenne :
Ce qui est troublant, c’est que le flux de données quotidiennes [provenant des satellites] révèle le rythme dramatique auquel le climat redéfinit le visage de l’Antarctique.
Le glacier de l’île du Pin, avec son voisin le glacier Thwaites, relie le centre de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental à l’océan, déversant d’importantes quantités de glace dans la mer. Ces deux glaciers ont perdu beaucoup de glace au cours des 25 dernières années.
En raison de leur extrême éloignement, les satellites jouent un rôle fondamental dans la mesure et la surveillance de la glaciologie antarctique, en révélant le moment et le rythme du retrait des glaciers. Depuis le début des années 1990, la vitesse de la glace du glacier de l’île du Pin a augmenté de façon spectaculaire pour atteindre des valeurs dépassant les 10 mètres par jour.
Le front glaciaire flottant du glacier de l’île du Pin, qui a une épaisseur moyenne d’environ 500 mètres, a subi une série de détachement (vêlage) au cours des 30 dernières années, dont certains ont brusquement modifié la forme et la position du front glaciaire.
Selon Stef Lhermitte, un scientifique en télédétection de l’université de technologie de Delft aux Pays-Bas :
Cela indique que la plate-forme de glace du glacier de l’île du Pin s’affaiblit en raison de la chaleur de l’eau de l’océan, ce qui est important car la glace de la baie d’Amundsen, où se trouve le glacier, est la zone où nous, les scientifiques, sommes le plus inquiets des contributions à l’élévation du niveau de la mer.
L’Antarctique occidental est l’une des régions du monde les plus touchées par le changement climatique et son effondrement signifierait une hausse significative du niveau des mers. Une étude récente a montré que le réchauffement climatique a modifié le caractère des vents qui soufflent sur l’océan à proximité de certains glaciers, les affectant de manière sévère.
Le nouveau développement du glacier de l’île du Pin s’est produit une semaine seulement après qu’un record de température de 18,3ºC ait été enregistré dans l’Antarctique, dépassant le précédent record de 17,5°C. Les températures sur le continent blanc sont mesurées depuis 1961, le minimum historique ayant été fixé à -89,2°C en 1983.
Présentation des récents évènement par la NASA :
Présentée sur le site de l’ESA : Pine Island Glacier spawns piglets et de la NASA : Pine Island Glacier’s Newest Iceberg.