Paradoxe : Mercure utiliserait l’intense chaleur du Soleil pour produire une grande quantité de glace
Bien qu’elle soit la planète la plus proche du Soleil, Mercure abrite une quantité surprenante de glace. Des chercheurs du Georgia Institute of Technology (Georgia Tech/ Etats-Unis) ont avancé une théorie pour expliquer comment une partie de cette glace s’est retrouvée là, et il s’avère que la chaleur joue un rôle important.
La plus grande partie de Mercure est un enfer, où les températures diurnes culminent à 427 °C. Mais sans atmosphère pour diffuser cettte chaleur, les pôles restent froids, et le sol de certains profonds cratères ne voit jamais la lumière du soleil. Les températures peuvent y descendre jusqu’à -170 °C, conditions idéales pour la formation de glace.
Image d’entête : les marques jaunes au pôle nord de Mercure désignent les plaques de glace permanentes observées par la sonde MESSENGER. (NASA)
Et c’est ce qui se produit, les observations de sondes spatiales et des calculs indiquant d’importants dépôts aux deux pôles de la planète. La façon dont la glace s’y est déposée est restée un mystère, mais l’équipe du Georgia Tech propose une explication au moins partielle.
L’équipe affirme que des protons, des particules chargées provenant du Soleil, bombardent la surface de Mercure, créant des minéraux de ce qui est appelé le groupe hydroxyle (OH) dans le sol. Ensuite, la chaleur intense aide à libérer et à dynamiser ces minéraux, de sorte qu’ils entrent en collision et forment des molécules d’eau et d’hydrogène.
Un modèle moléculaire des réactions chimiques qui produisent la glace d’eau sur Mercure. (Georgia Tech/ Orlando/ Jones)
Ces molécules d’eau dérivent ensuite autour de la planète. Certaines seront inévitablement décomposées à nouveau par la lumière extrême du soleil, mais d’autres molécules se déposeront dans les cratères polaires, où le froid est prêt à produire de la glace.
Selon Brant Jones, premier auteur de l’étude :
La quantité totale que nous postulons qui deviendrait de la glace est de 10 trillions de kg (11 milliards de tonnes) sur une période d’environ 3 millions d’années. Ce processus pourrait facilement représenter jusqu’à 10 % de la glace totale de Mercure.
Le reste, selon eux, arriverait par des frappes d’astéroïdes. Cela ne signifie pas nécessairement que l’astéroïde lui-même doit transporter beaucoup d’eau, la force des impacts peut déclencher une réaction chimique qui produit la substance.
L’étude publiée dans The Astrophysical Journal Letters : A New In Situ Quasi-continuous Solar-wind Source of Molecular Water on Mercury et présentée sur le site du Georgia Institute of Technology : mercurys-400oc-heat-may-help-it-make-its-own-ice.