Le venin des serpents n’a pas évolué pour leur défense
Lorsqu’il s’agit des interactions entre l’homme et les serpents venimeux, nous avons tendance à penser que leur venin a été « conçu » principalement pour la défense. Une nouvelle étude, cependant, suggère qu’il a évolué avant tout comme un moyen de tuer des proies.
Image d’entête : Un Bongare indien (Bungarus caeruleus). Ils sont connus pour mordre les gens la nuit pendant leur sommeil. Bien que très mortelles, ces morsures sont si indolores qu’elles sont souvent considérées comme insignifiantes jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Cela indique que ce venin n’a aucune fonction défensive. (Kurt/ Flickr)
La recherche a été menée par des scientifiques de l’université de Bangor au Pays de Galles, en collaboration avec des collègues de l’université de Swansea, située à proximité.
Sous la supervision du Dr Wolfgang Wüster de Bangor, Harry Ward-Smith, étudiant en zoologie, a commencé par recueillir près de 400 réponses à un sondage en ligne auprès de gardiens de reptiles, d’herpétologistes et d’autres personnes travaillant avec ou autour des serpents. Sur les quelque 600 incidents de morsures de serpent décrits, seule une petite partie aurait entraîné une douleur immédiate et intense.
Graphique tiré de l’étude : la douleur du venin ressenti par rapport au temps passé pour différentes familles principales de serpents. (Harry Ward-Smith et Coll./ Toxins)
Cette constatation suggère que le venin n’a pas évolué principalement comme un moyen de dissuasion. Après tout, si un animal qui attaque un serpent ne ressent une gêne que bien plus tard, il ne cessera probablement pas l’attaque et n’associera pas non plus la douleur au serpent par la suite. C’est pourquoi les piqûres d’abeilles sont un moyen de dissuasion si efficace, elles font immédiatement mal.
Selon Wüster :
Même si nous aurions pu nous attendre à ce que la défense de votre vie soit plus importante que l’alimentation, il s’avère que la sélection naturelle pour l’alimentation semble être le principal moteur de l’évolution du venin chez les serpents.
Cela dit, quelques exceptions à la règle de la réaction différée ont été notées comme méritant une étude plus approfondie. Le venin qui est craché par certains cobras, par exemple, agit instantanément.
L’étude publiée dans la revue Toxins : Fangs for the Memories? A Survey of Pain in Snakebite Patients Does Not Support a Strong Role for Defense in the Evolution of Snake Venom Composition et présentée sur le site de l‘université Swansea : Snake venom evolved for prey not protection.