Des chiens réussissent dans 95 % des cas à détecter la COVID-19 à partir d’échantillons de sueur humaine
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Une nouvelle étude a présenté les résultats préliminaires d’un groupe de chiens capables de sentir les coronavirus. Fait remarquable, ils ont pu détecter les infections avec une impressionnante précision.
Image d’entête : Un des chiens entrainés pour le projet Nosaïs-Covid19, en arrêt devant un échantillon de sueur d’un patient porteur de la COVID-19. (Dominique Grandjean et Coll./ bioRxiv)
La plupart des pays qui ont fait état de succès dans la lutte contre la pandémie de coronavirus ont déployé des tests à grande échelle. Si vous voulez garder la maladie sous contrôle, il est utile de savoir qui est malade et comment la maladie est transmise. Mais le dépistage est coûteux et difficile, et comme les pays tentent de relancer leur économie, il devient de plus en plus difficile de faire des tests dans tous les endroits concernés.
Mais que se passerait-il si nous avions accès à un test précis, assez facile à déployer et pratiquement gratuit (en considérant que les câlins et les soins sont gratuit) ?
L’utilisation de chiens pour détecter les maladies n’est pas une idée nouvelle. Une recherche sur « chien, détection et cancer » renvoie à 2612 publications scientifiques, et le cancer n’est pas la seule maladie pour laquelle nos fidèles amis canins ont été utilisés comme méthode de diagnostic.
Dernier exemple sur GuruMeditation :
Selon les chercheurs de cette nouvelle étude, pour ce projet désigné Nosaïs-Covid19 :
Depuis des siècles, notre odorat humain est utilisé par les praticiens de la médecine, que ce soit pour reconnaître la gangrène gazeuse sur le champ de bataille ou l’acidocétose diabétique. La détection de l’odeur par les animaux a été mentionnée dans un grand nombre d’études de diagnostic, qui toutes suggèrent une précision similaire, voire supérieure, par rapport aux méthodes de diagnostic standard.
L’idée d’utiliser des chiens pour détecter les coronavirus n’est pas non plus entièrement nouvelle, et au moins deux études sont menées en parallèle, la seconde se déroulant en Angleterre avec les essais du Medical Detection Dogs de l’Ecole d’hygiène et de Médecine tropical.
Dans cette nouvelle étude française, qui fait office de preuve de concept et qui est actuellement en cours de validation par les pairs pour sa publication (disponible en prépublication dans le lien en bas de page), des chercheurs de l’école vétérinaire d’Alfort (Maisons-Alfort, en banlieue parisienne), ont entraîné 18 chiens à détecter les coronavirus à partir d’échantillons de sueur.
Les chiens étaient tous des « professionnels », bien qu’ils travaillent dans des domaines différents : certains étaient formés pour détecter des explosifs, d’autres pour les cancers colorectaux, d’autres étaient des chiens de recherche et de sauvetage.
Oslo, l’un des chiens renifleurs de la COVID-19. (Dominique Grandjean et Coll./ bioRxiv)
Les chercheurs précisent :
Nous n’avons pas décidé de travailler avec des chiens détecteurs de drogues, car il y a toujours une possibilité que des personnes positives ou négatives au COVID-19 utilisent des substances interdites qui laisseraient des catabolites être excrétées par la sueur axillaire.
L’équipe a utilisé 168 échantillons de sueur axillaire (des aisselles) provenant de personnes positives au COVID et en bonne santé médicale, ainsi que d’autres échantillons sains et des échantillons factices.
Des bocaux contenant des échantillons de sueur positif au COVID ont été placés en ligne. Des entonnoirs ont été insérés dans les bocaux pour permettre aux chiens de mettre leur nez près de l’échantillon.
Détails du dispositif. (Dominique Grandjean et Coll./ bioRxiv)
Des essais ont été réalisés avec 3, 4, 6 et 7 pots, dont un seul contenait un échantillon positif.
(Dominique Grandjean et Coll./ bioRxiv)
Les résultats furent très impressionnants : 4 chiens ont réussi à détecter les échantillons infectés dans 100% des cas, tandis que les autres chiens ont eu un taux de précision de 83%, 84%, 90% et 94%, respectivement.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Les résultats de cette première étude de preuve de faisabilité démontrent que les personnes positives au COVID-19 produisent une sueur axillaire qui a une odeur différente, pour le chien de détection, de celle des personnes négatives au COVID-19.
Jusqu’à présent, l’étude a démontré deux choses : premièrement, que la sueur porte un marqueur d’infection, et aussi que les chiens peuvent détecter ce marqueur.
Il n’est pas tout à fait clair dans quelle mesure cette méthode pourrait être utilisée dans un cadre pratique, mais elle est certainement prometteuse. Les chiens renifleurs pourraient être engagés par des restaurants ou des entreprises comme méthode de diagnostic rapide, et pourraient même être utilisés comme méthode de test secondaire pour les établissements médicaux, concluent les chercheurs. Si les résultats sont confirmés par une étude plus solide, cette approche pourrait être viable dans certains cas.
Les chercheurs de conclure :
Dans un contexte où, dans de nombreux pays du monde, les tests de diagnostic font défaut pour mettre en place une détection de masse des personnes contaminées par le COVID-19, nous pensons qu’il est important d’explorer la possibilité d’introduire la détection olfactive des chiens comme un « outil » rapide, fiable et bon marché, soit pour pré-tester les personnes qui le souhaitent, soit comme une option de contrôle rapide dans certaines circonstances.
L’étude en prépublication dans bioRxiv : Detection dogs as a help in the detection of COVID-19 Can the dog alert on COVID-19 positive persons by sniffing axillary sweat samples ? Proof-of-concept study et présentée sur le site de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort (EnvA) : Covid-19 – Et si les chiens étaient capables de détecter les personnes porteuses ?