Deux études sur les premiers et très gros œufs à coquille molle, mais résistante, de dinosaures
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C‘est apparemment le jour pour de grandes histoires scientifiques d’œufs…
Dans deux études distinctes, une équipe de scientifiques fait état de ce qu’elle dit être le deuxième plus gros œuf de tous les animaux connus jamais découverts, et une autre suggère que, contrairement à ce que l’on pense, les premiers dinosaures pondaient des œufs à coquille molle.
Un œuf plus gros que prévu
L’œuf de la première étude est également à coquille molle et, avec ses 28 cm sur 18, il repousse les limites de ce que les scientifiques pensaient que de tels œufs pouvaient atteindre.
Une vue de profil du fossile de l’œuf géant. (Legendre et Coll./ AMNH)
C’est le premier œuf fossile jamais trouvé en Antarctique et les chercheurs pensent qu’il a été pondu par un reptile marin géant éteint, comme un mosasaure, une découverte qui remet en question l’idée répandue selon laquelle de telles créatures ne pondent pas d’œufs (représentation en image d’entête et ci-dessous).
Représentation artistique d’un bébé mosasaure émergeant d’un œuf. (John Maisano/ Jackson School of Geosciences)
Selon le principal auteur, Lucas Legendre, de l’université du Texas à Austin (UTA), aux États-Unis :
Il provient d’un animal de la taille d’un grand dinosaure, mais il est complètement différent d’un œuf de dinosaure. Il ressemble beaucoup aux œufs de lézards et de serpents, mais il provient d’un parent vraiment géant de ces animaux.
Le coauteur, David Rubilar-Rogers, du Musée national d’histoire naturelle du Chili, est l’un des scientifiques qui ont découvert le fossile en 2011, le décrivant comme ressemblant à un ballon de football dégonflé. Ni les Chiliens ni les géologues en visite n’ont pu déterminer ce que c’était jusqu’à ce que Julia Clarke, de l’UTA, suggère qu’il pourrait en fait s’agir d’un œuf dégonflé.
Des études au microscope l’ont confirmé et ont révélé une structure similaire à celle des œufs transparents à l’éclosion rapide pondus par certains serpents et lézards modernes.
Schéma montrant l’œuf fossile, ses parties et sa taille par rapport à un humain adulte. L’œuf géant a une coquille molle. L’œuf géant a une coquille molle. Celle-ci est représentée en gris foncé sur le dessin, avec des flèches pointant vers ses replis et les sédiments environnants en gris clair. (Legendre et Coll./ AMNH)
Des comparaisons avec les données de 259 reptiles vivants ont suggéré un ancien reptile marin, une idée soutenue par le nombre de squelettes de bébés mosasaures et plésiosaures dans la région.
Selon Legendre :
De nombreux chercheurs ont émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’une sorte de site de nurserie avec des eaux protégées peu profondes, un environnement de crique où les jeunes auraient eu un cadre tranquille pour grandir.
L’étude ne traite pas de la façon dont l’ancien reptile aurait pu pondre les œufs, mais les chercheurs suggèrent deux options possibles : les œufs ont éclos en eau libre, ce qui est la façon dont certaines espèces de serpents de mer donnent naissance, ou la mère a déposé les œufs sur une plage et les petits se sont ensuite jetés dans l’océan comme les jeunes tortues de mer.
Un œuf mou et résistant à la fois
Dans la seconde étude, des chercheurs dirigés par le Musée américain d’histoire naturelle (AMNH) et l’Université de Yale ont utilisé une série de méthodes géochimiques pour analyser les œufs de deux dinosaures non aviaires très différents et ils ont constaté que leur microstructure, leur composition et leurs propriétés mécaniques ressemblaient à celles des tortues.
Image ci-dessus : la couvée d’oeufs et d’embryons fossilisés de Protocératops examinée dans cette étude a été découverte dans le désert de Gobi en Mongolie à Ukhaa Tolgod. ( M. Ellison / AMNH)
Cela les amène à penser que les premiers dinosaures pondaient des œufs à coquille molle et que les œufs à coquille dure ont évolué au moins trois fois indépendamment dans l’arbre généalogique des dinosaures.
Œuf à coquille molle de tortue. (Jasmina Wiemann)
Oeuf de poule à coquille dure (calcifiée).(Jasmina Wiemann)
Selon Mark Norell, de l’AMNH et auteur principal de l’étude :
L’hypothèse a toujours été que l’œuf le plus ancien des dinosaures était à coquille dure.
Au cours des 20 dernières années, nous avons trouvé des œufs de dinosaures dans le monde entier, mais pour la plupart, ils ne représentent que trois groupes : les dinosaures théropodes, qui comprennent les oiseaux modernes, les hadrosaures avancés comme les dinosaures à bec de canard, et les sauropodes avancés, les dinosaures à long cou.
En même temps, nous avons trouvé des milliers de restes de squelettes de dinosaures cératopsiens, mais presque aucun de leurs œufs. Alors pourquoi leurs œufs n’ont-ils pas été conservés ? Je pense, et ce que nous avons fini par prouver grâce à cette étude, qu’ils étaient à coquille molle.
Norell et ses collègues des États-Unis, d’Argentine et du Canada ont étudié des œufs fossilisés contenant des embryons bien conservés appartenant à deux espèces de dinosaures : les Protocératops de Mongolie et les Mussaurus d’Argentine.
Cet œuf fossilisé a été pondu par un Mussaurus, un dinosaure au long cou, mangeur de plantes, qui mesurait jusqu’à 6 mètres de long et vivait il y a entre 227 et 208,5 millions d’années dans ce qui est aujourd’hui l’Argentine. (Diego Pol)
En caractérisant chimiquement les échantillons, ils ont trouvé des résidus chimiquement modifiés de la membrane protéinique de la coquille d’œuf qui constitue la couche la plus interne de la coquille de tous les œufs d’archosaures modernes.
Lorsqu’ils ont comparé la signature de biominéralisation moléculaire des œufs de dinosaures avec des données sur les coquilles d’autres animaux, notamment des lézards, des crocodiles, des oiseaux et des tortues, ils ont déterminé que les œufs de Protocératops et de Mussaurus étaient résistants et souples.
Selon les chercheurs dans leur étude :
La nature non-biominéralisée et molle des œufs de Protoceratops et de Mussaurus fournit une preuve directe de l’évolution indépendante des œufs calcifiés chez les dinosaures.
Cette découverte est liée aux découvertes récentes de plusieurs caractéristiques de reproduction, telles que la couleur de l’œuf, la structure du nid parental et du nid ouvert, qui sont confinées aux dinosaures théropodes, représentant une lignée indépendante d’évolution de la coquille de l’œuf.
Comme les coquilles molles sont plus sensibles à la perte d’eau et offrent peu de protection contre les facteurs de stress mécaniques, comme un parent qui couve, les chercheurs proposent que les œufs ont probablement été enterrés dans un sol humide ou du sable, puis incubés avec la chaleur de la matière végétale en décomposition, comme certains œufs de reptiles aujourd’hui.
La première étude dirigée par Lucas J. Legendre, de l’Université of Texas at Austin (UTA), publiée dans Nature : A giant soft-shelled egg from the Late Cretaceous of Antarctica et présentée sur le site de l’UTA : Egg from Antarctica is Big and Might Belong to an Extinct Sea Lizard.
La seconde étude, dirigée par Mark A. Norell de l’American Museum of Natural History (AMNH), également publiée dans Nature : The first dinosaur egg was soft et présentée sur le site de l’AMNH : First Dinosaur Eggs Were Soft Like a Turtle’s.