Sélectionner une page

La vie s’est épanouie alors que le champ magnétique de la Terre a failli disparaître il y a 590 millions d’années

4 Mai 2024 | 0 commentaires

Le champ magnétique terrestre a failli s’effondrer il y a quelque 590 millions d’années, exposant vraisemblablement la vie à la surface de la planète à un risque d’augmentation du rayonnement cosmique.

Image d’entête : cette visualisation montre le champ magnétique autour de la Terre, ou magnétosphère. (Greg Shirah et Tom Bridgman, NASA/Goddard Space Flight Center Scientific Visualization Studio)

Selon de nouvelles recherches, l’affaiblissement temporaire du bouclier magnétique aurait pu être tout sauf une catastrophe biologique. En fait, il pourrait avoir augmenté les niveaux d’oxygène, créant ainsi les conditions idéales pour l’épanouissement des premières formes de vie.

Selon Wentao Huang, spécialiste de la Terre à l’université de Rochester (États-Unis), et ses collègues dans leur nouvelle étude (lien plus bas) :

Le champ magnétique terrestre était dans un état très inhabituel lorsque les animaux macroscopiques de la faune de l’Édiacarien se sont diversifiés et ont prospéré.

En 2019, des scientifiques étudiant les empreintes magnétiques de roches provenant du Canada ont rapporté que ces échantillons indiquaient que le champ magnétique terrestre s’était affaibli pour atteindre son niveau le plus bas connu il y a environ 565 millions d’années, au cours de la période de l’Édiacarien, lorsque la vie multicellulaire prenait forme. Cependant, on a longtemps pensé qu’un champ magnétique très faible serait préjudiciable à la vie naissante, car le champ magnétique terrestre protège la vie des vents solaires.

Tout le monde n’était pas d’accord avec cette vision catastrophique. Dès 1965, le planétologue Carl Sagan affirmait que l’atmosphère et les océans de la Terre auraient pu servir de couverture protectrice aux premières formes de vie, même si le champ magnétique de la planète s’affaiblissait. Cette hypothèse a été confirmée par des modélisations récentes (2019). Mais tout lien entre une baisse simultanée du champ magnétique, l’essor de la vie édiacarienne et l’augmentation des niveaux d’oxygène est resté, comme l’ont dit Huang et ses collègues, « tentant mais peu clair ». Les résultats canadiens pourraient être une aberration.

Huang et ses collègues se sont donc mis à creuser. Ils ont déterré des roches ignées d’Afrique du Sud qui se sont formées il y a des milliards d’années et ils ont étudié les cristaux qu’elles contiennent ainsi que d’autres roches vieilles de 591 millions d’années prélevées au Brésil. Ces cristaux contiennent de minuscules minéraux magnétiques qui préservent l’intensité du champ magnétique terrestre lors de leur formation.

Il y a un peu plus de 2 milliards d’années, en plein milieu de la période paléoprotérozoïque, le champ magnétique terrestre était puissant. Les chercheurs ont constaté qu’environ 1,5 milliard d’années plus tard, il est tombé à son niveau le plus bas, environ 30 fois plus faible qu’aujourd’hui.

En combinant leurs résultats avec ceux de l’étude canadienne de 2019, Huang et ses collègues concluent que ce faible champ magnétique (appelé ultra-low time-averaged field intensity, ou UL-TAFI) a duré au moins 26 millions d’années, de 591 à 565 millions d’années. Par hasard, cet intervalle coïncide avec une augmentation des niveaux d’oxygène atmosphérique et océanique il y a environ 575 à 565 millions d’années, au cours de l’Édiacarien tardif, qui a également été marqué par une explosion de la biodiversité.

Selon Huang et ses collègues :

Les nouvelles données confirmant et élargissant l’UL-TAFI renforcent un lien potentiel avec l’évolution édiacarienne des animaux macroscopiques.

Mais il restait à comprendre comment un champ magnétique “ultra faible” pouvait entraîner une augmentation des niveaux d’oxygène. En modélisant l’évolution du vent solaire, Huang et ses collègues suggèrent que l’affaiblissement du champ magnétique a pu permettre à davantage d’ions hydrogène de s’échapper de l’atmosphère terrestre vers l’espace, ce qui a pu entraîner des niveaux d’oxygène plus élevés dans les mers et les cieux, favorisant ainsi la diversification de la vie à l’Édiacarien. La date de la fin de l’Édiacarien, il y a environ 540 millions d’années, est surprenante : c’est généralement l’explosion cambrienne qui est considérée comme le point culminant de l’évolution, donnant naissance à des formes de vie complexes qui sont devenues les animaux et les insectes que nous connaissons aujourd’hui. L’Édiacarien, en revanche, est connu pour ses créatures gluantes qui ressemblent aux éponges, limaces et anémones de mer primordiales. Il s’agit d’une période de grande expérimentation évolutive qui s’est soldée par de nombreuses impasses et qui a été marquée par une forte diminution de la biodiversité avant que la vie ne rebondisse au Cambrien.

Des recherches récentes suggèrent cependant que les premiers écosystèmes complexes pourraient s’être formés à l’Édiacarien, une étude de 2022 décrivant des structures communautaires de plus en plus complexes dans des fossiles de la fin de l’Édiacarien. Mais la vie a besoin d’oxygène pour se développer et se complexifier. Les animaux marins microscopiques et les éponges peuvent survivre dans des océans à faible teneur en oxygène, mais les animaux plus grands, mobiles et dotés d’un système corporel complexe ont besoin d’une plus grande quantité d’oxygène pour répondre à leurs besoins métaboliques.

Toujours selon Huang et ses collègues :

Un écosystème animal complexe impliquant de longues chaînes alimentaires et des prédateurs nécessite des quantités d’oxygène encore plus importantes, comme l’indique l’exclusion de ces écosystèmes complexes de la zone moderne de minimum d’oxygène.

Il semble que la vie édiacarienne ait saisi son moment lorsque le champ magnétique terrestre s’est estompé, même si nombre de ces créatures étaient destinées à se retrouver dans une impasse évolutive.

L’étude publiée dans Communications Earth & Environment : Near-collapse of the geomagnetic field may have contributed to atmospheric oxygenation and animal radiation in the Ediacaran Period.

 

Il n’y a aucune publicité sur GuruMeditation et le Guru ne compte que sur la reconnaissance de ses lecteurs/ lectrices. 

Merci pour votre aide !

Le Guru fait une pause dans ses écrits, car il a besoin de votre soutien !

Le Guru lance un appel aux dons afin de l’aider à poursuivre son activité…

Un orang-outan est le premier non-humain à soigner des blessures à l’aide d’une plante médicinale

]Un orang-outan sauvage mâle de Sumatra a été observé en train d’appliquer les feuilles mâchées d’une plante aux propriétés médicinales connues sur une plaie de sa joue. Il s’agirait du premier cas documenté de traitement actif d’une plaie par un animal sauvage à l’aide d’une substance végétale biologiquement active connue.

Les chercheurs ont observé l’orang-outan, qu’ils ont baptisé Rakus, en juin 2022 dans la zone de recherche de Suaq Balimbing, dans le parc national de…

Des chercheurs reconstituent le visage d’une Néandertalienne à partir d’un crâne écrasé vieux de 75 000 ans

Une équipe de paléo-archéologues est présentée dans un nouveau documentaire dans lequel ces experts ont reconstitué le visage d’une femme néandertalienne ayant vécu il y a 75 000 ans.

Le crâne, écrasé en centaines de fragments probablement par un éboulement après la mort, a été déterré en 2018 dans la grotte de Shanidar, au Kurdistan irakien. Baptisés Shanidar Z, les restes du Néandertalien sont peut-être la partie supérieure d’un squelette découvert dans…

Des scientifiques créent des cerveaux hybrides souris-rat avec des neurones des deux espèces

Des chercheurs américains ont utilisé une technique spéciale pour éliminer les neurones de souris en développement, qu’ils ont remplacés par des cellules souches de rat. Ces cellules se sont transformées en neurones de rat dans le cerveau de la souris, qui est AINSI devenu un cerveau hybride. Chose remarquable, les rongeurs modifiés sont en bonne santé et se comportent normalement, ce qui est très prometteur pour les thérapies régénératives neuronales.

Les recherches ont été menées par deux équipes indépendantes, qui ont publié leurs résultats…

Les “rayures de tigre” de la lune de Saturne, Encelade, sont liées à ses spectaculaires geysers

Les mouvements des lignes de faille de la croûte gelée d’Encelade, une des lunes de Saturne, pourraient être à l’origine des panaches de matière glacée qui s’échappent du ventre aqueux de la lune, selon une équipe de chercheurs qui a récemment modélisé ces mouvements.

L’étude de l’équipe s’est concentrée sur les “rayures de tigre” d’Encelade, de longues fissures situées principalement dans les parties méridionales de la lune, que certains pensent avoir été causées par un ancien impact. D’autres chercheurs ont…

Plus de 90 % des oiseaux polaires sont contaminés par des microplastiques

Le plastique est pratiquement partout sur Terre. De la plus haute montagne aux plus grandes profondeurs des océans, des régions polaires à l’intérieur de notre corps, il n’y a plus moyen d’y échapper. Bien que la pollution plastique soit loin d’être un nouveau problème, l’ampleur de la pollution par les microplastiques n’est apparue que récemment.

La pollution plastique est généralement divisée en macroplastiques (>5 cm), microplastiques (0,1 µm-5 mm) et nanoplastiques (<0,1 µm). Plus le plastique est...

Des scientifiques trouvent un moyen de convertir les groupes sanguins et de les rendre mutuellement compatibles pour la transfusion

Les transfusions sanguines sauvent souvent la vie des patients qui ont désespérément besoin de remplacer leur sang perdu à la suite d’une intervention chirurgicale ou d’une blessure. Le problème est que les réserves de sang sont faibles dans le monde entier. Pour ne rien arranger, il existe plusieurs groupes sanguins, dont certains sont incompatibles. Par exemple, si votre groupe sanguin est O négatif, vous ne pouvez recevoir que du sang de type O négatif…

Le plus haut observatoire du monde entre en fonction au Chili

Pour le Livre Guinness des records, l’Observatoire d’Atacama de l’Université de Tokyo (TAO) est l’observatoire astronomique le plus haut du monde.

Le TAO se trouve à une altitude de 5 640 mètres au sommet d’une montagne dans le désert d’Atacama, au nord du Chili. Le télescope de 6,5 m optimisé pour les infrarouges est enfin opérationnel après 26 ans de planification et de construction…

La voile solaire avancée de la NASA s’est déployée sans encombre dans l’espace

La NASA a lancé son système de voile solaire composite avancé (Advanced Solar Sail) à bord d’une fusée Electron de RocketLab, déployant ainsi une voile de 9 mètres en orbite terrestre basse…

Des millions de joueurs du jeu vidéo Borderlands 3 font avancer la recherche biomédicale

Plus de 4 millions de joueurs jouant à un mini-jeu de science citoyenne dans le jeu vidéo Borderlands 3 ont aidé à reconstituer l’histoire de l’évolution microbienne des bactéries de l’intestin humain…

La vieille sonde Voyager 1 de la NASA rétablit la transmission de ses données après 5 mois de charabia

La sonde Voyager 1 a renvoyé des données exploitables pour la première fois depuis plus de 5 mois, ce qui laisse espérer que la mission, vieille de 46 ans, pourra enfin reprendre ses activités normales.

La sonde interstellaire préférée de la NASA a transmis samedi au centre de contrôle de la mission des données sur la santé et l’état de ses systèmes embarqués…

Photos : Lorsque deux satellites dans des directions opposées se croisent dans l’espace à 10 000 km/h

La sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA a pris une photo parfaitement synchronisée lorsqu’elle a croisé le chemin d’un autre engin spatial en orbite autour de la lune.

La sonde LRO, qui est en orbite autour de la lune depuis 15 ans, a pris plusieurs images de l’orbiteur lunaire Danuri de l’Institut de recherche aérospatiale de Corée, alors que les deux engins spatiaux, voyageant sur des orbites presque parallèles, se sont croisés dans des directions opposées au cours de trois orbites entre le 5 et le 6 mars…

Le professeur physicien Peter Higgs, célèbre pour avoir prédit l’existence du boson de Higgs, meurt à l’âge de 94 ans

Le professeur Peter Higgs, lauréat du prix Nobel, physicien théoricien britannique célèbre pour avoir prédit l’existence d’une nouvelle particule, le boson de Higgs, est décédé lundi 8 avril. L’université d’Édimbourg, où Higgs était professeur émérite, a annoncé mardi qu’il était « décédé paisiblement chez lui … à la suite d’une courte maladie ».

Les bosons de Higgs sont l’excitation quantique du champ de Higgs, un champ qui remplit tout l’univers et qui interagit avec les particules…

Voyager 1 : Les ingénieurs de la NASA ont repéré la puce défectueuse qui pourrait permettre de réparer l’ordinateur de la plus vieille sonde spatiale

L’une des plus anciennes (47 ans) et des plus lointaines sondes envoyées dans l’espace par l’humain, la sonde Voyager 1 souffre d’une importante défaillance qui l’empêche de transmettre des données scientifiques ou techniques vers la Terre. Les ingénieurs de la NASA ont réduit le problème de la sonde Voyager 1 à une seule puce défectueuse. Il pourrait désormais être possible de contourner la mémoire corrompue et de remettre la sonde interstellaire en état de marche…

Pin It on Pinterest

Share This