Les manchots Adélie de l’Antarctique sont apparemment heureux qu’il y ait moins de glace
Le réchauffement climatique est indéniablement mauvais pour la faune sauvage mondiale, mais il pourrait apporter un avantage surprenant à court terme aux manchots Adélie (Pygoscelis adeliae) de l’Antarctique oriental.
Image d’entête : pour l’étude, un manchot équipé d’une caméra vidéo sur son dos et d’un accéléromètre sur sa tête. (Yuuki Watanabe (NIPR))
Les scientifiques ont découvert qu’ils étaient capables de couvrir plus de terrain en moins de temps, en nageant plutôt qu’en marchant, alors qu’ils cherchaient des proies pendant une saison de reproduction inhabituellement exempte de glace en 2016-2017.
Sans avoir besoin de localiser les fissures dans la glace de mer pour respirer, ils ont également pu effectuer des plongées plus courtes tout en attrapant plus de krill.
A partir de l’étude : Paysages autour de la colonie de manchots étudiée (ligne jaune) photographiés en (A) janvier 2012, lorsque la glace de mer était étendue, et (B) janvier 2017, lorsque la glace de mer était presque absente (photo : Y.Y.W., National Institute of Polar Research). Sorties typiques de recherche de nourriture des pingouins enregistrées en (C) janvier 2012 recouvert de glace et (D) janvier 2017 libre de glace, montrant la distance du nid et la profondeur de plongée. Les pingouins se sont déplacés en marchant et en nageant en 2012 et 2017, respectivement, pendant les périodes indiquées par des barres grises. Les échelles des axes x et y sont appariées en (C) et (D) pour faciliter la comparaison. (E à H) Tous les voyages de recherche de nourriture enregistrés par les appareils GPS pour chaque saison. Les cercles jaunes représentent la colonie. (Yuuki Watanabe et Coll./ Science) Advances)
En retour, ce succès accru dans la recherche de nourriture a permis aux poussins de grandir plus vite et d’augmenter la masse corporelle des mâles et des femelles adultes, selon la nouvelle étude (lien plus bas).
Krill prélevé dans les estomacs de manchots. Du krill (Euphausia superba, à gauche ; E. crystallorophias, à droite) a été prélevé sur unmanchot en janvier 2017 pendant une saison sans glace et en janvier 2011 pendant une saison avec glace, respectivement. Les krills échantillonnés à gauche sont beaucoup plus gros que ceux échantillonnés à droite. (Yuuki Watanabe/ NIPR)
Selon l’auteur principal, Yuuki Watanabe, de l’Institut national de recherche polaire du Japon (NiPR) :
Il s’avère que ces manchots sont plus heureux avec moins de glace de mer. Cela peut sembler contre-intuitif, mais le mécanisme sous-jacent est en fait assez simple.
Afin de suivre en détail le comportement de recherche de nourriture pendant quatre saisons de reproduction au cours de la dernière décennie, Watanabe et ses collègues ont suivi 175 manchots dans la baie de Lützow-Holm en les marquant avec des enregistreurs GPS, des accéléromètres et des caméras vidéo.
La saison 2016-2017 s’est avérée inhabituelle, car une grande quantité de glace de mer dans la baie s’est brisée et a dérivé avec les courants.
L’étude suggère que les manchots auraient dépensé en moyenne 15 à 33 % d’énergie en moins par voyage cette année-là par rapport aux saisons couvertes de glace, ce qui aurait permis d’économiser de l’énergie pour la croissance et la reproduction.
Il y a même une chance, selon les chercheurs, que les manchots Adélie connaissent un boom démographique dans les années à venir si l’Antarctique continue à perdre de la glace de mer comme le prévoient les modèles climatiques.
Cependant, tout cela n’arrive que pour les manchots qui vivent sur l’Antarctique continental. Les 30% d’espèces qui vivent sur la péninsule ou les îles de l’Antarctique ne s’en sortent pas aussi bien lorsque la glace de mer diminue.
L’étude publiée dans Science Advances : Foraging behavior links sea ice to breeding success in Antarctic penguins et présentée sur le site de de l’Institut national de recherche polaire du Japon : Antarctic penguins happier with less sea ice.