Dans l’espace, les bactéries terrestres et extraterrestres seront plus difficiles à tuer et plus efficaces pour nous tuer
Dans l’espace, le système immunitaire humain risque apparemment d’être confronté à deux menaces, celles de nos propres bactéries terrestres qui semblent encore mieux se développer en microgravité et les bactéries et virus que nous pourrions croiser sur d’autre corps du système solaire et que notre système immunitaire aura du mal à reconnaitre.
(Image d’entête : “bactéries dans l’espace” par Nicholas Roberts/ Dribbble)
En microgravité, les bactéries deviennent plus difficiles à tuer et plus efficaces pour nous tuer
Les effets à long terme de la microgravité, c’est-à-dire de l’apesanteur presque totale ressentie lors des voyages dans l’espace proche de la Terre, sur le corps humain sont encore largement méconnus.
Mais des scientifiques ont de mauvaises nouvelles concernant les effets de la microgravité sur d’autres êtres vivants. De façon inquiétante, elle peut rendre les bactéries à la fois plus mortelles et plus résistantes aux antibiotiques, selon Vikrant Minhas, étudiant en doctorat à l’université d’Adélaïde (Australie) qui fait un point sur nos connaissances actuelles sur l’évolution des bactéries en microgravité.
De plus, les bactéries amenées dans l’espace sont capables de muter rapidement et de s’adapter à leur environnement, ce qui réduit à néant l’espoir que des agents pathogènes dangereux puissent mourir dans les conditions extrêmes d’un voyage spatial. Les cellules deviennent plus petites, écrit Minhas s’appuyant sur de précédentes études, mais aussi plus nombreuses.
Des questions subsistent quant à la façon dont elles peuvent se comporter en microgravité par rapport aux conditions de gravité zéro. Les scientifiques n’ont pas encore déterminé si les changements sont dus à une modification spécifique et quantifiable de l’attraction gravitationnelle ou de l’apesanteur en général. Mais ils ont découvert quels sont les changements en cours.
Le problème vient de la capacité des bactéries à former un biofilm, c’est-à-dire des colonies denses qui se collent les unes aux autres et à d’autres surfaces, lorsqu’elles sont soumises à la microgravité.
Ces biofilms rendent les bactéries contenues à l’intérieur plus infectieuses tout en les protégeant des traitements antibiotiques. Et ce qui est encore plus troublant pour les voyageurs de l’espace : ce biofilm peut se coller sur les équipements ou les commandes des vaisseaux spatiaux et les dégrader progressivement.
Cela, note Minhas, fut un problème pour la station spatiale Mir : Des colonies de bactéries se développaient sur un certain nombre de commandes et d’instruments et menaçaient de provoquer un dysfonctionnement généralisé.
Selon Minhas :
Tout cela a de graves implications, surtout lorsqu’il s’agit de vols spatiaux long-courriers où la gravité ne serait pas présente. Faire l’expérience d’une infection bactérienne qui ne peut être traitée dans ces circonstances serait catastrophique.
Vikrant Minhas présente tout cela dans un article publié dans The Conversation : As if space wasn’t dangerous enough, bacteria become more deadly in microgravity.
Notre système immunitaire aura forcément du mal à reconnaitre les bactéries et virus extraterrestres
Des microorganismes (tels que des bactéries et des virus) pourraient exister au-delà de la Terre, et il est prévu d’en rechercher les signes sur Mars et sur certaines lunes de Saturne et de Jupiter.
Ces organismes pourraient être basés sur des acides aminés différents (éléments clés de toute vie) de ceux des formes de vie sur Terre.
Des scientifiques des universités d’Aberdeen (Écosse) et d’Exeter (Royaume-Uni) ont récemment testé comment les cellules immunitaires des mammifères réagissaient à des peptides (combinaisons d’acides aminés) contenant deux acides aminés qui sont rares sur Terre, mais que l’on trouve couramment sur les météorites.
La réponse immunitaire à ces peptides « étrangers » était « moins efficace » que la réaction à ceux que l’on trouve couramment sur Terre.
L’étude menée sur des souris, dont les cellules immunitaires fonctionnent de manière similaire à celles des humains, suggère que les micro-organismes extraterrestres pourraient constituer une menace pour les missions spatiales, et sur Terre s’ils étaient ramenés.
Les chercheurs ont examiné la réaction des cellules T, qui sont la clé des réponses immunitaires, aux peptides contenant des acides aminés que l’on trouve couramment sur les météorites : l’isovaline et l’acide α-aminoisobutyrique.
La réponse fut moins efficace, avec des niveaux d’activation de 15 % et 61 %, contre 82 % et 91 % lorsqu’elles ont été exposées à des peptides entièrement constitués d’acides aminés courants sur Terre.
L’étude publiée dans la revue Microorganisms : A Weakened Immune Response to Synthetic Exo-Peptides Predicts a Potential Biosecurity Risk in the Retrieval of Exo-Microorganisms et présentée sur le site de l’université d’Exeter : Mammal cells could struggle to fight space germs.