Aucun signe d’émissions radio extraterrestres dans l’analyse de 10 millions d’étoiles
Une équipe de scientifiques à la recherche de civilisations extraterrestres vient de scanner 10 millions d’étoiles, pour revenir bredouille.
Sur au moins 10 millions d’étoiles qui peuplent la région de la constellation des voiles, le Murchison Widefield Array (MWA), en Australie, n’a trouvé aucune des technologies auxquelles on pourrait s’attendre dans sa zone de couverture.
Image d’entête : le rémanent (les restes) de la supernova Vela dans la constellation des voiles. (D. Goldman/ J. Drudis)
Cependant, les astronomes Chenoa Tremblay et Steven Tingay du centre de l’Université Curtin du Centre international de recherche en radioastronomie (ICRAR/ Australie) affirment que leurs résultats ne sont pas du tout décevants.
Au contraire, les recherches montrent combien il est facile de mener une recherche d’intelligence extraterrestre presque accessoirement, tout en obtenant d’autres observations astrophysiques.
Cette recherche est vraiment très complexe. Nous ne savons pas vraiment quel type de technologie une civilisation extraterrestre pourrait développer, alors nous nous basons sur ce que nous savons, notre propre technologie et nos théories. Dans le cas du MWA, cela signifie des signaux radio dans des fréquences similaires à la radio FM.
Ici, sur Terre, la radio à très basse fréquence peut « s’échapper » par l’ionosphère. Elle a été captée par nos propres sondes spatiales, comme l’indique le fichier audio ci-dessus, enregistré par la sonde spatiale Polar de la NASA en 1996.
En 2017, on a découvert que ces émissions très basse fréquence créent une bulle géante autour de notre planète.
(NASA)
Si des extraterrestres produisent également de tels signaux, et si ces signaux sont suffisamment puissants, les chercheurs pensent que nous pourrions les détecter. Cependant, si nous le pouvons, ce n’est pas avec le MWA, et pas à proximité de la constellation de Vela.
Selon Tremblay :
Le MWA est un télescope unique, avec un champ de vision extraordinairement large qui nous permet d’observer des millions d’étoiles simultanément. Nous avons observé le ciel autour de la constellation de Vela pendant 17 heures, en regardant le ciel plus de 100 fois plus large et plus profond que jamais auparavant. Avec cet ensemble de données, nous n’avons trouvé aucune technosignature, aucun signe de vie intelligente.
Antennes dipôles du radiotélescope Murchison Widefield Array (MWA) en Australie. (Dragonfly Media/ ICRAR)
La constellation des voiles peut sembler n’être qu’un petit coin de ciel lorsque vous vous tenez ici en regardant vers le haut, mais elle est beaucoup plus fréquentée qu’il n’y paraît. Elle contient le reste/ rémanent de la supernova Vela, c’est ce que Tremblay a étudié, en se penchant plus particulièrement sur la composition chimique du nuage dans les basses fréquences.
Position de Vela dans la Voie lactée. (NASA/ DOE/ International LAT Team)
Et la région étudiée compte au moins 10 millions d’étoiles à des distances variées, une petite tranche de la galaxie de la Voie lactée, qui compte globalement un nombre d’étoiles estimé entre 100 et 400 milliards (ou peut-être même plus, selon les estimations).
Il n’est donc pas vraiment surprenant qu’aucun signal n’ait été détecté.
Selon Tingay :
Et même si cette étude était très importante, la quantité d’espace que nous avons examinée équivalait à essayer de trouver quelque chose dans les océans de la Terre, mais seulement à chercher un volume d’eau équivalent à une grande piscine de jardin.
Il y a d’autres raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas détecter les signatures technologiques. Il y a le point mentionné plus tôt, à savoir que la technologie extraterrestre pourrait ne rien avoir de commun avec notre technologie terrestre, qu’elle pourrait être quelque chose dont nous ne pouvons même pas supposer l’existence. C’est pourquoi nous devons chercher avec tous les outils dont nous disposons.
Toujours selon Tingay :
Comme nous ne pouvons pas vraiment supposer comment d’éventuelles civilisations extraterrestres pourraient utiliser la technologie, nous devons chercher de nombreuses manières différentes. En utilisant des radiotélescopes, nous pouvons explorer un espace de recherche en huit dimensions.
Bien qu’il y ait un long chemin à parcourir dans la recherche d’intelligence extraterrestre, les télescopes tels que le MWA continueront à repousser les limites, nous devons continuer à chercher.
Pour tous les fans d’extraterrestres, le manque de preuves ne signifie pas nécessairement un manque de civilisations extraterrestres. Il est également possible que les radiations électromagnétiques émises par une civilisation étrangère soient trop éloignées ou trop faibles pour être détectées.
Prenez la Terre, encore une fois, comme seul exemple connu. Nous ne générons délibérément des ondes radio que depuis, au plus tôt, la première transmission radio en 1895. Au maximum, nos transmissions n’ont pas pu aller beaucoup plus loin que 100 années-lumière.
Les ondes radio deviennent moins intenses avec la distance, suivant la loi en carré inverse. Au double de la distance parcourue, le signal représente un quart de son intensité au point de départ. À 100 années-lumière de distance, les ondes radio de la Terre seraient impossibles à distinguer du bruit de fond.
Mais, avec des télescopes toujours plus puissants, comme le Square Kilometre Array (SKA) en cours de construction en Australie occidentale et en Afrique du Sud, qui sait ce que nous pourrions trouver ?
En raison de sa sensibilité accrue, le télescope basse fréquence SKA qui sera construit en Australie occidentale sera capable de détecter des signaux radio semblables à ceux de la Terre provenant de systèmes planétaires relativement proches. Avec le SKA, nous serons en mesure d’étudier des milliards de systèmes stellaires, en recherchant des technosignatures dans un océan astronomique d’autres mondes.
L’étude publiée dans The Publications of the Astronomical Society of Australia : A SETI survey of the Vela region using the Murchison Widefield Array: Orders of magnitude expansion in search space et présentée sur le site de l’ICRAR : Australian telescope finds no signs of alien technology in 10 million star systems.