Plus d’un milliard de personnes seront contraintes de se délocaliser d’ici 2050
Plus d’un milliard de personnes pourraient être délogées au cours des 30 prochaines années en raison du manque d’accès à la nourriture et à l’eau, d’une exposition accrue aux catastrophes naturelles et d’une rapide croissance démographique, selon un nouveau rapport qui analyse les menaces écologiques mondiales, certains pays étant plus touchés que d’autres.
Le groupe de réflexion international Institute for Economics & Peace (IEP) a indiqué dans son rapport Ecological Threat Register (lien en bas de page) que 1,2 milliard de personnes vivant dans 31 pays ne sont pas suffisamment résilientes/ résistantes pour supporter les menaces écologiques. Le rapport combine des mesures de résilience avec des données écologiques complètes provenant des Nations unies et d’autres organisations.
La tendance dans le nombre de catastrophes écologiques de 1900 à 2019. (IEP)
Selon Steve Killelea, fondateur de l’IEP :
Les menaces écologiques et le changement climatique posent de sérieux défis à la paix mondiale. Au cours des 30 prochaines années, le manque d’accès à la nourriture et à l’eau ne fera qu’augmenter sans une coopération mondiale urgente. En l’absence d’action, des troubles civils, des émeutes et des conflits vont très probablement s’intensifier.
Le pays qui compte le plus grand nombre de personnes menacées de déplacements massifs est le Pakistan, suivi de l’Éthiopie et de l’Iran, selon le rapport. Haïti est confronté à la plus grande menace d’Amérique centrale. Dans ces pays, même de petites menaces écologiques et des catastrophes naturelles pourraient entraîner des déplacements massifs de population.
Cumul des déplacements de population à partir de 2008 et projeté jusqu’en 2050. (IEP)
Cela ne signifie pas que les régions qui ont une forte résilience, comme l’Europe et l’Amérique du Nord, ne seront pas à l’abri de l’impact plus large des menaces écologiques, comme un nombre important de réfugiés. La crise des réfugiés européens à la suite des guerres en Syrie et en Irak en 2015 a vu deux millions de personnes fuir vers l’Europe, par exemple.
Cependant, l’Europe, les États-Unis et d’autres pays développés sont confrontés à moins de risques écologiques et ils disposent également de niveaux de résilience plus élevés pour faire face à ces risques, a montré le rapport. Les pays développés qui ne sont pas confrontés à des menaces sont notamment la Suède, la Norvège, l’Irlande et l’Islande. Au total, 16 pays ne sont confrontés à aucune menace.
Les pays les plus menacés par une catastrophe écologique. (IEP)
On prévoit également que bon nombre des pays les plus menacés par les catastrophes écologiques connaîtront une augmentation significative de leur population, comme le Nigeria, l’Angola, le Burkina Faso et l’Ouganda. Ces pays ont déjà du mal à résoudre les problèmes écologiques et souffrent de la rareté des ressources, du faible niveau de stabilité et d’un taux élevé de pauvreté.
Selon Killelea :
Cela aura d’énormes répercussions sociales et politiques, non seulement dans le monde en développement, mais aussi dans les pays développés, car les déplacements massifs de population entraîneront des flux de réfugiés plus importants vers les pays les plus développés. Le changement écologique est la prochaine grande menace mondiale pour notre planète et la vie des gens.
Le rapport conclut que la demande mondiale de nourriture devrait augmenter de 50 % d’ici 2050, ce qui signifie que sans une augmentation substantielle de l’offre, beaucoup plus de personnes seront menacées par la faim. Actuellement, plus de deux milliards de personnes dans le monde sont confrontées à une incertitude quant à l’accès à une alimentation suffisante. Ce nombre devrait passer à 3,5 milliards de personnes d’ici 2050.
Les cinq pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire sont la Sierra Leone, le Liberia, le Niger, le Malawi et le Lesotho, où plus de la moitié de la population est confrontée à l’incertitude quant à l’accès à une nourriture suffisante pour être en bonne santé. La COVID-19 a exacerbé les niveaux d’insécurité alimentaire et a donné lieu à des hausses de prix substantielles.
Utilisation et projection de l’eau potable de 1901 à 2050. (IEP)
La pénurie d’eau pourrait également devenir un gros problème. Aujourd’hui, 2,6 milliards de personnes souffrent d’un stress hydrique élevé ou extrême et d’ici 2040, ce chiffre passera à 5,4 milliards de personnes. La majorité de ces pays sont situés en Asie du Sud, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord (MENA), en Europe du Sud-Ouest et en Asie-Pacifique. Certains des pays les plus touchés devraient être le Liban, Singapour, Israël et l’Irak.
Le rapport à consulter sur le site de l’international Institute for Economics & Peace : Ecological Threat Register (ETR).