Les mangoustes rayées femelles déclenchent des guerres pour s’accoupler avec les mâles du camp adverse
Lorsque des familles de mangoustes en bande se préparent à se battre, elles forment des lignes de combat. Chaque clan d’une vingtaine d’animaux se tient au coude à coude, les oreilles aplaties en arrière, tout en fixant l’ennemi. Une parcelle de savane broussailleuse les sépare, jusqu’à ce que les premiers animaux s’enfuient.
Image d’entête : des mangoustes rayées forment des lignes avant la bataille dans le parc national Queen Elizabeth, en Ouganda. (Harry Marshall/ Banded Mongoose Research Project)
Puis, selon Michael Cant, biologiste à l’université d’Exeter au Royaume-Uni qui étudie l’espèce dans le parc national Queen Elizabeth en Ouganda depuis 25 ans :
Puis ils se regroupent en boules se tortillant, de manière chaotique et rapide, et vous entendez des cris aigus. Nous l’appelons la guerre des mangoustes.
Ces mammifères rayés ressemblant à des chats, ils ne pèsent que 2 kg chacun, mais les combats acharnés peuvent durer plus d’une heure. Une question qui a intrigué Cant et d’autres scientifiques est : Pourquoi ces animaux sociaux se battent-ils ?
En fait, les mangoustes rayées femelles entraînent leurs groupes dans des conflits avec leurs rivaux afin qu’elles puissent s’accoupler avec des mâles des territoires voisins pendant la bataille, profitant que les mâles de leur propre groupe soient occupés.
Les mangoustes sont très territoriales et vivent en groupes d’environ 20 adultes, s’affrontant donc violemment avec des groupes rivaux jusqu’à trois fois par mois. Les chercheurs ont soupçonné que les femelles menaient leurs groupes dans ces combats avec des groupes rivaux afin de chercher de nouveaux compagnons.
Toujours selon Cant :
Les groupes de mangoustes en bande sont tellement fermés, presque aucun d’entre eux ne quitte le groupe, alors les liens au sein du groupe se renforcent au fil du temps.
Les mangoustes femelles d’un même groupe entrent en chaleur (œstrus) de manière synchrone et mettent bas le même jour. Pendant qu’elles sont en chaleur, les mâles suivent les femelles du groupe et les protègent des femelles rivales du même groupe.
L’équipe a capturé des images vidéo de femelles s’accouplant avec des mâles dans des groupes rivaux pendant les conflits, dans des moments où elles n’étaient pas gardées par leurs propres mâles. Ils ont constaté que la probabilité d’une bagarre augmentait lorsque les femelles étaient en chaleur. Pour eux, cela suggère que les femelles initient et mènent leurs groupes dans des combats plutôt que les mâles.
Selon Cant :
La probabilité d’être impliqué dans ces bagarres augmente avec l’âge du groupe et avec le niveau de consanguinité dans celui-ci.
Les chercheurs ont comparé la progéniture produite par les accouplements entre 499 mâles et 377 femelles, et ils ont constaté que le fait de s’engager dans davantage de conflits entre groupes augmentait le nombre de petits produits et leur taux de survie plus fortement pour les femelles que pour les mâles.
Ce comportement est un exemple de “leadership par exploitation” (exploitative leadership), explique Cant, dans la mesure où les femelles adultes obtiennent un avantage reproductif, alors que le reste du groupe souffre : les petits et les mâles adultes sont tués plus souvent que les femelles lors des combats.
La violence collective organisée s’étend bien au-delà des humains et des espèces auxquelles les gens pensent généralement, comme les chimpanzés.
L’étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences : Exploitative leaders incite intergroup warfare in a social mammal et présentée sur le site de l’université d’Exeter : Female mongooses start battles for chance to mate.