Bien qu’ils soient solitaires, le bâillement est aussi contagieux chez les orangs-outans
Le bâillement est un comportement très contagieux, mais ses mécanismes et la cause de sa contagion restent mal compris. Les scientifiques ont suggéré que le bâillement contagieux pourrait être plus fréquent chez les animaux sociaux. Cependant, les résultats sont contradictoires et sa fonction reste discutable.
Des chercheurs de l’université d’Utrecht, de l’université de Leyde (Pays-Bas) et de la Benemérita Universidad Autónoma de Puebla au Mexique ont étudié le bâillement contagieux chez les orangs-outans parce qu’il manque des données à leur sujet. De précédentes études ont démontré que le bâillement contagieux est présent chez les chimpanzés et les bonobos. Ils espèrent également voir le même résultat chez les orangs-outans qui sont considérés comme des animaux solitaires.
L’équipe internationale de chercheurs a étudié les bâillements contagieux chez les orangs-outans d’un zoo pour primates à Apenheul, dans la région d’Apeldoorn (Pays-Bas). Les recherches ont été menées par Jorg Massen, chercheur en comportement de l’université d’Utrecht, qui a observé la réaction des orangs-outans lorsqu’ils regardent des vidéos d’autres orangs-outans au visage neutre et bâillant.
Les chercheurs ont découvert que bien qu’ils soient des animaux solitaires, ils sont aussi semblables aux humains lorsqu’ils voient la même espèce bailler. Ils imitent eux aussi ce comportement et bâillent.
Seon Jorg Massen :
Le bâillement contagieux est un phénomène qui fascine la science depuis longtemps, mais il est intéressant de noter que nous ne savons pas encore vraiment quelle est sa fonction. En regardant nos proches parents et les espèces animales qui varient dans leur socialité, nous essayons d’avoir une meilleure image de cela.
En plus d’étudier si les orangs-outans présentent également le comportement automatique de bâillements contagieux que l’on trouve habituellement chez les animaux sociaux, les chercheurs ont aussi étudié si la réaction des orangs-outans qui bâillent de manière contagieuse est influencée par le degré de familiarité qu’ils ont avec leurs congénères dans les vidéo qu’ils regardaient. Les chercheurs ont montré les vidéos d’orang-outans dans lesquelles des membres du groupe bâillaient, ainsi que des étrangers faisant la même chose, et un avatar d’orang-outan en 3D nommé Waldo.
A partir de l’étude et tirée des vidéos de bâillement présentées aux orangs-outans : a) Waldo, l’avatar, b) et c) deux mâles d’Apenheul et d) et e) deux orangs-outans inconnus (YouTube). (Evy van Berlo et Col./ Scientific Reports)
Ils ont découvert qu’ils sont plus susceptibles de présenter une réaction spontanée de bâillement pour de vrais orangs-outans, qu’ils soient membres du groupe ou étrangers. Cependant, les bâillements de Waldo n’ont pas entraîné davantage de bâillements de la part des orangs-outans qui le regardent.
Les résultats de l’étude contredisent une fois de plus la croyance populaire selon laquelle les bâillements contagieux ne se produisent que sur les animaux sociaux. Les chercheurs ont également noté que les bâillements contagieux existent peut-être chez toutes les espèces de grands singes.
Ils recommandent de poursuivre les recherches sur les bâillements chez les animaux plus solitaires, tels que les chats, les renards, les pandas, les serpents, les tortues et autres reptiles. Evy van Berlo, de l’université de Leyde et premier auteur de l’étude, a déclaré que seule l’étude des bâillements contagieux sur une grande variété d’animaux pourrait répondre aux questions de savoir pourquoi ils existent et quelle est leur fonction spécifique.
En outre, même les humains bâillent aussi lorsqu’ils voient bâiller les orangs-outans. Les coauteurs Alejandra Díaz-Loyo et Oscar Juárez-Mora de la Benemérita Universidad Autónoma de Puebla au Mexique ont déclaré que ce bâillement contagieux entre différentes espèces pourrait également constituer une prochaine étape intéressante dans l’étude des mécanismes du bâillement.
Les chercheurs ont publié leur étude dans la revue Scientific American : Experimental evidence for yawn contagion in orangutans (Pongo pygmaeus) et présentée sur le site de l’université de Leyde : Orangutans yawn contagiously when they see others yawn.