Avec un nez de 2,5 mètres de long : découverte d’un crâne exceptionnellement bien préservé d’un dinosaure d’il y a plus de 70 millions d’années
Dans les badlands arides du Nouveau-Mexique, des paléontologues ont découvert pour la première fois depuis près d’un siècle un nouveau crâne du rare dinosaure Parasaurolophus.
Connu de tous les enfants obsédés par les dinosaures, le Parasaurolophus arbore une crête bizarre et sophistiquée qui pousse à partir de son crâne, formant un tube creux à son point le plus large.
Image d’entête : reconstitution de la tête du Parasaurolophus cyrtocristatus. (Andrey Atuchin)
Selon Terry Gates, paléontologue de l’université d’État de Caroline du Nord aux États-Unis et auteur principal de la nouvelle étude (lien plus bas) :
Imaginez que votre nez pousse sur votre visage, à un mètre derrière votre tête, puis se retourne pour s’attacher au-dessus de vos yeux.
Le Parasaurolophus respirait à travers un tuyau de 2,5 mètres de long avant que l’oxygène n’atteigne sa tête.
Trois espèces de Parasaurolophus sont actuellement reconnues, avec des spécimens trouvés au Nouveau-Mexique, dans l’Utah et dans l’Alberta au Canada. Elles remontent toutes à la fin du Crétacé, il y a environ 75 millions d’années.
Le nouveau crâne, parfaitement conservé, provient du Parasaurolophus cyrtocristatus, une espèce connue à partir d’un seul spécimen trouvé dans la même région du Nouveau-Mexique il y a 97 ans, en 1923.
Squelette de Parasaurolophus cyrtocristatus, l’une des trois espèces de Parasaurolophus, au musée Field. (Wikimédia)
Ce crâne a été découvert en 2017 sur les terres des peuples Diné (peuple Navajo) et indiens Pueblos. Au départ, seul un petit morceau du crâne était visible sur une pente de grès abrupte, l’équipe a donc été surprise de dégager ensuite un crâne partiel, dont une crête intacte aux détails remarquables, apportant des réponses sur sa structure après des décennies de désaccord paléontologique.
Selon le coauteur David Evans du Musée royal de l’Ontario au Canada :
Au cours des 100 dernières années, les idées concernant la crête tubulaire exagérée sont allées du tuba au super renifleur. Mais après des décennies d’études, nous pensons maintenant que ces crêtes fonctionnaient principalement comme des résonateurs sonores et des éléments visuels utilisés pour communiquer au sein de leur propre espèce.
A partir de l’étude : crâne de Parasaurolophus cyrtocristatus : (A) photographie de la face latérale droite ; (B) illustration de la face latérale droite ; (C) photographie de la face latérale gauche ; et (D) illustration de la face latérale gauche. (Gates et col/ Peerj)
Les caractéristiques de ce nouveau crâne suggèrent également que les deux espèces méridionales de Parasaurolophus, dont les spécimens se trouvent au Nouveau-Mexique et en Utah, sont plus proches l’une de l’autre que de leur cousine du nord, en Alberta.
Selon Joe Sertich, conservateur des dinosaures au Denver Museum of Nature & Science (Etats-Unis) et chef de l’équipe de fouille, le crâne montre que cette crête est formée comme celles d’autres dinosaures à bec de canard apparentés. Il ajoute :
Ce spécimen est un merveilleux exemple de créatures étonnantes évoluant à partir d’un seul ancêtre.
Alors que les badlands du Nouveau-Mexique sont aujourd’hui un endroit sec et à la végétation clairsemée, il y a 75 millions d’années, ils auraient été une luxuriante plaine d’inondation subtropicale. À cette époque, l’Amérique du Nord était divisée par une mer peu profonde en deux masses terrestres. Les épisodes de formation de montagnes sur le côté ouest ont contribué à préserver les divers écosystèmes de dinosaures présents dans certains des fossiles les mieux préservés et les plus constants de la planète. Ils montrent que le Parasaurolophus partageait le continent avec de nombreuses espèces de dinosaures dotés de becs de canard ou de cornes, ainsi qu’avec les premiers tyrannosaures, alligators et tortues.
L’étude publiée dans PeerJ : Description and rediagnosis of the crested hadrosaurid (Ornithopoda) dinosaur Parasaurolophus cyrtocristatus on the basis of new cranial remains.