Selon les Enquêteurs de l’OMS, il est "extrêmement improbable" que le SRAS-CoV-2 de la COVID-19 se soit échappé d’un laboratoire chinois
Une équipe envoyée par l’Organisation mondiale de la santé en Chine pour enquêter sur les origines de la COVID-19 a annoncé lors d’une conférence de presse mardi qu’il est « extrêmement improbable » que le virus se soit échappé d’un laboratoire à Wuhan, en Chine, une théorie aux consonances conspirationniste soutenue notamment par l’ancien président américain Donald Trump.
Image d’entête : le laboratoire P4 (centre) sur le campus de l’Institut de virologie de Wuhan, à Wuhan, dans la province centrale du Hubei, en Chine. (FB)
Les conclusions de l’enquête ont été faites après que des détectives de l’OMS aient passé deux semaines à enquêter dans la région, notamment à l’Institut de virologie de Wuhan, très bien gardé, après deux semaines de quarantaine dans un hôtel.
L’équipe internationale de scientifiques a commencé son enquête à la mi-janvier 2021, se rendant dans différentes régions de Chine, notamment au marché des fruits de mer de Huanan à Wuhan, où les premiers cas d’une pneumonie alors mystérieuse ont été signalés fin décembre 2019. L’enquête a été menée conjointement avec des scientifiques locaux de Chine, dans le cadre d’un accord conclu avec le gouvernement chinois afin d’entrer dans le pays. Lors d’une conférence de presse tenue mardi à Wuhan (lien plus bas), les scientifiques ont exposé ce qu’ils avaient découvert jusqu’à présent.
Le chef de l’équipe, Ben Embarek, a déclaré qu’après avoir examiné les protocoles de sécurité de l’établissement, il est « très peu probable que quelque chose puisse s’échapper de cet endroit”.
Bien que l’équipe ne puisse pas dire avec certitude comment le virus s’est retrouvé sur le marché local des fruits de mer de Huanan, il semble qu’il n’y ait pas eu de circulation généralisée du virus avant décembre 2019.
Les enquêteurs de l’OMS ont examiné plusieurs hypothèses sur la façon dont le virus a pu émerger, la plus populaire étant la théorie selon laquelle il serait apparu chez les chauves-souris et serait passé aux humains par une possible espèce intermédiaire, comme le pangolin.
Une autre théorie suggère qu’une chauve-souris aurait été amenée dans un laboratoire de Wuhan et se serait échappée accidentellement, certains avançant qu’elle aurait pu provenir de l’Institut de virologie de Wuhan.
Mais un « saut direct de chauves-souris dans la ville de Wuhan n’est pas très probable », a déclaré Embarek lors de la conférence de presse en ajoutant :
Nos premières conclusions suggèrent que l’introduction par une espèce hôte intermédiaire est la voie la plus probable et qu’elle nécessitera davantage d’études et des recherches ciblées plus spécifiques.
Embarek n’a pas non plus exclu « l’hypothèse d’un débordement direct à partir d’une source animale originale », et que le virus ait pu être transmis par des produits congelés vendus sur le marché des fruits de mer.
Nous savons que le virus peut persister et survivre dans les conditions que l’on trouve dans ces environnements froids et gelés. Mais nous ne comprenons pas vraiment si le virus peut ensuite se transmettre à l’homme et dans quelles conditions cela pourrait se produire.
Les conclusions de l’équipe ne sont pas définitives, et il ne fait aucun doute que la gestion de la pandémie par la Chine, surtout au début, continuera à faire l’objet de critiques. Des militants et des journalistes locaux ont accusé le gouvernement chinois de réduire au silence les scientifiques et les membres du public qui ont tenté de mettre en garde contre la menace de la COVID-19 lorsqu’elle a été découverte. Et il a fallu près d’un mois avant que le pays ne reconnaisse que le virus était effectivement capable de se propager d’une personne à l’autre.
Au début, la Chine a essayé de limiter les efforts des scientifiques pour enquêter sur les origines de la pandémie, tandis que certains responsables ont promu des théories infondées sur l’origine du virus dans d’autres parties du monde. Cela dit, les scientifiques de l’OMS ont bénéficié d’un accès aussi complet qu’ils l’avaient demandé au cours de cette enquête.
Entre autres choses, l’équipe a déclaré avoir trouvé de nombreux éléments de preuve suggérant que les cas de Huanan n’étaient pas les premiers cas de COVID-19 chez l’humain. Selon le scientifique principal de la mission, Liang Wannian (Chine), l’une des principales conclusions est qu’il existe des signes de diversité dans les échantillons de coronavirus (officiellement appelé SRAS-CoV-2) prélevés sur ces cas. Cela signifie probablement que le groupe de Huanan n’était pas l’événement de transmission initial.
L’équipe a également examiné les données de surveillance des hôpitaux de Wuhan et de la province voisine de Hubei et elle a déterminé qu’il n’y avait pas de pics inhabituels de maladies de type grippal avant décembre 2019. Cela suggère, selon Wannian, “qu’il n’y a pas eu de circulation importante non reconnue du SRAS-CoV-2 à Wuhan durant la dernière partie de 2019″. Il convient de noter que cette conclusion est en contradiction avec d’autres preuves en Chine et dans d’autres pays suggérant que le virus pourrait avoir rendu des gens malades en novembre 2019 ou avant.
La conférence de presse sur le site de l’Organisation Mondiale de la Santé : WHO media briefing from Wuhan on COVID-19 mission.
Faudrait pas que l’OMS perde son financement. Bien sûr que c’est le labo chinois!