Un grand dinosaure en armure creusait peut-être le sol pour trouver de la nourriture et de l’eau et pour se protéger
Le désert de Gobi est aujourd’hui un endroit désolé, mais il y a des millions d’années, il semble qu’il débordait de vie. C’est ce que révèle la formation de Barun Goyot, dans le sud de la Mongolie. Les scientifiques y ont mis au jour un éventail éblouissant de fossiles : d’anciens mammifères, de lézards et, bien sûr, de dinosaures.
Image d’entête : représentation d’un ankylosaure s’affairant à creuser une cavité protectrice. (Yusik Choi)
C’est là qu’une équipe de chercheurs, principalement basée à l’Université nationale de Séoul (Corée du Sud) et à l’Université de l’Alberta (Canada), a découvert le squelette étonnamment bien conservé d’un ankylosaure, en si bon état que l’équipe a même pu déterminer que l’animal était mort dans une « posture de repos, avec ses membres antérieurs et postérieurs repliés et cachés sous le torse ».
Les ankylosaures étaient de longs dinosaures blindés et près du sol, connus pour leur apparence de tatous et leur queue en forme de massue.
Le fossile, baptisé MPC-D 100/1359, a été découvert au début des années 1970, mais n’a jamais été entièrement exhumé. Depuis, il a apparemment été ignoré par de nombreuses expéditions au cours des quatre dernières décennies.
Cette indifférence a profité aux chercheurs actuels. Après avoir fouillé et analysé le squelette, ils ont découvert que cet ankylosaure semblait étonnamment bien adapté pour creuser. Ils expliquent pourquoi dans une étude publiée cette semaine (lien plus bas).
A partir de l’étude : une photo du fossile et sa disposition approximative sur un modèle du spécimen. (Yuong-Nam Lee et Col./ Scientific Reports)
Ils ont constaté que les vertèbres de l’ankylosaure étaient en grande partie soudées, ce qui aurait rendu son dos très rigide. De plus, l’animal avait un nombre réduit de phalanges plantaire, les os des orteils.
Selon les chercheurs :
La grande rigidité du tronc a pu stabiliser le corps pour creuser avec les membres antérieurs. La réduction de la mobilité des membres postérieurs, causée par le nombre réduit de phalanges pédales, pourrait avoir été appropriée pour ancrer les ankylosaures lorsqu’ils creusaient.
Ils ont ensuite décrit les pieds avants du spécimen, y compris son manus, sa « main ».
Les métacarpiens des pieds avant des ankylosauridés, y compris ceux de MPC-D 100/1359, sont disposés en un arc peu profond qui peut augmenter la rigidité des pieds avant. Cette forme donne au manus une apparence de pelle ou de truelle.
Toutes ces caractéristiques anatomiques auraient probablement fait des ankylosaures de bons creuseurs. Bien que ces animaux ne semblaient pas construire et habiter des terriers, ils pouvaient creuser des fosses peu profondes, comme le décrivent les chercheurs :
Les caractéristiques anatomiques détaillées dans cette étude pourraient être de bonnes preuves de la capacité des ankylosauridés à creuser en surface. En tirant parti du creusement, les ankylosauridés ont pu être capables de déterrer des racines pour se nourrir, de creuser des puits pour atteindre de l’eau souterraine, ou de creuser dans les sédiments afin de trouver des minéraux supplémentaires à consommer comme le font aujourd’hui les éléphants africains modernes (Loxodonta).
On a longtemps supposé que les ankylosauridés pouvaient s’être accroupis pour défendre leurs parties inférieures relativement molles contre les prédateurs. Le fait de s’accroupir dans les fosses peu profondes qu’ils creusaient pouvait les aider à protéger leurs membres et les parties vulnérables de leur ventre, et à ancrer leur corps pour ne pas être renversés par les grands prédateurs.
L’étude publiée dans Scientific Reports : A new ankylosaurid skeleton from the Upper Cretaceous Baruungoyot Formation of Mongolia: its implications for ankylosaurid postcranial evolution.