La facture Maya était salée : une ancienne peinture murale vieille de 2 500 ans décrit le troc du sel en tant que monnaie d’échange
Sur l’ancien site maya de Calakmul, dans la péninsule du Yucatan, au Mexique, des archéologues ont découvert une étonnante peinture murale vieille de 2 500 ans représentant un échange de sel entre un vendeur et un acheteur. Il s’agit de la plus ancienne trace du sel en tant que marchandise.
Le sel a toujours été une ressource importante dans le monde antique. Dès 6050 avant J.-C., il occupait une place centrale dans d’innombrables civilisations, de la Chine à l’Égypte. Il a servi de monnaie à diverses époques et en divers lieux, et il a été à l’origine de guerres acharnées.
En plus de son rôle très pratique, le sel a également joué un rôle essentiel dans les rituels religieux de nombreuses cultures, symbolisant la pureté. C’est l’un des conservateurs alimentaires les plus efficaces et les plus utilisés. C’est pourquoi le sel, également appelé « or blanc », a toujours eu une importance cruciale sur le plan économique.
Bien que nous considérions aujourd’hui le sel comme un ingrédient alimentaire bon marché, sa riche histoire touche encore notre vie quotidienne de bien plus de façons que nous ne le pensons. Le mot « salaire », par exemple, est dérivé du mot « sal« , le mot latin pour le sel. En effet, dans l’Antiquité, le sel était si précieux que les soldats de l’armée romaine étaient parfois payés avec du sel au lieu d’une monnaie bien établie. Cette allocation mensuelle était appelée « salarium« .
Il n’est pas étonnant d’apprendre que le sel occupait également un rôle économique central chez les anciens Mayas. Les archéologues dirigés par Heather McKillop de l’université d’État de Louisiane (Etats-Unis) ont récemment documenté une ancienne peinture murale de Calakmul (image d’entête) dans laquelle on voit un vendeur de sel distribuer un gâteau de sel enveloppé dans des feuilles à une autre personne. Ce dernier tient une grande cuillère au-dessus d’un panier.
Depuis 2004, Mckillop a mis au jour une multitude de preuves archéologiques liées aux anciens réseaux de commerce du sel des Mayas. Il s’agit notamment des vestiges de « cuisines du sel », des bâtiments faits de poteaux et de chaume qui ont été immergés et préservés dans les lagunes d’eau salée des forêts de mangroves du Belize.
Les Mayas utilisaient ces endroits pour extraire le sel en faisant bouillir de la saumure dans des pots sur des feux. Jusqu’à présent, les chercheurs ont cartographié 70 sites qui constituent un vaste réseau de pièces et de bâtiments connu sous le nom de salines de Paynes Creek (Paynes Creek Salt Works).
Il devait s’agir d’une opération à l’échelle industrielle, car les archéologues ont identifié 4 042 poteaux architecturaux en bois submergés, un canoë, une rame, un outil en jadéite de haute qualité, des outils en pierre utilisés pour saler le poisson et la viande, et des centaines de morceaux de poterie.
Parallèlement à la peinture murale récemment décrite, selon les chercheurs dans leur étude, ces preuves suggèrent que les galettes de sel étaient transportées dans des canoës le long de la côte et en remontant les rivières du sud du Belize.
Selon McKillop :
Je pense que les anciens Mayas qui travaillaient ici étaient des producteurs-vendeurs et qu’ils remontaient le sel en canoë sur la rivière. Ils fabriquaient de grandes quantités de sel, bien plus que ce dont ils avaient besoin pour leur famille proche. C’était leur gagne-pain.
Deux des étudiants de McKillop ont même reproduit certaines des anciennes poteries mayas à l’aide d’une imprimante 3D, en se basant sur les scans effectués au Belize de quelques-unes des centaines de pièces de poterie étudiées sur le site.
Un pot imprimé en 3D par des étudiants en archéologie dans le laboratoire d’imagerie numérique et de visualisation en archéologie de l’Université d’État de Louisiane, à partir de scans recueillis sur le site des anciennes salines mayas. (Université d’État de Louisiane)
Cela a permis de confirmer que les jarres en céramique dans lesquelles les Mayas faisaient bouillir la saumure avaient un volume standardisé.
Toujours selon McKillop :
Produit sous forme d’unités homogènes, le sel a pu être utilisé comme monnaie d’échange.
L’étude publiée dans Journal of Anthropological Archaeology : Salt as a commodity or money in the Classic Maya economy et présentée sur le site de l’Université d’État de Louisiane : Worth One’s Salt.